Vivre Ă corps perdu de Robert F. Murhpy
ISBN : 2266055224
Éditeur : Pocket (12/02/1993)
VECU
ma note : âś‘âś‘âś‘
Un anthropologue, professeur d’universitĂ© de Columbia de New-York consulte suite Ă un trouble dans la jambe. Après quelques faux diagnostiques, s’ensuivent de multiples batteries d’examens pour dĂ©couvrir l’improbable mais, le rĂ©sultat aboutit Ă un coup de massue : on finit par diagnostiquer une maladie neurologique dĂ©gĂ©nĂ©rative qui atteint sa moĂ«lle Ă©pinière, dont on sait qu’il se paralysera peu Ă peu ; mais il lui propose une opĂ©ration qui pourrait limiter la progression de ses limitations physiques.
Il se bat malgré les pronostics pessimistes de ses médecins quant à un quelconque espoir de guérison en séances de kinésithérapie pourtant nécessaires pour en limiter la progression.
L’auteur nous dĂ©crit les affres de la perte de son autonomie : il se dĂ©place d’abord en bĂ©quille puis en fauteuil roulant et bientĂ´t, il sera contraint d’utiliser un fauteuil Ă©lectrique. L’auteur nous confie la souffrance psychologique de se savoir et se sentir diminuĂ© ; il dĂ©peint ses modifications notĂ©es dans les comportements de ses proches, de ses collègues et ses Ă©lèves et les analyse. La description qu’il nous rapporte dans le changement de leur attitude avec lui est riche d’observations de cet homme actif et reconnu, devenu soudainement « une personne en fauteuil » Ă qui l’on s’adresse, sa vision du monde d’en bas sur un monde debout renseigne bien le contraste de son vĂ©cu. Le rapport aux autres est totalement bouleversĂ© malgrĂ© lui et malgrĂ© l’entourage.
Il parvient à poursuivre ses cours magistraux en amphithéâtre mais devra résoudre un autre problème, outre celui de la mobilité : celle de la portée de sa voix, atteinte par la maladie et de la difficulté d’être suffisamment audible.
L’auteur nous dresse un tableau social et Ă©conomique des personnes handicapĂ©es qu’il qualifie dans son vocabulaire « d’invalide », terme Ă©valuĂ© et spĂ©cialement choisi par lui après rĂ©flexions.
L’auteur nous dresse un tableau social et Ă©conomique des personnes handicapĂ©es qu’il qualifie dans son vocabulaire « d’invalide », terme Ă©valuĂ© et spĂ©cialement choisi par lui après rĂ©flexions.
Son mĂ©tier qu’il n’a pas cessĂ© d’exercĂ© Ă force d’amĂ©nagements et adaptations l’a conduit Ă ĂŞtre le premier Ă Ă©tudier ce groupe social constituĂ© de « personnes handicapĂ©es ». PlongĂ© dans son Ă©tude, il s’est positionnĂ© en tant qu’observateur de ses congĂ©nères sachant qu’il faisait lui-mĂŞme partie de son public Ă©tudiĂ©.
A travers ce livre et son expĂ©rience, l’auteur dĂ©taille un quotidien dans les moindres dĂ©tails et n’hĂ©site pas Ă dĂ©cortiquer les gestes intimes. Il note les caps psychologiques d’un malade atteint d’une maladie dĂ©gĂ©nĂ©rative oĂą le handicap gagne sans cesse du terrain.
A travers ce livre et son expĂ©rience, l’auteur dĂ©taille un quotidien dans les moindres dĂ©tails et n’hĂ©site pas Ă dĂ©cortiquer les gestes intimes. Il note les caps psychologiques d’un malade atteint d’une maladie dĂ©gĂ©nĂ©rative oĂą le handicap gagne sans cesse du terrain.
Son approche d’étude abordĂ©e en tant qu’anthropologue de formation, Ă©mĂ©rite dans son domaine, est Ă©clairĂ©e sous son prisme, particulier et rare de son vĂ©cu de personne handicapĂ©e, dont le handicap se voit par le fauteuil : le regard professionnel du corps mĂ©dical avec le patient, le regard rĂ©ticent mais plus ou moins empathique de la sociĂ©tĂ©, sur la personne en fauteuil en interaction avec un comportement particulier induit. La place de la personne handicapĂ©e dans sa vie de couple, dans sa famille, dans sa vie professionnelle se trouvent perturbĂ©es Ă l’apparition du handicap, de mĂŞme que doivent ĂŞtre rĂ©visĂ©es les positions financières pour ses personnes.
Le livre écrit dans les années 80 aux Etats Unis reste encore d’actualité dans ses observations, toujours valables dans nos sociétés. Ses critiques de la société dans laquelle il évolue fait sourire avec le recul : il enviait et vantait la France et ses lois notamment celle de 1974, première grande loi sur le handicap. L’amusant de sa remarque est d’autant plus soulignée qu’à cette époque et en France, les personnes handicapées concernées dont je faisais partie prônaient l’Amérique en exemple pour la question de la personnes handicapées et de leur place dans la société. Une partie du livre en mettant en exergue plusieurs points aigus (comme le travail des personnes handicapées, des discriminations toujours présentes et subjacentes) restent malheureusement prégnantes et contemporaines sur ces constatations.
Le livre écrit dans les années 80 aux Etats Unis reste encore d’actualité dans ses observations, toujours valables dans nos sociétés. Ses critiques de la société dans laquelle il évolue fait sourire avec le recul : il enviait et vantait la France et ses lois notamment celle de 1974, première grande loi sur le handicap. L’amusant de sa remarque est d’autant plus soulignée qu’à cette époque et en France, les personnes handicapées concernées dont je faisais partie prônaient l’Amérique en exemple pour la question de la personnes handicapées et de leur place dans la société. Une partie du livre en mettant en exergue plusieurs points aigus (comme le travail des personnes handicapées, des discriminations toujours présentes et subjacentes) restent malheureusement prégnantes et contemporaines sur ces constatations.
Un tableau des années 80 sur les personnes handicapées… pas si poussiéreux que l’on pourrait penser.
Des questions, des remarques, et dites-moi si je vous ai donnĂ© envie de lire le livre… N’hĂ©sitez pas Ă Ă©changer vos impressions. A bientĂ´t pour un autre article !