RESUME
Chicago, (U.S.A.). Jessica Sloane vit seule avec sa mère Eden, comme seule famille. Le père est inexistant car comme dit Eden : « tout le monde n’a pas de papa, toi tu n’en as pas » ; et de ce fait, s’installe une relation fusionnelle entre mère et fille. Alors, quand le cancer d’Eden récidive, Jessie la veille jusqu’à l’épuisement quand en fin de vie, sa mère se meurt et emporte avec elle son secret sur le père de Jessie.
Quatrième de couverture
Après le décès de sa mère, Eden, Jessica Sloane essaye de reconstruire sa vie. Elle loue un nouvel appartement, s’inscrit à la fac. Mais lorsque l’université l’informe que son numéro de sécurité sociale n’est apparemment pas valide et correspond à une autre Jessie Sloane, toutes ses certitudes volent en éclats. Pire : lorsqu’elle fouille dans les papiers d’Eden, elle se rend compte que celle-ci ne l’a jamais déclarée à charge dans ses revenus… Les jours passent et le mystère ne fait que s’épaissir, aggravé par l’insomnie chronique dont souffre Jessie. Entre l’épuisement et le deuil, sans carte d’identité ni compte en banque, elle commence à perdre pied. Pourquoi sa mère lui a-t-elle caché qui elle était ? Pourquoi a-t-elle toujours refusé de lui parler de son père ? Toute sa vie n’est-elle qu’un terrible mensonge ?
MON AVIS
La lecture de ce livre due à un service de presse proposé par Netgalley et les éditions Harpercollins, que je remercie, m’a laissée avec un sentiment de totale stupéfaction. Deux mots résumeront mon impression : quelle fin !
EN ERRANCE D’IDENTITÉ
La narration de Jessie, notre jeune héroïne, est déconcertante. Même si bien dégourdie pour son âge, elle se retrouve seule sans famille ni mère à devoir gérer la suite de sa vie.
Alors quel effroi pour elle quand, au moment de s’inscrire à la faculté, l’administration ne reconnait pas son existence. Etrange : l’administration ne peut que signifier son décès lorsqu’elle avait trois ans. En cherchant sa carte de sécurité sociale, elle s’aperçoit simultanément que sa mère n’a jamais déclaré sa part aux impots… un oubli du fisc, certainement où elle reste inconnue pour le « Fichier Maître des Décès » où en « ce bas monde rien n’est certain, excepté la mort des impôts ». Au guidon de son « Fidèle Destrier » (son vélo) car sans permis de conduire, comment justifier son identité quand sa propre mère n’est plus là pour l’éclairer sur son histoire ? Qui est-elle ? Elle prend alors conscience de son ignorance concernant sa personne.
Son désarroi est touchant. En plus, en proie à une extrême fatigue, des hallucinations l’assaillent –elles voient des choses et personnes imaginaires, elles entends des bruits qu’elle seule perçoit–. De quoi devenir dingue dans ce dédale de son propre passé face à la rigidité du monde administratif. On trépigne d’impatience devant son hébétude.
Jessie s’engage alors dans la quête de son histoire, car si officiellement elle n’existe pas, elle vit néanmoins, alors, qui est-elle ? Tout est confus pour elle, alors ses recherches vont débuter avec la consultations des archives sur cette autre « Jessica Sloane » née à trois ans. Le doute continue de s’immiscer dans son esprit avec la rencontre fortuite avec une certaine Eleanor Zulpo. Cette ancienne patrone de sa mère s’amusait de Jessie qui, toute petite clamait « je ne m’appelle pas Jessie ». Mais ces souvenirs lointains et flous l’embrouillent… et troublent le lecteur.
AARON ET DEN
En parallèle des chapitres réservés à Jessie qui se dépatouille à relier son identité à son passé, d’autres chapitres rapportent une narration d’une femme, en ménage avec Aaron. Tour juste mariés et très amoureux, ils viennent d’installer leur foyer dans une maison achetée en commun dans le Winconsin dans l’espoir d’un enfant à naître. Mais le couple devra traiter son infertilité… cliquez pour détails…
On assiste à une énumération des traitements des plus simples au plus sophistiqués : prise de température pour elle, compléments alimentaires pour lui, préconisations dépositions pour les rapports sexuels, traitement coûteux, insémination artificielle, etc., tout y passe.
Avec des échecs répétés, le désespoir d’Eden et la désolation d’Aaron le couple s’épuise et finit par battre de l’aile. Mais Eden nourrit toujours cette obsession de maternité et se contente d’être l’observatrice discrète des autres mères, et commence à envisager un autre moyen pour devenir mère. Cette femme suscite un sentiment duel : elle nous attendrit en même temps qu’elle nous effraie.
On se doute qu’Eden va parvenir à ses fins puisque la bataille de Jessie en atteste aujourd’hui.
Mais les questions se multiplient alors : Comment s’y est-elle pris ? Pourquoi a-t-elle terminé dans l’Illinois ? Qu’est devenu Aaron ? Qui est vraiment Jessica ?
Le mystère s’épaissit au fur et à mesure du récit, qui reste cohérent même si les hallucinations de Jessie énervent et segmentent l’avancée de son enquête et la continuité de ses pensées. Le livre nous captive pour notre plus grand plaisir, car on s’entête à essayer de comprendre, ainsi « qui vivra verra ». On flotte dans un brouillard à l’instar de Jessica quand on pense comprendre l’explication, une finale autre surgit, belle idée de chute. Cohérence –primordiale– selon moi au rendez-vous.
C’est alors que les interrogations laissent place aux émotions devant les regrets de tous.
Je recommande ce livre. Ce n’est pas un thriller, mais une histoire à suspens autour d’un mystère à propos de la souffrance d’un couple stérile.