Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💙 La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la Tour Eiffel

de Romain PUERTOLAS

RESUME

Le Livre de Poche
3 février 2016
288 pages
Le narrateur Léo, un aiguilleur du ciel à Orly, arrive chez son coiffeur et lui narre l’histoire incroyable de Providence, sa facteur.
En se faisant opérer de l’appendicite au cours de ses vacances au Maroc , elle se prend d’affection pour Zahora sa compagne de chambre. La petite fille, orpheline à la naissance, y hospitalisée au long cours à cause d’une mucoviscidose qui encombre ses poumons. L’attachement entre elle, métamorphosé en amour aura raison des frontières car Providence a reçu l’accord d’adopter Zahora et la ramener en France pour lui procurer des traitements dans l’espoir d’augmenter son espérance de vie et de devenir sa maman. En attendant l’enfant patiente, découvre la vie et se cultive à travers Internet, source prodigieuse de ce qui se passe à l’extérieur son monde inconnu.
Mais un volcan islandais se réveille et propulse de la poussière sur une partie de la planète, clouant les avions au sol par raison de sécurité. Ce jour-là, Providence empêchée partir chercher sa future fille Zahora, trouvera un autre moyen pour parcourir la distance qui les sépare : voler de ses propres bras.
A partir de là, on la suit à Barbès où elle commence son apprentissage avec Maitre Hué, des leçons de moine tibétains et se retourne à Orly où Léo l’aide à lui faire place pour qu’elle puisse s’envoler par le seul battement de ses bras, et de la puissance des réacteurs à ses côtés. Providence s’envole vers l’Afrique et croise en cours de route de manière surprenante, les avions présidentiels d’Obama et Hollande. Parvenu jusqu’au désert, elle finira sa route à dos de chameau jusqu’à l’hôpital  ; mais là Zahéra est plongée dans un coma dans l’attente d’un greffon de poumons qui pourrait la sauver.
Sauf, que Léo avoue avoir saupoudré de rêves son récit dont la réalité est tout autre et beaucoup plus tragique pour Providence.

MON AVIS   

Le début  du roman déstabilise le lecteur car difficile de suivre l’inventivité loufoque de l’auteur. En s’accrochant, on parvient à adhérer à l’histoire et à décoller dans le délire, mais la chute est rude sur les trente dernières pages.

Le caractère enthousiaste et les pérégrinations de Providence dans Barbès nous entraine malgré nous dans un délire peu commun. On intègre peu à peu le loufoque mais malgré nous car on a de la difficulté à intégrer le réalisme du romancier. J’avoue avoir hésité délaisser le livre mais encouragée par la légèreté du ton et des allusions et références à la culture télévisuelle ou cinématographique qui font sourire je me suis un peu accrochée pour poursuivre la lecture.

On finit par se laisser porter dans les airs comme Providence, en lui souhaitant un vif succès à son entreprise pour le peu originale.

Et là, c’est la chute du lecteur : Léo avoue avoir inventer l’histoire de toute pièce au  coiffeur pour libérer sa conscience car au lieu de voler, le destin de Providence, le jour du volcan a connu un tragique destin. Oui, grâce à son aide, elle avait pu s’envoler pour chercher sa fille au Maroc mais l’avion qu’elle a emprunté s’est écrasé à cause de réacteurs endommagés par la poussière du volcan. Zahéra alors dans le coma, sera néanmoins sauvée de la mucoviscidose grâce aux poumons de Providence qui lui seront greffés.

Le lecteur qui recueille le récit de Léo, est aussi déstabilisé que le coiffeur devant la brutalité de la vérité.
L’impossible récit trouve son sens à la fin où l’on est ENFIN parvenu à s’attacher à l’héroïne et l’enfant. Mais tout ça pour ça… quelle déception !
Le côté positif de la lecture de ce livre est l’abondance de culture transmise par le biais de Zahéra et les clins d’œil à l’actualité en décalage.
POUR CEUX QUI NE PERDRONT PAS DE TEMPS A LE LIRE, VOICI QUELQUES CITATIONS qui m’ont plu :

📎   Mille millions de mille quatre cent quatre-vint-quinze sabords ! Non d’un borgne aveugle !   /L’asiatique s’était transformé en un Alger auront. Il lança de furtif regard autour de lui comme un dealer en pleine transaction.

📎 Un Mars et ça repart, pensa-t-elle, comme dans cette publicité un jeune playboy frappait à la porte d’un monastère pour devenir moine puis changeait d’avis après avoir dégusté une barre chocolatée. Mais elle avait envie d’aller jusqu’au bout de cette étrange aventure.

📎Il ressemblait en rien à ceux qu’elle avait vus jusqu’à présent. Il portait un kimono noir, avec des cheveux courts et roux, et une barbe de la même couleur. Le moine instructeur ressemblait à Chuck Norris version asiatique.

📎 Ils se proclamaient garants des valeurs traditionnelles, bouddhistes, monacales, et la seconde d’après, ils vous sortaient du Wii  de derrière les fagots.

📎Je pense que pour chaque moment difficile de la vie d’un homme ou d’une femme, il existe un chanson de Julio Iglesia. Cet hidalgo, en plus d’être bronzé en toute saison, continue d’avoir réponse à toutes les questions de la vie et ses paroles sont d’une clairvoyance stupéfiante. Rien que ses titres… Le monde est fou, le monde est beau, Il faut toujours un perdant, J’ai oublié de vivre… Confucius lui même ne l’avait pas mieux exprimé que Julio.

📎Nous vivons dans un monde mobile , dans lequel rien n’est permanent rien n’est éternel. Tout change autour de nous, tout change à l’intérieur de nous, tout va si vite. Si tu peux trouver, au milieu de ce chaos, ton point fixe, le point fixe de ton univers, ne le lâche jamais.

📎Dans un instant, le contrat de vie à durée déterminée de Zahéra prendra fin et elle devra laisser sa place dans ce monde.

📎 Au Maroc, c’étaient les montagnes qu’il ne fallait jamais arpenter seule, à cause de ces pillards du désert qui vous attrapaient, vous violaient et vous vendaient au premier venu en échange d’un nombre de chameaux proportionnel à votre beauté, ou inversement proportionnel à votre caractère (plus on en a moins c’est cher).

Merci de m’avoir lue ! Et vous, qu’en pensez-vous ? Laissez un commentaire ou une question si le cœur vous en dit…

AnneC

Passionnée de lecture, je partage mon avis avec mes visiteurs.