Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💜💜💜UNE DETTE POUR L’ENFER de Dumè Antoni

RÉSUMÉ

Evidence Editions
17/07/2020
290 p.
Marseille. Laeticia est subvenu à ses besoins et ceux de son fils Théo en se prostituant. Mais avant de mourir d’un cancer, elle enjoint Théo de partir travailler à Paris auprès d’un certain Léoni. L’homme lui est redevable et sera donc forcé de le prendre en charge malgré son « handicap », l’algoataraxie. Effectivement, dans la boite de nuit de Léoni son embauche comme bras droit est immédiate et irrévocable. Et malgré la fonction nébuleuse, son devoir d’obéir aux ordres explicite sera complété d’une formation assurée par Jean-Charles pour le familiariser avec les armes, indispensables pour asseoir son autorité auprès de ses interlocuteurs et exécuter ses missions. 
Mais aussitôt, la tyrannie et l’intransigeance de Léoni autant dans son tripot qu’au sein de son foyer rebutent Théo. De plus, piégé par la puissance de Léoni, il doit s’y plier malgré sa réticence.
Alors ainsi quand Théo confie à Jean-Charles, son nouvel ami, l’embarras sa mission de séduire sa fille pour l’influencer à avorter celui va le mettre en garde d’un autre danger…

MON AVIS

Merci au site internet 👉 Babelio 👉et à Evidences éditions pour l’envoi gracieux de l’ouvrage à l’occasion de leur opération Masse Critique. Cet 👉auteur corse 👉(source babelio) sort de sa zone de confort pour expérimenter ici le genre policier ou du moins noir. La tentative réussie procure une intrigue dont on a envie de connaître que l’issue car il a su amener avec perfection la noirceur des personnages dans un cadre réaliste.

L’idée de faire pivoter l’intrigue autour du héros atteint d’algoataraxie (cf. en fin de chronique) apporte une certaine originalité qui permet aussi d’aborder une maladie rare.

Les chapitres relatifs au passé du héros pour démontrer son manque d’empathie causé par sa méconnaissance concrète de la douleur me paraît un petit peu scabreux. Ils tendent à démontrer un manque d’empathie causé par sa méconnaissance du ressenti de la douleur. Mais ce n’est que mon avis : Pourquoi les personnes qui n’ont jamais souffert seraient dépourvue d »empathie ? Cette approche peut se discuter mais personnellement je ne suis pas convaincue.

J’ai moins aimé :

Le vocabulaire. L’écriture de ce livre m’a pas un peu rebutée avec une surabondance de surnoms pour qualifier les personnages et ainsi renforcer, je suppose, la note « polar » au livre. Alors l’usage à outrance des mots comme sbire, porte-flingue ou baroudeur pour identifier les personnages a produit pour moi un sentiment d’alourdissement dans le texte.

Le premier chapitre m’a déplu. J’ai remarqué la multitude de termes canins employés pour évoquer le serveur de la boîte de nuit et en transmettre son air patibulaire. Cependant, leur nombre les rend indigestes. De plus, l’insistance du rédacteur sur la prononciation à l’« italienne » de Vince est inutile voire désobligeante pour le lecteur. Heureusement Théo nous attendrit, et on est captivé par le tournant de son destin.

Mon jugement sévère n’exclut pas cependant le scénario noir très agréable. À part l’ignoble à Léonie, tous les personnages sont attachants. On ne peut que s’émouvoir du pauvre Théo, malmené de part et d’autre.  Insensible à la douleur physique, il sait pourtant faire preuve d’une grande émotivité.  Les douleurs physiques et morales ne se comparent pas mais peuvent cependant s’égaler en intensité.

Pour aller plus loin (source Wikipédia)

Algoataraxie

L’absence de sensations douloureuses expose à de nombreux dangers avec des risques de traumatismes passant inaperçus, surtout chez le nourrisson et le jeune enfant. En effet les gestes les plus anodins de la vie quotidienne peuvent conduire à des blessures diverses plus ou moins profondes. Le diagnostic de la plupart des maladies est rendu difficile chez ces personnes du fait de l’absence du symptôme d’alarme le plus commun qu’est la douleur. Ces personnes auront ainsi tendance à s’exposer davantage au danger, car ils n’auront pas eu d’étape d’apprentissage de la douleur étant enfant qui permet de mémoriser les sources de douleurs et donc de danger. Ainsi, la douleur permet à un individu de se fixer des limites, notamment dans la perception de ce qu’il fait, mais aussi dans la façon dont il déplace son corps dans l’espace.