
2014
168 Pages
On connaît tous Grand Corps Malade en tant que chanteur, doté de sa voix basse. Avec ce livre « Patients » il rentre sans conteste dans la catégorie des écrivains.
RESUME
L’auteur, de son vrai nom Fabien Marseaud, relate les différentes étapes quand il est devenu handicapé suite à un accident de plongeon. Sportif de bon niveau avec des capacités physiques enviables, sa vie a plongé brutalement dans de nouvelles dimensions car les médecins lui ont laissé peu d’espoir de remarcher un jour.
Il nous expose ce parcours de jeune tétraplégique passant de l’hôpital à un centre de rééducation destiné à optimiser sa rééducation et sa mobilité. Transporté en urgence vers l’hôpital, Fabien sera dès lors livré aux mains du corps médical dont il offre un plateau réaliste avec les différents professionnels médicaux et paramédicaux qui s’occupent de lui. Encore dans la force de l’âge, le jeune homme découvre de facto la grande dépendance ; et se familiarise avec brutalité dans sa nouvelle vie de personne handicapée.
Le centre de rééducation se révèle être un univers clos similaire à une prison où les patients confinés pour une durée déterminée, respectent un code de conduite et des horaires, reçoivent des visites, et où monde extérieur devient abstrait. La sociabilité s’établit de facto entre les patients et se crée une solidarité naturelle entre les malades pour se soutenir entre eux dans l’adversité qui les frappe. Fabien Marsaud s’intégrera alors dans un groupe de tétraplégies et paraplégiques réunis par la galère, dont les origines de leurs accidents sont diverses. Chaque membre a son histoire relatée par l’auteur non par voyeurisme, juste pour expliquer la malchance où le destin conduit.
Avec pudeur et sans larmoiement, Fabien Marsaud nous fait partager son quotidien de tétraplégique ; un quotidien dont le néophyte dans ce domaine ne peut imaginer les difficultés enfouies et souvent tues par tabou. L’auteur parvient à nous faire partager son intimité, et enseignement n’est pas transmis sans une certaine gêne, qu’il sait tourner en dérision pour alléger le poids psychologique ressentie.
Tout au long de sa rééducation, la progression de sa récupération évolue pour faire de Fabien Marsaud un « tétraplégique incomplet », conscient de cette rare « chance » qui lui est donnée de pouvoir retrouver la marche. Il marche mais son handicap bien présent l’orientera vers un centre de rééducation adapté pour qu’il puisse suivre des études et trouver un travail ; poursuivre sa vie la plus « normale » possible.
MON AVIS
Loin d’être une adepte de slam, j’avais surtout en tête le timbre grave remarquable du chanteur Grand Corps Malade. A le voir sur écran, quelque chose qui me disait qu’il ne m’était pas inconnu, mais sans plus.
Inspirateur d’un film :
J’ai ensuite regardé la bande annonce de ce film « Patients » sans savoir l’origine de son auteur. Le réalisme et l’humour qui en sortaient m’avaient immédiatement séduite. Je me suis alors promis d’aller le voir. Les dialogues drôles, piquants et pertinents, l’ambiance à la fois lourde et légère et des scènes bien choisies (c’est une bande annonce) sont réunis. Puis, la promotion du film où participait Grand Corps Malade, m’a appris qu’il en était l’instigateur. Comme c’était sa propre histoire, j’ai alors réalisé que oui ! c’était Fabien Marsaud que j’avais rencontré dans un de ces centres au cours d’un de mes séjours de rééducation. Il fallait alors me lancer dans la lecture de son livre avant de me précipiter au cinéma.
Une écriture agréable
La lecture de ce livre se fait avec aisance et rapidité. Fabien manie la langue française comme dans le domaine du slam, avec une belle dextérité littéraire, sans fioriture et efficacité. Sur la forme, rien à reprocher au livre, très agréable à lire.
Pour la fond c’est bien complet. Le parcours d’un accidenté de la moelle y est décrit avec les étapes médicales et psychologiques dans l’apprentissage de cette nouvelle vie. L’humour n’est pas absent et dans un bon goût mesuré, rien à voir avec les cocasseries du film « intouchable » qui traite du même sujet. Là, Fabien Marsaud loin de s’apitoyer reste réaliste sur son vécu et celui de ses compagnons que je caractériserais alors comme « compagnon de galère ».
Quand on regarde ce film d’un œil néophyte, et qu’on s’attarde sur le livre, on découvre que le fauteuil n’est qu’un partie de l’iceberg dans le quotidien de la personne handicapée. Certes, il atteste d’une lourdeur visible du handicap, mais finalement il symbolise surtout la conquête d’une liberté dans la situation de dépendance ; même si Fabien lui, peut se réjouire de sa chance de pouvoir s’en dispenser.
Voici un ouvrage que je pense me procurer pour le lire. J'aime beaucoup ce genre de témoignage. Je trouve que les auteurs de ces livres sont très souvent bouleversants et nulle doute que Grand Corps Malade ne fera pas exception. Dans le même genre j'ai lu "Légume vert" de Philippe Vigand que j'ai adoré aussi. Il n'est pas très long à lire et l'auteur a beaucoup d'humour, si jamais cela te tente.
Je viens de finir le livre de Grand Corps Malade et je rejoins ton avis Annec, j'ai passé un très bon moment à le lire. C'est plein d'humour et il décrit bien le quotidien qu'il a vécu et les épreuves par lesquelles il est passé. Tous ne s'en sortent pas aussi bien que lui, malheureusement. Un grand monsieur, dans tous les sens du terme 😉