Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💙💙💙💙 LA VRAIE VIE d’Alice Dieudonné

RESUME : un père violent

Dans sa famille assujettie à un père violent, la narratrice cherche des subterfuges pour remonter le temps afin de fuir les sévices…

Livre de poche
2020
215 p.
La narratrice, une enfant d’une douzaine d’années vit dans un pavillon d’une banlieue avec sa famille. Son père, un chasseur passionné collectionne ses proies empaillées dans une pièce de la maison dédiée. Mais ce père de famille n’exerce pas seulement sa violence sur les animaux. En effet, il bat régulièrement sa femme, et s’emporte à la moindre contrariété sur la famille. La mère, insignifiante, subit les coups sans mot dire, laissant ses enfants essuyer les sarcasmes quotidiens de son époux. eon repaire affectif : ses chèvres. Dans cette ambiance tendue la narratrice et son cadet Gilles entretiennent une complicité fraternelle bien réconfortante.
Les enfants trouvent leur plaisir avec la venue de la camionnette du glacier et la permission de pouvoir choisir leur glace. Cependant, malgré la chantilly défendue pour la narratrice, celle-ci enfreint l’interdiction avec la complicité de Gilles. Et, un jour, alors que le glacier verse la chantilly sur la glace de la narratrice, un accident se produit, et Gille en restera traumatisé. L’enfant joyeux devient renfermé. Alors s’ensuivent une culpabilité de la soeur plongée dans des regrets d’avoir demandé de la chantilly, et sa quête de remonter le temps pour retrouver son petit frère d’avant le drame.

MON AVIS

La lecture de ce premier roman très agréable laisse néanmoins une impression d’oppression. La narration d’une fillette courageuse, généreuse et intelligente nous émeut. Pour rester dans le thème de la chasse cher à son paternel, elle camouffle ses plans, pour mieux s’échapper de son territoire hostile et fuir le danger.

J’ai adoré

L‘écriture agréable traduit bien l’ambiance, et s’adapte aux personnages pour offrir un dénouement amené avec finesse.

La générosité pour Gilles, le petit frère de la narratrice est touchante. Leur relation d’autant plus compréhensible explique en quoi celui-ci représente pour elle son « petit rocher de tendresse ». Mais la métamorphose psychologique du garçonnet, angoissante, – et pourtant très cohérente- concentre tous les efforts de la narratrice. Les stratagèmes complexes et créatifs de la narratrice pour aboutir à ses fins se développent  avec logique. Un suspens permanent agite la vie de cette fillette dans cette petite banlieue tranquille.

Par ailleurs, j’ai admiré sa stratégie pour tenter mathématiquement de faire un retour dans le temps. Avec une belle imagination, l’auteure aborde ces grands thèmes : le TEMPS, la machine à remonter le temps, des regrets, des remords, et de la réparation de ses fautes… et elle use d’une certaine dose d’humour.

L’optimisme ficelle le scénario captivant atténue la dramatique violence insidieuse. De sorte, le roman fait presque penser à un conte. L’évocation de la forêt, des animaux, de « pouvoirs » extraordinaires favorisent cette idée.

J’ai beaucoup aimé

L’étude ses personnages. Leur nombre bien pensé, et leur variété procurent une histoire dynamique. D’ailleurs, le père prône au milieu d’eux indirectement. Et avec sa stature totalement crédible, on le déteste autant que la narratrice le redoute. Cet homme, violent et autoritaire est complexe. soupe-au-lait, violent avec femme et enfants, il se veut protecteur mais tyrannique avec sa fille, et stimulant mais impérieux avec son fils. De plus, l’humour (noir) imprègne son imagination dans l’usage de ses sévices.

La mère, inexcusable aux yeux de la narratrice se comporte telle une femme battue, résignée et condamnée.

Pour conclure, ce roman optimiste illustre avec perfection la force d’un refus de la fatalité.

Sorti en poche récemment. Les prix décernés à ce roman sont amplement justifiés selon moi.


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