Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💜💜💜 ALLER SIMPLE PARIS CORREZE de Marie Wilhelm

RESUME

La geste editions
03/2018
Vincent Farges professeur à Paris s’est vu congédié de l’Education Nationale après le passage à tabac d’un de ses élèves qui l’avait excédé. Alors ce revers s’ajoute à l’échec de son mariage, et au décès de son fils unique Grégoire, et donc revenir à ses sources à Meymac (en Corrèze), son village natal, vont l’aider à faire le point de sa vie. Taciturne et solitaire, il va séjourner à l’Hôtel Central du village.
Là, dans ce petit bourg, Vincent qui semble snober les autres villageois entretient un seul contact amical avec Simone, son ancienne institutrice. La vieille femme va évoquer le devenir des anciens camarades de classes de Vincent qu’il n’a pas reconnus depuis son retour. En effet,  après toutes ces années, ils dont devenus méconnaissables et c’est ainsi que Vincent renoue avec l’hôtelier et son épouse. Par ailleurs, l’Hotel Central accueille Savigny un policier parisien en vacances avec ses jumeaux. Proche de la dépression depuis son veuvage avec Béatrice qui hante ses pensées, Savigny et Vincent sympathisent vite quand ils se croisent à l’auberge.
Puis, lors d’une promenade vespérale, Vincent croise une jeune femme Anna, et sa sœur et les aide spontanément à bricoler leur serrure. Anna, maman d’un bébé de un an, s’active à échapper aux sévices de son mari Albert. Un instinct de protection intime Vincent à passer la soirée chez Anna, et chasse le mari violent, vexé et furieux qui justement vient l’importuner. Vincent ignore l’histoire d’Anna Lestrade, fille de notaire honorable. Son mariage avec Albert désapprouvé par tous, l’a d’ailleurs accoutumée aux coups, déjà signalés.
Alors le lendemain, elle part déposer plainte dans une ville voisine puisqu’elle a déjà été échaudée par le dédain de la gendarmerie locale lors de violences conjugales précédentes. Elle confie Jean à Vincent, bientôt inquiet de l’absence prolongée d’Anna. Il prévient Simone, qui aussi tracassée, alerte la gendarmerie qui instamment convoque et interroge Vincent sur la disparition d’Anna. Albert, routier en déplacement pour la Société Europe Transport est hors de soupçon contrairement à Vincent, le dernier à avoir vu Anna. Cet intru dans le village devient fortement suspecté. Pendant ce temps, des malfrats recherche UN certain magot caché par Albert…
La police est loin d’imaginer de quel bourbier ils vont devoir sortir Anna, Vincent…

MON AVIS

J’ai beaucoup aimé

Pour son nouveau roman, découvert grâce à ce Service de Presse via le site Simplement Pro, l’auteure Marie Wilhelm situe son polar dans Le Limousin, un cadre régional adapté à un calme ressourçant et pourtant… ce n’est qu’une idée préconçue de Vincent Frages et Savigny !

Dans le Limousin

Les héros du roman partent de la densité grisâtre de la ville de Paris pour trancher avec la quiétude du Limousin.

Meymac, représente ces petits bourgs typiques de cette France rurale, entourés d’espaces impeuplées dans les environs du plateau de Millevaches. Comme les protagonistes (Vincent et Savigny), la lectrice urbaine que je suis, s’est détendue d’une sérénité suggérée par la vie villageoise décrite. Vincent et Savigny ont quitté l’anonymat et l’indifférence urbaine pour une proximité excessive, plus ou moins affective du petit nombre d’habitants. J’ai souri aux déconvenues de Vincent qui, après des lustres, ne reconnaît pas ses camarades d’écoles.

Pour les villageois qui vivent ici depuis leur naissance, leur environnement se limite au voisinage familier, et suffisant. Leurs habitudes d’épier et surveiller ou même jalouser autrui pimentent leur quotidien de commérages presque apparenté en loisir local. Heureusement, cette curiosité parfois malsaine cimente une certaine solidarité, comme la vieille institutrice qui fait l’unanimité dans les cœurs des habitants.

Cette société aux mœurs un peu désuètes disparaissent de nos métropoles contemporaines. Dans ce tableau sociétal se conforme au principes de séparer les strates sociales. La déconvenue commise par  Anna Lestrade d’épouser Albert le prouve.

L’ambiance franchouillarde du roman, sans connotation péjorative, m’incite à le qualifier de « régional« .

UN POLAR A SUSPENS

Ce polar dépeint l’atmosphère des feuilletons du commissaire Maigret de Simenon. Car, outre le tableau social de cette paisible bourgade, surgissent des crises comme celle du couple Anna-Albert. S’ensuit une disparition. Puis d’autres incidents plus graves se succèdent avec une tension en crescendo sans en dévoiler davantage, pour réserver l’intrigue au lecteur.

Les préjugés des gendarmes à l’encontre d’Anna sont déplorables et à l’égard de Vincent inadaptés. De même, la prise au sérieux de l’enquête sont minimisés face à la complexité et l’ampleur de l’affaire.

La scène délicate de l’échauffourée sur l’aire d’autoroute parfaitement bien racontée dynamise l’ambiance calme en apparence du roman.

UNE PALETTE DE PERSONNAGES 

Un panachage de personnages complémentaires forme un bel échantillon de la société. Les visiteurs de Meymac penseront automatiquement à Vincent, et ses acolytes.

Le péril subi par la jeune mère inoffensive plombe l’atmosphère reposante visée par nos deux parisiens venus pour s’y ressourcer et fuir leurs fantômesL’impulsivité de Vincent gomme l’image de l’intellectuel posé, suggérée par son métier de professeur. Sa colère exprimée par sa force physique a desservi sa carrière mais se révèle salvatrice à Meymac. Savigny pleure la maladie de Béatrice. Quant à Vincent, le souvenir de son fils le hante. Le hasard a mis ces deux hommes sur le même chemin, rencontre providentielle.

Le personnage d’Anna touche le lecteur de cohérence. Cette femme battue force l’admiration dans sa bataille menée contre son mari et réagit sans se laisser accabler, malgré sa rupture avec sa famille à cause de ses origines sociales en décalage avec celles de son mari. Heureusement, l’amour et la protection de sa sœur l’ont portée dans sa volonté de justice. Anna représente l’antithèse de sa pitoyable mère Madame Lestrade soumise à la morgue de son mari. Sa sœur et elle vont dépoussiérer des secrets dont les conséquences planent sur elles.

J’ai moins aimé

Le roman très agréable. Les rebondissements assaisonnent la vie du village. MAIS le dernier quart du roman est trop narratif suite aux trépidations animées de Vincent, car la fin paraît retomber comme un soufflé.

Pour se procurer le livre à la Fnac c’est  et chez Decitre c’est ICI.
BONNE LECTURE !
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Reader Comments

  1. Merci beaucoup ! Un vrai régal votre chronique, même si j’aurais bien sûr préféré que vous appréciez la chute du bouquin. Mais c’est vraiment bien vu, ce qui fait que je ne m’en formalise pas; A moi de faire mieux dans la prochaine aventure de Savigny !

    1. Merci de votre visite Marie, et oui, désolée pour mon appréciation sur la fin. Peut-être y aura-t-il des contradicteurs pour exprimer un autre ressenti. A bientôt pour de nouvelles aventures avec Savigny alors !

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