Un étudiant criblé de dettes développe peu un peu une addiction au jeu pour les rembourser plus vite qu’avec un salaire de plongeur.
RESUME

Oct 2016
448 pages
Stéphane étudiant en graphisme, a trouvé « une » job de plongeur dans une brasserie « la Trattoria », par l’intermédiaire d’un chum Alex. Le salaire de ce travail devrait lui permettre d’éponger ses dettes, comme cette mission de graphisme pour un groupe de musique. Mais il échouera dans ses deux jobs pour rembourser ses divers créanciers. Pire, il a joué et dépensé la somme remise qui devait payer l’impression avant même de commencer son travail de graphisme.
Est-ce que les tensions, ses collègues de la Trattoria et ses amis parviendront à le guérir de son addiction au jeu qui met sa situation financière en péril ?
MON AVIS
Un auteur québécois
Sélectionné pour le « Festival du premier roman de Chambéry » en 2016. Un roman noir. Sa récompense de lauréat au festival fut d’avoir été invité à se faire connaître et d’échanger avec son lectorat.
Après le livre d’un autre Québécois Martin Michaud, le hasard de mes lectures m’a conduite à nouveau Montréal. Cette fois-ci, le récit se passe en novembre et nous impose la rigueur pressante de l’hiver canadien.
On entame le livre avec un (trop) long prologue. Le lecteur est plongée direct dans un vocabulaire dans le jus québécois, parfois déroutant. Ce premier contact m’a presque découragée de poursuivre, car en plus, je ne lui trouve aucun intérêt. Heureusement, la suite est plus agréable.
Une trattoria à Montréal
Le récit s’ancre à Montréal où évolue en principal notre héros désargenté, le narrateur Stéphane – qui n’est jamais nommément désigné sauf à la fin – mais aussi entre Trois Rivières et Scheebrook.
Dès la page 55 mais à plusieurs autres passages du livre aussi, le cadre de vie de cet étudiant se cantonne surtout dans l’effervescence stressante de La trattoria.
La description cuite aux petits oignons nous transpose dans une émission télévisuelle de « Cauchemar en cuisine » et les affres des cuisines de restaurants.
L’auteur nous en dresse un tableau complet de l’arrière-cuisine : les bruits des roulis de batteries de casseroles, les sons, la tension, les tensions et l’attention nécessaire. Les sens olfactifs, sont aussi mis à contribution pour le pire et le meilleur : lecteur parvient même à humer des odeurs (bonnes ou mauvaises) souvent signifiées par le narrateur, navré de celles qui s’imprègnent sur lui à la fin de son service.
L’auteur nous dévoile l’univers d’un restaurant en action. Les différents postes avec leurs corvées, la hiérarchie dans l’équipe, décline l’envers du décor d’un travail précis et cadencé. Et ainsi, une assiette est dressée devant des clients passifs.
Si l’ambiance trépidante des restaurants ou de la gastronomie vous inspire, je vous recommande également Meurtre au Ritz.
Des personnages bouillonnants
L’éventail de personnages de l’équipe contribue à l’effervescence nerveuse bien ressentie grâce à l’écriture. Sans nous balader sur l’histoire personnelle de chacun, l’auteur parvient à nous les présenter par petites touches avec leurs défauts, leurs atouts et leurs faiblesses.
On s’y attache alors, à part Carl, le tire-au-flanc du groupe. On lui préfèrera de loin la compétence, la force et la compétence de Bébert.
Quatre heures du mat, dodo, neuf heures tu te lèves, pis tu retournes à la job en courant. Horaire de débile mental.
Les à-côtés du héros
elle avait appris à transformer son look au travail pour que personne sauf les initiés ne puissent deviner les écouter Dimmu Borgir, Dakthrone ou Immortal. Dans les faits étaient un peu tous comme ça.
J’étais soudé à la machine. J’ai activé la loterie pour un autre tour. Les fruits sont mis à défiler à l’écran. Mes yeux étaient secs et brûlants. Je les ai fermés. Quand je les ai rouverts, neuf symboles de lingots d’or clignotait. Toute la cagnotte amassée par les joueurs précédents s’est ajoutée avec crédit. Ça m’a foudroyé.… C’était de la pure potentialité, la matière précieuse grâce à laquelle je pouvais jouer. C’est pour cette raison que je ne voulais pas y toucher pour autre chose que le jeu.
Ce que j’ai moins aimé :
- Le prologue.
- Trop de Québéquois et les dialogues où Bonnie originaire d’Ontario s’entête à parler un anglais mélangé de Franglais, français. Cela n’apporte pas grand-chose sauf à déréguler la lecture, ma lecture.
- J’ai été un peu déçue du livre au regard des prix reçus, mais sans cette abondance de vocabulaire québécois (que j’adore néanmoins mais que je comprends mal), j’aurais adoré.
Vous pouvez trouver le livre ici
Quelques phrases à retenues par mes soins
Après des années à faire les shifts le soir, à me coucher à quatre heures du matin, j’ai croisé tous les spécimens, des pétards les plus ouverts que la coke fait jacasser à tue-tête aux désespérés les plus toxiques qui aspirent dans leur spirale vénéneuse.
j’ai effacé le message aussitôt après l’avoir écouté, comme si, du même geste, j’ai passé la pression, l’échéance, ma dette, mes mensonges, mes conneries, le monde entier.
Lui qui ne disait jamais deux phrases de plus de trois mots, il était devenu volubile comme un prophète en plein épiphanie il m’avait jasé de livres pendant une heure.
Et vous, que pensez- vous de la chronique ? N’hésitez pas à laisser un commentaire…