Début du XXè siècle, une jeune femme noire, seule et désorientée dans Montmartre, se fait remarquer dans le milieu artistique de l’époque.
Quatrième de couverture

23/08/17
Paris. Montmartre, 1909. Masseïda, une jeune femme noire au passé douloureux, vagabonde dans des ruelles mal famées. Un jour, elle frappe à la porte de l’atelier du peintre Théophile-Alexandre Steinlen qui l’accueille. Elle devient sa confidente, son modèle, son dernier amour et entre dans un monde peuplé d’artistes. Mais la Belle Epoque s’achève et le passé de Masseïda réapparaît.
Minuit, Montmartre s’inspire d’un épisode méconnu de la vie de Steinlen, le dessinateur de la célèbre affiche du Chat Noir. On y rencontre Apollinaire, Picasso, Félix Fénéon, Aristide Bruant ou encore la Goulue… Mais aussi les anarchistes, les filles de nuit et les marginaux que la syphilis et l’absinthe tuent aussi sûrement que la guerre.
MON RESUME
Montmartre, 1909. Masseïda, une jeune femme noire, erre dans les ruelles de la Butte. Seule et désorientée, on lui conseille de trouver le peintre Théophile Alexandre Steinlen. Le vieil homme vit au milieu de chats, les muses uniques de son inspiration. Dans sa bienveillance, il acceptera de loger Masseaïda chez lui faisant fi de ses réticences…
Dans ces années d’avant-guerre, les difficultés financières s’installent dans le pays. Alors cette colocation gratuite met peu à peu en péril le succinct confort matériel dans lequel se complaisent Masseïda et Théophile. Avec le talent assuré de son logeur et de son physique particulier, l’africaine se propose comme modèle du peintre… et c’est le renouveau pour eux…
Mais la Belle Époque s’achève. La guerre assombrit l’horizon…
MON AVIS
Je découvre cet auteur avec ce roman. Il avait portant été mis à l’honneur en 2014 à Chambéry lors du Festival du premier roman pour « Géorgia »par l’association Lecture Plurielles.
MONTMARTRE au début du XXè
Julien Delmaire nous y transporte au gré des pas de son héroïne si particulière dans ce quartier si pittoresque de Paris. L’ambiance nocturne et festive, dépeinte par Toulouse-Lautrec cerne le lecteur. Les personnages de renom, contemporains de l’époque revivent au fil des pages. L’auteur a évité l’écueil des anachronismes si désopilants. Mieux, il a réussi à nous transporter avec sa poésie !
– Le vocabulaire suranné et seyant complète la poésie. En voici quelques échantillons dont la définition précise m’échappait. En 2017, ce vocabulaire ont des synonymes moins chantants : « gourgandine », « ribaude », « estafilade », « cibiste », « grognard », « caboulot » et « croquignolets ». Si vous les connaissez sans avoir à recourir au dictionnaire, je vous félicite !
– Les artistes et autres acteurs renommés sont ressuscités dans le roman – Aristide Bruant, Toulouse-Lautrec, La goulue, Jouy… -. Ils nous poussent à fureter sur Notre toile du Net pour les découvrir les œuvres, se les remémorer ou mieux les connaître. J. Delmaire a animé de sa plume le pinceau de Steinlein. Quel bel hommage à cet artiste dont le talent ne se cantonnait pas à « griffonner » des chats ; il dessinait avant tout des caricatures pour des revues satyriques comme « le rire » (cf. Retronews) par exemple.
ROMAN SOCIAL
Voici un tableau social en sépia. Ce mélange hétéroclite de populations d’origine diverses, se côtoie avec cordialité et respect. Le juif côtoie l’Italien, qui vend sa viande au Suisse, le Savoyard jouxte le Provincial. Toutes ces individus s’entendent bien et chacun y trouve son compte.
Au milieu d’eux, l’intruse, cette femme noire arrive de son Afrique natale. Elle ne passera pas inaperçue, une idée du racisme par sa rareté. Convoitée par des proxénètes sans scrupules, sa bravoure nous touche autant que sa sincérité. Dans cette société confrontée aux vicissitudes où chacun se résigne, et les drogues comme l’absinthe y sont reines.
J’ai apprécié aussi le projecteur mis sur ces métiers désuets, ou disparus. Avec nostalgie, un des neufs allumeurs de réverbères subsiste sous l’impulsion de César Van Hove. Et avec un peu de réalisme, l’auteur a contraint un notable comme le préfet à côtoyer au cabaret « le Lapin Agile », une populace moins respectable.
J’ai été tentée d’approfondir le récit pour mieux connaître la vie de Steinlein, d’Aristide Bruant, et du Préfet Justin Germain Casimir de Selves qui a réellement co-existé avec E. Poubelle pour lui succéder à la préfecture de la Seine. Il a même été l’objet de chroniques satyriques !
Ma recherche s’est portée principalement sur les sites Wikipedia et retronews que je recommande.
Quelques jolies phrases
Montmartre flambait d’un feu secret. Les bruits, les senteurs, venait en en roulis poloniser l’espace ; sur l’ardoise, contre les vitres, l’humour chantait la ritournelle des fées impudiques.
Sur la table, au milieu d’une surface claire et granuleuse, une femme noire dormait. La peur, sa fatigue, ton destin, reposait dans la trame blanche du papier.
La fièvre chromatique commençait à le gagner .la redoutable maladie des rapins.
Et n’avait pas quitté les rivages de l’Afrique pour se retrouver au milieu d’un capharnaüm de planches et de tôles, à peine plus moderne que le quartier des pêcheurs de son enfance.