Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💜💜💜💜💜 LE BAISER DE PANDORE de Patrick Ferrer

RESUME

NOTE DE L’éditeur

Je m’appelle Paul Heyland. Je suis flic, commissaire à la Crim’. Lorsque j’ai été affecté au meurtre de Julien Delatour, assassiné un froid matin d’hiver dans une chambre d’hôtel de luxe, je n’ ai vu qu’une sale enquête de plus. J’avais tort.
Je me souviens encore des lumières blafardes de cette salle d’interrogatoire où je l’ai rencontrée, la suspecte que tout accusait. Une Ukrainienne aux yeux gris. Belle, triste, mystérieuse. J’aurais dû me douter que tout cela allait mal se terminer… Pourquoi suis-je resté sourd aux voix qui me chuchotaient à l’oreille de tourner le dos et m’enfuir ?
C’était le début de la fin. Une longue course semée de cadavres, comme autant de cailloux blancs laissés à mon attention, qui allait m’entraîner dans une poursuite effrénée jusqu’aux confins d’une Russie encore hantée par les fantômes du passé. Au bout de la route, je savais que je n’en sortirais pas indemne. Tous ces macchabées croisés durant ma carrière de flic me l?avaient déjà annoncé.
Mais depuis l’instant où j’avais croisé son maudit regard gris, je n’avais plus le choix…

Mon bref résumé

Contraint de démissionner de la crim’ après son échec de l’enquête de J. Delatour,  P. Heyland monte sa propre agence de détective privé Hawk Eye avec son ancien fidèle acolyte et une secrétaire dévouée.
Il va accepter l’enquête d’une cliente persuasive surtout pour la santé financière de sa société. Alors, il se retrouve encore mêlé à nouveau dans une affaire que les intérêts de l’Etat avaient tenté d’étouffer.

MON AVIS

Malgré mon goût modéré des James Bond, j’ai beaucoup apprécié ce bon polar pour la richesse géopolitique en trame de fond, et les stratégies d’espionnage. L’intrigue policière m’a conquise : elle débute avec un crime de droit commun et se déploie sur une toute autre dimension. Pourvue d’intéressants thèmes abordés, la lecture est agréable.

Un rythme cadencé

L’ambiance polar m’a vite captivée. Suivre Paul Heyland dans ses déboires de commissaire de police, reconverti en détective privé ne laisse pas de répit. Les coups, les bagarres, les blessures et autres ne seront pas épargnées à notre héros ce qui lui confère une certaine humanité. L’ambiance de son agence Hawk Eye, nous bascule dans une atmosphère à la Nestor Burna ou de Mike Hammer, où la secrétaire, icône de la féminité extrême colore un tableau terne.

Les chapitres sont longs mais leur découpage empêche de noyer le lecteur dans la densité de ces 560 pages. Le rythme dynamique alterne une narration de P. Heyland à la première personne avec le point de vue narratif omniscient (à la troisième personne). L’adoption de ce style narratif accouplé à des actions brutales et vives cadencent bien cette longue enquête. De plus, cette narration facilite la compréhension de ce qui se trame à l’insu de notre héros. Ses rêves plus ou moins prémonitoires ponctuent aussi le tout.

Et au milieu de cette férocité perceptible se glisse parfois une certaine poésie. Excellente écriture  donc, et j’ai remarqué la finesse des dialogues car l’auteur les dose avec perspicacité. En effet, les réponses du narrateur sont résumées et condensées à bon escient. N’oublions pas l’humour, bien présent aussi.

Belle galerie de personnages

L’auteur a judicieusement répertoriée une liste des nombreux personnages à la fin de l’ouvrage. Il nous régale de toutes sortes de caractères.

J’ai particulièrement apprécié : Heyland, divorcé et qui se contente de bagatelles ponctuelles. Son côté franc, sincère et courageux lui procure l’étoffe d’un héros.

La jeune Marya m’a touchée de sa fraicheur. Quant à Délia, elle nous trouble de sa mystérieuse et inquiétante gémellité, et nous rappelle donc le mythe de Pandore (cf. Wikipédia)…

Boris, personnage mineur, dépoussière les légendes ou anecdotes des êtres enfouis sous leur pierre  tombale  dans le dédale des cimetières de France et Russie. Il transforme les concessions funéraires en berceau d’enseignement culturel.

Un voyage spatio-temporel

Les nombreux rebondissements et péripéties de notre enquêteur tempèrent le frimas des paysages neigeux de Moscou. Aucun risque pour le lecteur de s’appesantir ou s’enliser dans le récit avec ce voyage dans l’Histoire et l’espace.

On se promene de Paris à Moscou, et de l’URSS des années 50 de la Guerre Froide à la Russie de 1995. Je me suis bien retrouvée dans la mouvance post-pérestroïka, ayant personnellement visité la Hongrie en 1989 : elle ressemble bien à l’Occident des années antérieures.

Le livre est une mine de renseignements pour nous transporter dans la culture russe. Les descriptions de Moscou en hiver, des camps d’internement, des datchas, des isbas, les coutumes moscovites arrosées de Vodka pour tromper la grande frugalité persistante, les moscovites, les routes parsemées de nids poules, Maslenitsa (la fête du pardon)…

Un grand merci à l’auteur pour ce service de presse
Vous pouvez vous le procurer chez votre libraire ou chez DECITRE ou à la FNAC

Quelques phrases intéressantes :

 La peur est un animal furtif qu’il faut apprivoiser avant qu’il ne vous dévore de l’intérieur.
 Cinq heure du mat’…[…] Pour les uns, la fausse gaité d’une nuit d’ivresse s’évaporait comme l’alcool pou ne laisser que le malaise, la solitude et l’ennui Pour les autres, la pesante résignation des rêves d’une vie différente qui meurent inexorablement avec chaque tirage du Loto. Bref, l’heure à laquelle personne ne sourit.
Les deux hommes, issus de milieux aussi diamétralement opposés, n’auraient jamais dû se rencontrer, mais la guerre a la sale manie de faire fi des barrières sociales. 
les journalistes […]. ils ne s’intéressent qu’aux enquêtes qui traînent, aux crimes jamais résolus, au danger qui rôde sur le pas de votre porte. A croire qu’on les paie à maintenir le public dans un état de peur.
 Fallait que  songe à noter ça dans mon manuel de survie : ne jamais ramasser d’arme abandonnée, on ne sait jamais à quoi elle a servi ; juste en dessous de : ne jamais tourner le dos à urne femme  qui vous dit qu’elle va prendre une douche.

Et vous, que pensez- vous de la chronique ? Avez-vous lu le livre, d’accord ou pas d’accord avec moi ? N’hésitez pas à laisser un commentaire…

AnneC

Passionnée de lecture, je partage mon avis avec mes visiteurs.