Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

đź’śđź’”LES REFUGES de JĂ©rĂ´me Loubry

Quatrième de couverture 

calmann lévy / Poche
09/2020
400 p.
Installée en Normandie depuis peu, Sandrine est priée d’aller vider la maison de sa grand-mère, une originale qui vivait seule sur une île minuscule, pas très loin de la côte.
Lorsqu’elle débarque sur cette île grise et froide, Sandrine découvre une poignée d’habitants âgés organisés en quasi autarcie. Tous décrivent sa grand-mère comme une personne charmante, loin de l’image que Sandrine en a.
Pourtant, l’atmosphère est étrange ici. En quelques heures, Sandrine se rend compte que les habitants cachent un secret. Quelque chose ou quelqu’un les terrifie. Mais alors pourquoi aucun d’entre eux ne quitte-t-il jamais l’île ?
Qu’est-il arrivé aux enfants du camp de vacances précipitamment fermé en 1949 ?
Qui était vraiment sa grand-mère ?
Sandrine sera retrouvée quelques jours plus tard, errant sur une plage du continent, ses vêtements couverts d’un sang qui n’est pas le sien…

MON AVIS

Voici le 3e roman que je lis de l’auteur et celui-ci n’a rien Ă  voir avec les prĂ©cĂ©dents, car particulièrement dĂ©cevant. D’oĂą cette dĂ©licate chronique pour ĂŞtre au plus juste sans trop fustiger l’ouvrage. Je suis consciente d’aller Ă  l’encontre de l’ensemble des jugements dithyrambiques du livre que j’attribue Ă  l’illustration des nombreux nĹ“uds psychologiques dont est en proie l’hĂ©roĂŻne.

J’ai totalement adhĂ©rĂ© Ă  la première partie du roman qui m’a immĂ©diatement embarquĂ©e dans son histoire. J’étais emballĂ©e par cette idĂ©e originale et prometteuse de cette Ă®le. Y se sont dĂ©roulĂ©es des expĂ©riences humaines avec des enfants, sous couvert de progrès sociaux dans un contexte historique. Le dĂ©cor surnaturel est plantĂ© avec des Ă©vocations mystĂ©rieuses sur la lĂ©gende du Roi des Aulnes de Goethe (Erlkönig). Ensuite, je me suis Ă©garĂ©e car la rĂ©alitĂ© est impalpable. On retrouve un thème fĂ©tiche de l’auteur : des enfants disparaissent dans des circonstances compliquĂ©es sans ĂŞtre Ă©pargnĂ©s de souffrances malgrĂ© leur innocence juvĂ©nile.

Mais, Ă  partir de la deuxième partie, j’ai Ă©tĂ© complètement dĂ©routĂ©e par dĂ©nouement et le comportement de l’hĂ©roĂŻne Sandrine. Ses rĂ©cits successifs Ă  forme kalĂ©idoscopique laissent entrevoir des Ă©tincelles d’Ă©claircissement aussitĂ´t dĂ©sintĂ©grĂ©es par une autre explication oĂą surgit des personnages ou d’autres phĂ©nomènes. L’impression d’ĂŞtre menĂ©e en bateau en bataillant ferme pour reconstituer une certaine vĂ©ritĂ© m’a lassĂ©e. Finalement, le lecteur devient le naufragĂ© de l’enquĂŞte.

UNE ERRANCE

Pour tenter de rĂ©sumer la mienne au fil des page. On erre avec des confinĂ©s sur une Ă®le dĂ©serte pour assurer une mission vieille de trente ans quand des enfants  ne pĂ©rissent en mer, la sĂ©rĂ©nitĂ© s’Ă©choue. Mais ensuite, des personnages de lĂ©gendes torturent ces enfants, et le tout se justifie sous le prĂ©texte de recherche expĂ©rimentale. Arrive alors un syndrome de Munchausen plus ou moins net de l’hĂ©roĂŻne. Sa confusion est Ă©norme, ses contradictions se multiplient. J’ai regrettĂ© le dĂ©veloppement pour les rendre crĂ©dibles. J’ai Ă©tĂ© perdue dans ses refuges.

De plus la relation naissante entre la psychiatre le policier ne convainc pas, elle sonne faux et sans vouloir spolier pour n’aboutir Ă  rien.

Ma grande dĂ©ception s’achèvera avec la fermeture du livre oĂą je n’ai qu’un semblant de rĂ©ponse et une sensation d’être passĂ©e Ă  cĂ´tĂ© d’un « truc ». Si j’ai bien compris,  l’aspect  central de la psychologie met en valeur les refuges  inconscients  oĂą se placent  les personnes  oppressĂ©es pour surmonter des traumatismes psychologiques. Malheureusement je n’ai pas adhĂ©rĂ© Ă  la construction de l’enquĂŞte.

Le roi des Aulnes (source Wikipedia)

Poème de Goethe.

Résumé

Par une nuit d’orage, un père chevauche, Ă  travers une forĂŞt sombre, avec son jeune fils dans ses bras. L’enfant croit voir dans l’obscuritĂ© la forme du roi des Aulnes et il est effrayĂ©. Le père calme son fils : ce qu’il voit n’est que « le brouillard qui traĂ®ne ». Mais la figure fantomatique ne quitte pas l’enfant. Avec un discours persuasif, le roi des Aulnes invite le « gentil enfant » Ă  venir dans son royaume pour se distraire avec ses filles. Mais l’enfant est agitĂ©. Encore une fois le père essaie de trouver une explication naturelle Ă  ses hallucinations : ce ne serait que le bruissement des feuilles et le reflet d’arbres centenaires. Mais la vision est plus menaçante, et le fils est pris de panique. Lorsque le roi des Aulnes saisit l’enfant, le père perd son sang-froid et essaie de galoper aussi vite qu’il peut pour atteindre la ferme. Mais il y arrive trop tard : l’enfant est mort dans ses bras.

Reader Comments

  1. L’histoire Ă  l’air intĂ©ressante, lorsqu’on lit le rĂ©sumĂ© en tout cas. Il me semble l’avoir ajoutĂ© Ă  mes favoris ce livre. Merci pour ta chronique constructive. Il reste intriguant ce roman….

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