Une légende vengeresse s’acharne sur des criminels restés impunis, mais des « âmes privilégiées » sont averties et donc menacées.
RESUME

15/05/2011
Normandie
Le commissaire Adamsberg enquête sur une affaire mystérieuse. La légende ancestrale « l’Armée furieuse sévit dans la région d’Ordebec ». La voici : Le seigneur Hellequin justicier séculaire tue à l’aide d’armes ancestrales les « saisis », des hommes indignes de vivre à cause de leurs actes répréhensibles et restés impunis. Alors des âmes « privilégiées » sont averties par des visions, de l’identité des futures victimes d’Hellequin. Le problème : en révélant publiquement ce qu’elles savent, ces personnes deviennent alors des cibles visées par leurs congénères. Cela s’est produit en 1777.
Sous l’influence de la légende, la mère de Lina Verdemont, vient avertir le commissaire Adamsberg d’une promesse de quatre futurs meurtres de l’armée furieuse. Hors de sa zone de circonscription d’Ordenal, le commissaire ne mesure pas la portée cette histoire farfelue. Mais son commandant Danglard, féru d’histoire confirme la véracité de cette légende qui pique sa curiosité au point visiter les lieux.
Là, il sympathise avec Léo. Cette vieille femme respectée du village partage sa mémoire et son savoir sur les habitants avec Adamsberg. Ensemble, ils découvrent Herbier sur le chemin d’Ordevalle, la première victime de Hellequin. L’enquête sera alors confiée à Emeri compétent sur la circonscription. Tout s’accélère alors. Une agression de Léo chez elle la laisse entre la vie et la mort. Emeri va renoncer à ce dossier pour Adamsberg.
En parallèle, un industriel fortuné meurt dans l’incendie de sa voiture. Le commissaire doute de la culpabilité trop facile à établir, attribuée à un petit malfrat. Alors il faciliter l’évasion de sa garde à vue afin de découvrir le véritable coupable.
S’ajoutent à ces affaires des tentatives de meurtres et un suicide.
Toutes ces enquêtes seront résolues avec les méthodes peu orthodoxes du commissaire. Il sait utiliser les défauts et qualités de ses collaborateurs. Ses techniques, son expérience et son raisonnement nous tiennent en alerte jusqu’au dénouement final.
MON AVIS
J’ai découvert Fred Vargas lors d’une émission de la « grande Librairie ». Curieuse de la lire, j’ai voulu mieux connaître cette auteure que je trouve originale. Pour un premier contact, le hasard des disponibilités de la médiathèque a orienté mon choix sur ce livre (de 2011). Bien que faisant partie d’une série, il peut se lire seul. Les références aux enquêtes antérieures sont notifiées en bas de pages pour le guider, ou rappelées au public déjà acquis. Dommage, ces références pourraient être tronquées, car un peu répétitives.
Je comprends le succès mérité et durable des livres de F. Vargas. Le ton léger et les dialogues s’associent parfaitement à la structure de l’histoire.
Une légende inventée ?
On sent une recherche approfondie de l’auteur qui nous livre une légende cohérente tout au long du roman. Je ne suis pas « fan » des légendes et autres mystères fantastiques, transmis au fil des générations mais celle-ci nous emporte sans trop nous embrouiller.
J’ai suivi la suggestion de l’auteure à la fin du livre de trouver des détails sur internet. Ma quête fut vaine, preuve d’une légende inventée mais crédible et qu’on aimerait étayer. Peut-être ai-je mal cherché aussi !
Des personnages choisis
Une floppée de personnages de l’histoire est concernée de loin ou de près par les enquêtes où chacun tient un rôle déterminé.
L’ensemble fleurit le récit de caractères complémentaires, ou opposés : un beau tableau de la société humaine, avec défauts, qualités et originalités. La famille Vendermot, une famille de dégénérés comme on pourrait en rencontrer dans des lieux retirés en France (ou ailleurs) est dépeinte avec réalisme, et surprendra le lecteur par son histoire.
Notre héro, le commissaire Adamsberg, homme d’expérience et réservé parvient à ses fins en utilisant en finesse ses subalternes. Là, comme un anti-héros, il trompe sans véhémence sa réputation d’incapable. L’air de rien, il déjoue ses ennemis. Mon interrogation : est-ce que les enquêtes menées par Adamsberg ont intéressé des scénaristes de télévision ? Je m’étonne du contraire : Fred Vargas a façonné une panoplie d’intrigues et personnages dignes d’être portés à l’image.
Mais le lecteur s’approprie tous ces noms qui surgissent au cours du récit. La bonne idée de mettre des consonnances sonores et verbales bien différentes aide à mieux les distinguer. Impossible de confondre Lina, Villarey, Emeri, Veyrenc, Danglard, Retancourt, Mercadet, Estallère, Zerk,… Ils s’identifient parfaitement.
Crimes féroces
Les crimes sanguinolents jouxtent des scènes plus loufoques. L’assassinat d’une vieille femme à coup de mie de pain, la récupération d’un pigeon maltraité, le jargon abscons de la famille Vendremot étonnent.