Résumé : Une famille en équilibre
La perte d’Ă©quilibre d’un père de famille bouleverse le modèle de la rĂ©partition des tâches du foyer.
Après la perte de son travail qui lui correspondait pourtant si peu à Willing’s Emporium, Lester Knapp commet une maladresse plus ou moins volontaire en tombant du toit des voisins. Le résultat de la chute le cloue dans un fauteuil roulant et le rend incapable de subvenir aux besoins de sa famille. De ce fait, son épouse Evangelina, la débrouillardise incarnée, convainc le directeur de Willing’s Emporium de l’embaucher. Très vite, son poste évolue compte tenu de sa compétence naturelle. Cependant, son activité l’accapare tant qu’elle délègue ses anciennes tâches domestiques à ses enfants et son mari. Or, chaque membre de la famille s’accommode de sa propre fonction pour même constater une nouvelle harmonie entre eux.
Mais l’entourage ne perçoit pas cet équilibre et s’inquiète. Alors que va-t-il se passer si l’état de Lester lui permet de reprendre une activité salariée ?
Mon impression sur le livreÂ
La👉 femme au foyer au fil de l’histoireÂ
Resitué dans le contexte historique, ce roman est totalement moderne pour l’époque. Un accident malheureux redistribue la fonction de la mère et du père au sein d’une famille. Un récit écrit il y a 100 ans propose une illustration originale et avant-gardiste sur de la répartition des obligations dans le couple.
Dans son rĂ´le de femme au foyer contrainte de travailler pour « faire cuire la casserole », l’hĂ©roĂŻne s’Ă©panouit. En effet, elle nous rappelle l’histoire de la conquĂŞte de la femme pour sa libertĂ©, dans le travail, par le travail et de pouvoir se rĂ©vĂ©ler en dehors de son champ domestique.
Les personnages sont attachants, y compris les enfants, et chacun occupe une place capitale. À partir du tableau d’une famille respectable, avec l’invalidité du père, la question se pose de subvenir aux besoins de tous. L’auteur apporte une touche personnelle avec l’ingénuité d’Évangéline, une épouse accomplie qui forçait l’admiration avec la gestion de son foyer. Et elle excellera dans son travail en appliquant ce qu’il y avait appris toutes ces années.
Une résilience parfaite.
Comme beaucoup de ses contemporaines, elle affronte les Ă©preuves, le quotidien routinier sans ciller.
Et lĂ , la roue tourne avec un drame. Avec courage et intelligence, elle s’approprie son travail. Et l’apprĂ©cie, pour ne pas dire qu’elle s’Ă©clate ! Son mari, Lester, diminuĂ© par son handicap s’adapte aussi Ă ces nouvelles obligations. Finalement, la catastrophe accidentelle se transforme en providence pour lui, le couple, et la famille.Â
L’écriture suggère les ressentis sans jamais les nommer. MalgrĂ© le gris et le terne un peu monotone du dĂ©but du rĂ©cit, la bienveillance et l’optimisme confèrent au roman une note sociologique et feel good. De plus, datĂ© de 1924, rĂ©Ă©ditĂ© en 2024, il illustre des thèmes avant-gardistes pour cette Ă©poque. Ici, le fĂ©minisme rĂ©sonne, mais avec l’idĂ©e d’ĂŞtre le fruit d’une « fatalitĂ© »  d’exception. D’ailleurs, la femme qui veut et peut travailler prend alors une valeur inĂ©dite.
Personnellement, je me suis retrouvée dans l’ambiance trépidante des grands magasins où se rapproche du👉 Bonheur des dames d’Emile Zola.
Quelques extraits
Une mère désolée :
On ne vous a jamais dit qu’il y avait des moments de clarté aride où vous constatiez, impuissante, que vos enfants ne seraient jamais à votre hauteur, jamais vraiment proches de vous, parce qu’ils n’étaient pas votre genre d’êtres humains, parce qu’il n’était pas vos enfants, mais simplement d’autres êtres humains dont vous étiez responsable ? Quel sentiment de solitude  !