Résumé : La fin abrupte de la cousinade
La fin abrupte d’une cousinade : La réunion familiale des Snæberg, organisée dans un hôtel isolé pour exclure les intrus, va révéler des failles et des secrets enfouis.
Le puissant et fortuné clan Snæberg s’est rassemblé dans un hôtel perdu au milieu des coulées de lave sombres de la péninsule isolée de Snæfellsnes, en Islande.
Petra Snæberg, une designer d’intérieur à succès, est inquiète de la tournure que peuvent prendre les événements. Elle se soucie également de sa fille Lea, une adolescente perturbée, dont l’activité sur les réseaux sociaux a attiré des followers peu recommandables. Tryggvi, le seul étranger au clan toléré par la famille, se bat contre l’alcool, une addiction qui lui a déjà fait commettre le pire. L’employée de l’hôtel Irma jubile à l’idée de pouvoir enfin observer de près le célèbre clan familial… D’un peu trop près, peut-être ?
Tandis que le temps se détériore et que l’alcool coule à flot, l’un des membres du clan disparaît. La menace d’un rôdeur augmente la tension.
Mon avis
Un huis clos glaçant, dans tous les sens du terme, nous captive du début jusqu’à la fin Pour une réunion de famille hors du commun. Le cadre de l’hôtel choisi loin de la chaleur attendue pour un événement convivial renforce l’impression de tension. Mais les dialogues, et les arrivées successives des membres de la famille suggèrent un réalisme sympathique, surtout quand l’éventail de personnages décline toute une gamme de faiblesses. Finalement, leur force réside dans le sentiment d’appartenance au clan. Et au sentiment de puissance grâce à leur aisance financière.
L’ambiance froide de la décoration minimaliste, limite impersonnelle n’encourage pas l’intimité et la détente. D’ailleurs, même Pétra, la spécialiste en la matière de l’aménagement intérieur, n’apprécie pas particulièrement cette originalité. S’y ajoute aussi le principe de connectivité au téléphone pour les fonctions basiques de lumière ou de fermeture des portes. J’espère que cette illustration de technologie proposée par l’auteur restera dans le domaine de la fiction si cette idée n’appartient pas déjà à la réalité.
Alors, le lecteur appréciera le réalisme de cette espèce de petite cousinade. D’ailleurs, reste à découvrir comment la famille dans son intégralité y évolue, durant plusieurs jours. Plusieurs générations se côtoient. Et pour ajouter du piment, chaque individu a choisi son envol avec plus ou moins de félicité. Ce thème des retrouvailles est propice à beaucoup de développements rocambolesques. Ici la version dramatique aboutit à un excellent thriller psychologique.
Tous ces parents liés par le sang et des souvenirs communs de leur prime jeunesse, ou de leur adolescence profitent ensemble sans ostentation du luxe de l’hôtel. Chacun dans son propre chemin, a effiloché leur contact. Mais l’esprit de famille demeure où cousins, oncles, tantes, tous s’apprécient. Et s’analysent. Or, par convenance ou principe, ils se tiennent les coudes dans toutes les circonstances. Mais les « pièces rapportées » sont alors jaugées pour pouvoir appartenir au clan.
Attendez-vous à un exercice de mémoire dans ce roman choral. En effet, il faut dénouer les ramifications de cette famille. Qui est la fille de qui et qui est le père de qui ? Pour ne rien simplifier, les prénoms sont assez compliqués (chez nous, Français, les prénoms sont parfois assez réduits à une seule syllabe).
Quatre personnages principaux retiennent notre attention. Leurs narrations s’alternent et nous les rendent attachants. Ainsi, Irma, employée de l’hôtel, représente l’œil extérieur à cette famille. Insignifiante dans l’esprit de ses clients de marque si médiatisés, elle observe leur intimité et leurs dérives, sans juger. Puis, les confidences de Pétra présentent avec recul et objectivé, son mari, ses cousins-cousines. Sa fille Léa donne sa vision adolescente de ces retrouvailles, tout en étant concentrée dans ses propres émois et doutes via les réseaux sociaux. Par ailleurs, le récit de Tryggvi, le compagnon de la brebis galeuse de la famille, apporte lui, un autre éclairage.
Mais la tension est ressentie de manière permanente du début jusqu’à la fin. Car évidemment, pour aboutir à une intrigue intéressante, ce week-end ne va pas se passer sans encombre. Et la dimension du suspense s’accroit avec l’ouverture d’une enquête. Là encore, beaucoup d’interrogations : qui est ce cadavre retrouvé ? Qui est le criminel ? Est-ce un accident ? Une cascade de questions enchaine les intrigues jusqu’au dénouement.
Je connais très peu les romans suédois, mais je recommande à tout point de vue celui-ci, à paraître le 12 janvier 2024. Vous pouvez vous le procurer des yeux fermés et les ouvrir pour commencer l’année avec un excellent moment de lecture.