Résumé : héros du quotidien
Le quotidien banal de Iochka, narré telle une leçon de vie, l’érige en héros grâce à sa constance face à la chance et aux aléas du destin.
2022
568 p.
Au cœur d’une vallée sauvage des Carpates, Iochka fabrique du charbon de bois. Quasi centenaire, il aime se taire, boire sec et dévaler ivre les routes sinueuses des montagnes au volant de sa vieille Trabant bleue. Mais le plus souvent, il demeure assis sur le banc cloué à l’extérieur de sa petite maison, se remémorant son existence hors norme. La guerre, les camps soviétiques, Ceaușescu, puis la camaraderie du chantier quand il est affecté à la construction d’une voie ferrée qui ne mène nulle part. Là, loin du tumulte de l’Histoire, il expérimente l’harmonie sexuelle auprès d’Ilona, l’amour lumineux de sa vie, et partage l’amitié indéfectible du contremaître, du docteur et du pope, tous trois aussi alcooliques et excentriques que lui. Avec eux, il approche le secret du temps et du bonheur.
Mon avis
Plutôt adepte des polars ou thrillers, j’ai lu ce roman sur les conseils de Simona Ferrante, une autrice roumaine. Et je la remercie pour cette découverte. L’auteur, l’un de ses compatriotes, décline ici, la biographie intégrale d’un personnage, Iochka. L’ouvrage ne laisse pas indifférent pour de multiples raisons, tant à cause de sa diversité des thèmes abordés, que du style narratif bien particulier. Sans oublier une poésie touchante qui atténue les aspérités du chemin de Iochka.
La richesse d’une vie humble
Le récit se déroule normalement dans les Carpates, en Roumanie qui évolue sous un régime dictatorial, autoritaire et très administré. Mais la leçon de vie suggérée à travers le personnage de Ioshka peut être transposée dans n’importe quelle société et à n’importe quelle époque. Au premier abord, ce dernier n’a rien d’un héros, et pourtant… ! En effet, son quotidien banal s’apparente à celui de beaucoup, où chacun peut se reconnaître notamment en s’efforçant de suivre sa voie, quels que soient la chance et les aléas du destin. Or la force morale, comme l’humilité et la loyauté d’Iochka, le façonnent en un véritable héros du quotidien.
On le suit depuis sa jeunesse et prendre de la maturité pour une vie d’adulte sous tous les prismes d’un homme accompli : le patriote, le travailleur, l’amant, le mari, le père, l’ami, le voisin, le villageois.
La poésie dans la monotonie
Cette vie pourrait apparaître monotone, monochrome et pourtant la plume et la technique d’écriture lui procurent une dimension )poétique à ce portrait. En effet, les figures de style apportent de la fantaisie et cassent la sobriété grisonnante de l’environnement de Iochka.
Ainsi beaucoup d’humour ponctue le fond sérieux du récit et les sujets graves de la société et de la vie en général. En effet, les grands thèmes traités avec des exemples factuels sont ainsi décortiqués, mais avec une certaine légèreté, un usage de métaphores et d’images. Ainsi les événements semblent glisser sur Iochka qui encaisse l’adversité sans se plaindre. Une leçon de vie… où chacun trouvera la leçon qu’il veut.
Par exemple, on retrouve le grand thème de la religion. J’ai adoré l’épopée du baptême
Même si je lis assez vite, j’ai mis beaucoup de temps pour finir l’ouvrage de plus de 500 pages. En effet il est très dense et j’avoue qu’il n’a pas un abord facile à cause de sa structure particulière. Ses paragraphes assez longs, voire interminables sur plusieurs pages, peuvent dérouter car une seule phrase peut écrire décrire une scène entière. Les longs chapitres et de blocs de grands paragraphes compliquent la reprise de la lecture après une pause. C’est pourquoi je le recommande surtout à de grands lecteurs sinon il y a un grand risque de se décourager.
J’espère qu’en suivant mon conseil, vous le garderez en mémoire comme il a marqué mon esprit autant que le mien. Aussi, la sensation d’être passée encore à côté de quelque chose persiste tellement d’idées se succèdent au fil des pages. Car il recèle une leçon de vie très agréable à découvrir une fois qu’on a adhéré au processus d’écriture de l’auteur.
Coucou AnneC,
Très tentant 😉