RESUME
Notre narrateur Simon Renaud atteint du syndrome de Williams-Beureun (une défaillance génétique rare qui fragilise son systÚme cardiaque et lui a imposé une alimentation par sonde depuis ses premiÚres semaines, et un handicap mental).
IntĂ©grĂ© en classe dâULIS au collĂšge, Simon cĂŽtoie Juliette, sa nouvelle amie Ă qui il lira ses cahiers, dans lesquels il confie son histoire familiale, directement liĂ©e Ă ses soucis mĂ©dicaux.
Il expose Ă Juliette son parcours jusquâĂ ses dix-huit ans, en partant de la dĂ©couverte de son mal Ă cette gestion par sa famille (sa mĂšre, son pĂšre et son grand-frĂšre Paul).
En se livrant Ă Juliette, il se rend compte que sa sonde gastrique qui le dispensait de sâalimenter de maniĂšre normale, est une barriĂšre sociale. Son frĂšre, lui, vit cet Ă©quipement mĂ©dical comme un fardeau qui freine les dĂ©placements ou escapades de la famille. Et ce geek forcenĂ©, va trouver sur FaceBook une groupe « Notube » une Ă©quipe autrichienne experte dans le sevrage, prĂȘte Ă prendre en charge Simon pour lui apprendre Ă se nourrir normalement.
Ce sera le dĂ©but dâune nouvelle bataille pour la famille, mais comment Simon, au cĆur du combat, va-t-il rĂ©agir face Ă sa peur ?
MON AVIS
Jâai apprĂ©ciĂ© lâoriginalitĂ© de cette approche du handicap qui dĂ©coule de ce syndrome rare.
Un famille face au handicap
Lâangoisse naturelle des parents devant lâinconnu tranche avec la lĂ©gĂšretĂ© et le vocabulaire imagĂ© (la comparaison du puzzle). La narration de sa perception intra-utĂ©rine du bĂ©bĂ© reste aussi assez amusante malgrĂ© l’enjeu dramatique.
MĂȘme la noirceur, la froideur et lâhorreur de lâannonce du handicap ou pire, affligĂ©e aux parents est diluĂ©e avec un soupçon dâhumour apportĂ©e par notre hĂ©ros Simon lui-mĂȘme. La description de la consultation chez le cardio-pĂ©diatre est un ravissement par son rĂ©alisme, mais les mots si parfaitement choisis mĂ©nagent le lecteur des souffrances du bĂ©bĂ©, et pourtant, bien sont rĂ©elles.
Au-delĂ de la maladie elle-mĂȘme, le livre analyse avec finesse le bouleversement qui touche lâensemble d’une famille, jamais prĂ©parĂ©e Ă cette situation ; je vous recommande lâhumour acerbe mais excellent Ă la page 48-49 du chapitre 4. Tous ont dĂ» encaisser diffĂ©rentes Ă©tapes dâun cheminement douloureux, voire humiliant et chacun lâa pansĂ© Ă sa maniĂšreâŠ
La philosophie bouddhiste pour Charles le papa, pour Paul a trouvĂ© son refuge dans lâinformatique.
La force du portrait
On se rĂ©gale du portait de Simon par lui-mĂȘme, doux portait tout aussi imagĂ©. Le ton badin et naĂŻf de ce narrateur mais ĂŽ combien rĂ©aliste, nous dĂ©peint un petit ĂȘtre fort attachant quâon a envie de rencontrer.
Ses petits yeux étoilés, (cf. CITATION)
« qui sont la porte dâentrĂ©e principale par laquelle jâentre en contact avec votre vrai vous et avec votre cĆur »
traduisent une sensibilitĂ© exacerbĂ©e et gagne notre Ă©motion. Son sourire, fruit dâune subtile mĂ©canique est un autre « atout ».
La force de ce garçon ? chaque point est positivĂ©, dâailleurs comme il le dit si bien :
 « jâai suffisamment de problĂšmes dans ma vie pour ĂȘtre lĂ©gitimement fondĂ© Ă y trouver quelques points positifs ».
Et cette force est communicative, le lecteur, malgrĂ© le sĂ©rieux du thĂšme ne peut se dĂ©partir de son sourire pendant ces 200 pages. Sans oublier la principale qualitĂ© : lâoreille musicale.
Des explications médicales
- Les prĂ©cisions sur les « sondes », la nutrition entĂ©rale avec le vocabulaire, et les techniques de soins affĂ©rents restent trĂšs supportables pour un public Ă©tranger Ă ce domaine. Et pourtant ce public pourrait ĂȘtre rebutĂ© au premier abord, mais la curiositĂ© de ces techniques mĂ©dicales peu rĂ©pandues nous gagne. Dans notre quotidien, lâoccasion est rare dâaborder de tels sujets. Et pour les personnes qui connaissent le problĂšme de loin, elles resteront avec leurs questionnements ; or, « Les petits yeux Ă©toilĂ©s » rĂ©pondra Ă beaucoup de ces questions.
- Lâenseignement de la technique autrichienne sur le sevrage -se nourrir avec des aliments dits, normaux- est instructif. La rĂ©ticence du corps mĂ©dical français pour une mĂ©thode hors norme et « sans agrĂ©ment » nâa rien dâĂ©tonnant. Voici lâexemple, oĂč comme dans beaucoup de cas, les maladies rares ou les situations dites dĂ©sespĂ©rĂ©es favorisent lâinitiatives de vastes projets solidaires. Quelle Ă©motion quand Simon goĂ»te son premier dĂ© d’avocat ! Et quand il s’initie aux aliments !
L’Ă©cole source de sociabilitĂ©Â
LâamitiĂ© entre Juliette et Simon donne du relief Ă lâhistoire en soi intĂ©ressante que je souhaite Ă tous les Ă©lĂšves en ULIS. Dâailleurs lâauteur nâoublie pas dĂ©crire une autre rĂ©alitĂ©, toujours avec talent : le calvaire de nombre de parents en France en attente de place dans les structures prĂ©conisĂ©es par les orientations MDPH, faute de place.
En tout cas, le style dâĂ©criture gratifie un sujet intĂ©ressant, dâune qualitĂ© grandiose.
Je remercie vivement lâauteur de ce SP, et je projette de dĂ©couvrir dâautres ouvrages.
Quelques citations mais il y a tant de jolies phrases
 Bien plus que la plupart des enfants de ce monde, je suis une Ă©ponge Ă Ă©motions, un vĂ©ritable scanner des Ă©tats dâesprits.
 Description du scanner : reprĂ©sentation monochrome trĂšs abstraite de ce petit cĆur.
Il a l'air sympa ce roman. En tout cas, ta chronique donne envie de le lire đ Bravo Annec
merci de ta visite Aydan, tu verras, on s'attache vraiment Ă Simon