Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

IL NE FAUT PAS PARLER DANS L’ASCENSEUR de M Michaudđź’śđź’śđź’śđź’ś

En sortant d’un coma Ă  la suite d’un accident, Aurore va dĂ©couvrir un nouveau sens Ă  sa vie, et peut-ĂŞtre le sens de la mort.

RESUME : 

Kennes
16/09/16
405 pages
31 Mars 2005. Les journĂ©es suivantes, vĂ©cues en parallèle dĂ©joueront les sciences mathĂ©matiques et convergent jusqu’Ă  se rencontrer sur un point commun.
Dans la banlieue de QuĂ©bec, un tueur abat un homme qu’il met dans son coffre de voiture. Il s’apprĂŞte Ă  exĂ©cuter sa deuxième victime avec la mĂŞme arme.
Pour Simone Fortin, un retard inaccoutumĂ© dans son travail est annonciateur d’une mauvaise journĂ©e. Or, l’employĂ©e sĂ©rieuse en ignore encore l’ampleur. En effet, un accident survient Ă  sa pause-cafĂ©, qui la plonge dans un coma de quelques heures. Quand elle revient Ă  elle, la narratrice est toute perturbĂ©e de sa rencontre avec Miles. Le charme de cet homme lui ouvrent de nouveaux horizons dans la vie terne qu’elle s’inflige. Une Ă©nigme :
J’avais vécu une vie d’ascète depuis la mort du gamin, une existence cafardeuse où je m’étais réfugiée dans un atoll de solitude, duquel j’avais coupé à un à un tous les ponts rattachés à mon passé.
Cette rencontre avec Miles la stimule. Elle le veut retrouver même si cette réalité est bizarre. Alors, bien déterminée, elle poursuivra seule cette quête hasardeuse.
Pendant ce temps, le commissaire Lessard interroge Simone Fortin pour rĂ©soudre le dĂ©lit de fuite. Mais concomitamment, le directeur de l’hĂ´pital est assassinĂ© dans son bureau. Ce crime confère une dimension politique voire mondaine Ă  l’enquĂŞte.
Le sergent-détective jura. Traduction : Tanguay ne mettrait pas sa précieuse tête sur le billot pour lui. Dès qu’il sentirait la soupe chaude, il s’effacerait et les pointures des crimes majeurs viendraient lui voler son enquête.

MON AVIS

Je remercie sincèrement le site Babelio de m’avoir confié ce Service de Presse dans le cadre de Masse Critique.

  Outre Atlantique : de Québec à Trois Pistoles

Dans ces grandes rues typiques, on frĂ©quente les « dĂ©panneurs ». LĂ , les expressions quĂ©bĂ©coises nous charment du vocabulaire typique teintĂ© d’anglicismes – francisĂ©s. Heureusement, l’auteur a su le doser, car le QuĂ©bĂ©cois pur aurait paru abscons et pĂ©nible aux lecteurs franco-français.

Le style fluide et très agrĂ©able dĂ©roule l’action autour de diffĂ©rents personnages. Et attention, après la lenteur du dĂ©but, le rythme s’accĂ©lère Ă  la moitiĂ© du livre pour scotcher au final le lecteur captivĂ©.

Une puzzle de personnages

Avec leurs habitudes, leurs forces, leurs faiblesses et leurs contradictions, tous se croisent mĂŞme s’ils Ă©voluent chacun de leur cĂ´tĂ©. Ainsi, la nature de leurs liens fait douter de la cohĂ©sion finale. En effet, tel un puzzle, chaque pièce trouve sa place sous l’effet d’un système de levier. Par ailleurs, les personnages tertiaires (Jamal, Griffin, Jimbo, Snake, Mathilde) contribuent Ă  donner de la puissance aux personnages secondaires (Ariane, Nicolas, Laurent, l’équipe du commissaire Lessard, Tanguay).

⚡ Les faiblesses humaines du commissaire Lessard (mari violent, inscrit aux A-A) ne minimisent en rien la compétence de ce « Workabolic ». Il priorise son travail avant ses intérêts privés. Souvent encombré d’un malaise perceptible, il a une sensibilité très humaine, vomit l’insupportable et n’hésite pas à se remettre en question. La sympathie qu’il inspire tranche avec l’arrogance affichée par Tanguay, son supérieur. C’est peut-être pour lui que l’on souhaite une issue heureuse de l’enquête.

