Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💜💜💜LES IMPOSTEURS DE John Grisham

RESUME

JC Lattès
27/3/19
400 Pages
Mark, Gordie, Todd et Zola, ces étudiants en droit croulent sous les emprunts nécessaires pour financer leurs études. Lors de l’inscription à la faculté de Foggy Bottom dans le district de Washington, la promesse d’une belle carrière à la clé et la certitude de les rembourser une fois devenus avocats les ont incités à contracter ces prêts. Cependant, aujourd’hui, à six mois du diplôme, ils doutent et se désespèrent d’un avenir professionnel et financier aussi reluisant, conscients d’avoir été leurrés. En effet, l’enseignement déplorable de Foggy Bottom, aux antipodes d’une fac sélective, anéantit toute chance de succès à l’examen du barreau d’avocat. Ainsi ce système met les étudiants dans l’impossibilité de rembourser leur crédit.
Gordie a décortiqué le stratagème juridique instauré par Hinds Rackley, un financier de New-York, pour faire fortune sur le dos des étudiants de l’Université. Et ainsi, face à cette réalité déprimante, le jeune homme sujet aux troubles bipolaires, se trouve en état de crise et se suicide devant ses amis impuissants.
Dans le marasme et découragés, Todd et Mark, décident d’abandonner leurs études pour exercer sans diplôme le métier d’avocat mais sous une fausse identité. Ils proposent à Zola de collaborer à leur combine. Et la jeune fille, d’origine sénégalaise, saisit cette aubaine : disparaître officiellement lui évitera le risque d’être inquiétée par les services de l’immigration qui viennent d’arrêter sa famille. Certes, sa propre situation est en règle mais elle craint néanmoins les répercussions de l’arrestation de sa famille.
Le trio liquide les derniers versements de leurs crédits et installe le siège social de leur société fictive au Rooster Bar. D’une part, ils élaborent un plan pour ne pas rembourser leurs créanciers. D’autre part, à force d’observer leurs « confrères », ils se familiarisent avec les rouages des tribunaux où ils racolent des clients avec une préférence pour la défense d’auteurs de petits délits routiers. Ainsi, nos escrocs minimisent les risques de perdre, et à se faire payer en liquide, ils visent à gagner davantage.
Mais leur appât du gain va les mettre en difficulté : une affaire fructueuse de dommages et intérêts corporels les tente… Et la descente aux enfers se poursuit.

MON AVIS

Merci au site Netgalley pour ce SP et la nouveauté de cet auteur ô combien réputé dans le domaine des romans gorgés d’affaires « tragi-judiciaires ». Celui-ci s’intitule « Rooster Bar », dans son titre original.

Présentation succincte de John Grisham (source Wikipédia)

Né le 8 février 1955 à Jonesboro, dans l’Arkansas, est un écrivain américain, auteur de plusieurs romans policiers qui appartiennent au sous-genre du roman judiciaire, de récits qui décrivent le Sud rural des États-Unis et d’ouvrages de littérature d’enfance et de jeunesse. Il est surtout connu pour ses romans qui ont été portés à l’écran, notamment La Firme (avec Tom Cruise et Gene Hackman), L’Affaire Pélican (avec Julia Roberts), L’Idéaliste (de Francis Ford Coppola, avec Claire Danes et Matt Damon), Le Client (avec Susan Sarandon et Tommy Lee Jones), Le Droit de tuer ? (A Time to Kill avec Matthew McConaughey et Samuel L. Jackson), Le Maître du jeu (avec Dustin Hoffman et Gene Hackman).

Ce roman inspirera peut-être un scénario pour un film non dénué d’intérêt. Le thème d’affaires financières et judiciaires fétiche de l’écrivain fréquente ici, monde des universités américaines qui plombent les étudiants surendettés.

UN ROMAN NOIR

Le gouffre des universités américaines. Certaines réputées (ex: Georgetown), peuvent se permettre d’être sélectives, à la différence de Foggy Bottom dudit roman. Un pessimisme marqué illustre les risques financiers pris par des étudiants d’un niveau moyen, bercés d’illusion à l’aube de leur vie professionnelle. Faire des études à tout prix ne garantie pas de grimper l’échelle sociale : certes, ils auront un diplôme, mais sans valeur… 🎓

En effet, un cyclone de noirceur emporte nos étudiants à six mois d’être avocats. — Le suicide de leur ami — un surendettement colossal avec des crédits usuriers — frais et intérêts astronomiques de plus de 200 000 Dollars minimum avant d’entrer dans la vie active — aucune réelle compétence professionnelle à la clé — aucune compétitivité professionnelle à la sortie de la faculté — aucune possibilité de rembourser un jour avec leur futur salaire de misère — espoir d’ascension sociale anéantie.

Pas de répit dans leur décrépitude. Une livre bien renseigné, la recherche de l’auteur est indéniable : Le nombre d’avocats dans le district de Washington impressionne, le montage juridique et financier complexe est décortiqué mais compréhensible…

LES PROBLEMES MIGRATOIRES

Le sort familial de Zola, la fille de la bande, s’ajoute à leur tourmente. Sénégalais, ses parents en situation irrégulière aux USA depuis des décennies sont transférés en zone de rétention. Or, selon la jurisprudence, même avec un  peut être arrêtée elle aussi, et renvoyée dans son pays d’origine, même avec une naturalisation en règle.

Son exemple illustre le sort des populations immigrées. D’abord jalousée par leur fuite, puis déconsidérées à leur retour forcé au pays elles n’ont pas la possibilité d’édulcorer l’eldorado promis. Cette population de « sans-papiers » devenu apatride est dénigrée des siens, même en représentant la manne financière d’escrocs malveillants.

LE REMÈDE : DES INFRACTIONS EN CASCADE

Le piège se referme sur nos héros, ces juristes moyens qui conçoivent l’illégalité en secours providentiel l’illégalité. Avec audace et débrouillardise, ils deviennent, de fait, avocats, sans vériable compétence. Mais leurs déboires vont croître, car d’usurpateurs et voleurs, ils deviennent escrocs d’une telle envergure que le F.B.I. s’intéresse à eux.

Leur motivation audacieuse force l’admiration : leurs intérêts personnels deviennent justicièrs. L’adversité les effraie mais ils perséverent. Leur profusion d’idées leur permettent d’exécuter des plans ingénieux et aussi intrépides, tant côté financier que juridique.

J’ai moins aimé :

Le noir extrême.

Repoussés dans leurs derniers retranchements, les protagonistes auxquels on s’est attachés nous inquiètent (je préfère Mark). Une fatalité s’impose : Alea jacta est, ici la distribution des cartes est mauvaise… donc, « qu’ont-ils encore à perdre ? » pensè-je. En amatrice d’happy ends, j’ai dû patienter jusqu’aux trente dernières pages, pour savoir si j’aurai un : déçue ou conquise ? Réponse : lisez-le jusqu’au bout… Une assurance, le roman rend accro !

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