Quatrième de couverture
Korede, s’est donné pour mission de protéger sa cadette envers et contre tout, et ce n’est pas une mince affaire. Non contente d’être la plus belle et la favorite de leur mère, Ayoola a aussi la fâcheuse habitude de tuer ses amants. Ainsi, au fil du temps, Korede est devenue experte pour faire disparaitre les traces de sang et de cadavres. « Seulement, avec Femi, ça fait trois. Et à trois, on vous catalogue de serial killer… »
MON AVIS
« Le couteau est important pour moi, Korede. C’est tout ce qui me reste de lui. »
Remerciements aux éditions Delcourt Littérature et au site BePolar avec l’opération Club Sang pour la découverte de cette auteure Nigérienne à l’écriture percutante, vive et fort agréable. Ce premier roman est épatant. Plus qu’un simple policier, cet ouvrage aborde avec finesse et un humour caustique la psychologie et d’autres thèmes sociaux.
Les chapitres courts assortis d’un ton léger et adapté procurent une dynamique très appréciable, avec quelques petits retours sur le passé pour éclairer le lecteur dans la compréhension des rouages familiaux. Une bonne dose d’humour noir pimente le tout. Les amateurs de thrillers durs où le sang coule à flot seront déçus car c’est plus de psychologie dont il s’agit ici. Le bourbier moral dans lequel patauge notre narratrice sidèrera le lecteur.
COMPLICE CONSENTANTE OU PAS ?
Korede a toujours protégé des coups reçus par Ayoola… et elle subira les conséquences dramatiques de ses actes inconsidérés.
Ayoola, d’une frivolité extrême requiert toujours la protection de Korede, plus posée et terre à terre. Mais, cet appel au secours pour une aide bienveillante se métamorphose à l’insu de celle-ci en complicité. Sa culpabilité la ronge peu à peu, alors nait un terrible dilemme : dénoncer sa sœur ou taire les crimes d’innocents amoureux ? Alors Korede a dégoté en la personne de Muhtar une soupape providentielle afin de soulager sa conscience : elle se confie à ce patient dans le coma. Un humain, à même de compatir et qui se tait… Mais le problème, c’est que contre toute attente, il va sortir de son coma ! A-t-il le souvenir de ses confidences ? Va-t-il les garder pour lui ? Comment va gérer Korede le piège où elle s’est embourbée ?
SOLIDARITE FAMILIALE SUBIE
Sans ambages, la narratrice Korede nous présente son univers professionnel, puis familial. Infirmière compétente, sa vie va être perturbée par les extravagantes et dangereuses « névroses » de sa petite sœur aimée. En tant qu’aînée de la famille, Korebe se sent moralement responsable d’Ayoola et se doit alors de la protéger. De plus, une complicité s’est renforcée sous l’effet d’une tyrannie paternelle. Et pourtant, les deux femmes détonent. Le contraste entre les deux sœurs tant du point de vue du caractère que du physique est touchante d’injustice pour Korede.
Son métier d’infirmière prouve un don de soi sans équivoque plein de compassion. De plus sa compétence et sa droiture imposent le respect. Comme elle est notre narratrice, ses mots bien choisis et le ton employé pour décrire ses tourments nous chagrinent. Son charme fade la rend transparente par rapport au sex-appeal de sa sœur qui aimantent tous les hommes. Quelle frustration d’observer l’attitude de Tade, le collègue de Korede ! sans oublier celle de sa mère…
Moralement droite, son impuissance à rompre l’engrenage des crimes est désolant, et même pire ! Tout se retourne contre elle car finalement elle est la première victime indirecte de sa soeur, insensible à son malaise.
BEAUTE A COUPER AU COUTEAU
Le talon d’Achille de la belle Ayoola : les relations avec ses petits amis finissent mal, surtout pour eux. Elle irradie et pourtant, rien de positif n’émane de cette bombe. Dénué d’empathie, insensible, blindée de légèreté, aucun remord ne l’effleure. Egoïste patentée, seuls ses problèmes comptent. Et en manipulatrice pathologique, elle use de mensonge comme monnaie courante. Elle convainc Korede de circonstances atténuantes pour se dédouaner.
Ayoola se délecte de sa manipulation, et sait user des atouts de sa beauté pour répondre à ses besoins matériels. Bardée de sa beauté au-dessus de la moyenne, la cadette est perfectionnée dans l’art de la séduction. Elle a fait de la superficialité son fonds de commerce en partageant sans cesse des images d’elle, toujours à son avantage en toutes situations sur les réseaux sociaux.
On pourrait tirer comme moralité de l’histoire : Les hommes qui se limitent au physique pour aimer, sont satisfaits de leur trophée, mais avec Ayoola, qui est pris qui croyait prendre…
Quelques pages à lire en avant-goût : 👉 ici