⚡ Le mystère autour du passĂ© de Simone Fortin laisse planer dès le dĂ©but du roman une idĂ©e d’une mort passĂ©e qui la hante, avec un fantĂ´me ambiant. Son personnage ne prĂ©sente pas l’assurance de l’hĂ©roĂŻne type. Et les consĂ©quences de son bref coma nous disperse. Comme elle rejette toute idĂ©e de paranormal, difficile d’y adhĂ©rer. Alors, il faudra patienter pour une explication concevable.

En parallèle, le lecteur ne comprend pas bien le rapport avec les deux crimes. En effet, l’hypothèse avancée par Lessard que la jeune femme s’ébaudit dans des soirées libertines, impose des doutes au lecteur.

⚡ Le tueur calculateur et prĂ©voyant accomplit avec soin son plan. Selon un mode bien Ă©tabli veut-il rĂ©tablir une certaine justice… ou assouvir une vengeance ?

Les événements se précipitaient, mais il était désormais en paix avec sa décision de se laisser porter par le courant. Il agissait avec précipitation en minimum de préparation, faire, mais il ne pouvait pas échouer. À la réflexion, cette coïncidence n’en était pas une, point. C’était un insigne de Dieu. La reconnaissance que sa cause était juste et légitime.

Le sentiment de culpabilité

Mais la dĂ©veine du tueur – non listĂ©e ici au risque de casser le suspens – fait sourire : une justice ?

Donc, Martin Michaud (l’auteur) offre une certaine facette du sens de la mort qui ne manque pas d’intĂ©rĂŞt.  J’ai aimĂ© son idĂ©e de sacrifice humain lorsqu’il glisse dans la tĂŞte des victimes sur le point de pĂ©rir leurs dernières pensĂ©es. A quoi pense-t-on dans ces situations extrĂŞmes ?

  • Snake nous touche. Ce petit voleur, spĂ©cialisĂ© dans le trafic de voitures volĂ©es est entachĂ© de gĂ©nĂ©rositĂ© et sa bontĂ©.

Il flotte dans la conscience de tous les personnages. Chacun y répond selon ses forces et au moyen de ses capacités. Mais encore faut-il la reconnaître…

La composition des chapitres garantit un dynamisme agréable. Effectivement, la narration interne sous l’impulsion de Simone Fortin s’alterne avec celle des autres protagonistes à la troisième personne. L’Héroïne concentrée sur cette quête « au-delà du réel » distrait l’attention.

La complexité des interrogations, se juxtaposent et transcendent l’ambiance barbare insufflée par la persévérance du tueur.

Pour conclure, l’intrigue nous captive sur les 460 pages où, l’identité du tueur ne se devine qu’aux dernières vingt pages, après des rebondissements et soubresauts intenables.

Excellent roman !

BONNE LECTURE !!!

Quelques phrases plaisantes :

Pourquoi ce titre ?
« Crois-moi, Ariane, c’est Sartre qui avait raison. Rien ni personne d’autre que toi le pouvoir de changer ta vie.En vérité, bien que j’aurais compris que beaucoup plus tard, jamais je n’aurais cru si mal mal dire. Alors, à présent, croyez-moi sur parole et suivez le conseil pour le reste de votre existence : il ne faut pas parler dans l’ascenseur.
la ligne est mince parfois entre une bonne et une mauvaise décision.
il ne servait à rien d’entretenir de vains espoirs. On ne peut retrouver sa jeunesse comme un vieux disque oublié que l’on redécouvre avec nostalgie.

– La mort, la vie qui continue :

Un cimetière est comme une immense bibliothèque. Chaque tombe abrite l’histoire unique d’une personne.
Culpabilité enfouie ?
La grande erreur, Simone, c’est la négation de l’existence d’erreurs. Le mensonge. C’est de continuer à vivre comme si rien ne s’était produit. 

AnneC

Passionnée de lecture, je partage mon avis avec mes visiteurs.