RÉSUMÉ
Jane sous le choc d’un bébé mort-né, doit trouver un logement au loyer plus accessible pour ses revenus réduits à cause d’un congé de maternité forcé. Ainsi, One Folgate Street, une espèce de forteresse des temps modernes répond tout à fait à ses vœux. Dotée d’un système connecté ultra performant, et d’une intelligence artificielle rendue possible grâce à des contacteurs et un wifi, cette maison assure au locataire une sécurité infaillible et un confort pratique. Et sa décoration spartiate, mais ultra-pratique permet de faire abstraction de toute question de goût et de sensibilité esthétique.
Edward Monkford, l’architecte créateur de ce dispositif n’a rien laissé au hasard en restant maître d’une sélection drastique des locataires établi sur un questionnaire exhaustif et méticuleux. Après un entretien, ceux-ci peuvent signer le bail conditionné à des règles strictes, presque liberticides.
Et bientôt, fort de son charisme Edward Monkford va séduire Jane, de plus en plus intriguée de sa ressemblance physique avec sa feue épouse. Alors, à partir de ouï-dire, elle va apprendre sa mort brutale d’Emma, l’ancienne occupante de la maison, ses consultations chez sa psy et sa relation avec Edward. Tous ces ouï-dire ébranlent peu à peu les certitudes de Jane. Est-elle, elle aussi en danger ?
MON AVIS
Comme dans « La femme parfaite », J.P. Delanay, s’exerce à une intrigue psychologique à partir d’un genre d’anticipation. La donnée première de ce thriller domestique tourne autour d’une villa à l’architecture futuriste. Sa conception originelle empreinte de génie devait abriter sa propre famille mais depuis, un mystère l’entoure. La maison est censée influencer l’équilibre psychologique de ses occupants en vue d’optimiser un bien-être ou un mieux-être au risque de faire abstraction de leur intimité.
Des confidences de Jane et d’Emma, des occupantes successives de One Folgate Street s’égrainent au fil des chapitres. Elles cherchaient toutes les deux à panser des souffrances psychologiques encore fraiches dans la sérénité de ce nouveau foyer. Et dans cette quiétude, Edward, le propriétaire, va y insuffler une sensualité troublante et une sexualité torride. Cependant, la vie (des mensonges déjoués, des grossesses compliquées) va contrecarrer des calculs rigoureux de l’architecte.
UN THRILLER DOMESTIQUE
L’intrigue tourne autour des occupantes d’une même maison. Au début, on s’interroge sur les critères pour mériter d’habiter cette maison. Puis, avec quelques questions les plus improbables insérées en tête de chapitres, on se demande quelle est la réponse attendue.
Peu à peu, un mystère qui plane autour de la mort de la famille d’Edward, puis celle d’Emma éveille Jane. Beaucoup de questions taraudent Jane… et nous aussi, donc ! Surtout quand celle-ci s’aperçoit qu’Edward reproduit le même schéma avec les femmes. Sa relation avec s’apparente-t-elle à celle qu’il entretenait avec Emma ? Mais au fait, comment Emma a disparu ?
UN ARCHITECTE, MODELEUR D’UN CADRE DE VIE
La technique d’Edward pour mettre les femmes dans son lit (je vous laisse la découvrir) m’a fait tiquer. L’aspect brutal et amoral déconcerte, certes, mais difficile d’admettre le succès d’un tel procédé. Ce plan « drague » (si on peut ainsi dire) dérange. Apparemment l’auteur l’a fait fonctionner avec des femmes meurtries psychologiquement, ou elle les fait passer pour des femmes faciles, ou des paumées rassurées quand ce genre de cupidon s’intéresse à elles. Un calcul de l’auteur pour renforcer l’idée d’une certaine perversité ne m’a pas plu.
Le charisme extrême de cet homme talentueux lui permet d’exercer une emprise phénoménale sur les femmes qu’il désire. Sa réussite et son talent professionnels expliquent son assurance avec les femmes, mais son art de séduire m’a carrément déplu et pas du tout convaincue : son attitude cavalière avec les femmes me paraît outrancièrement exagérée.
LA MAISON, CADRE DE VIE
L’architecture suggérée soulève de jolies réflexions sur son cadre de vie : peut-elle influencer notre état d’esprit ? Notre conscience s’encombrent-elle de meubles décoratifs, ou d’objets auxquels on accorde une valeur sentimentale ? Quelle place occupe le superficiel chez nous ? L’imagination de l’auteur pour la conception de la maison décrite dans le roman m’a subjuguée.
Une belle intrigue autour d’une maison, de la psychologie avec le thème de la répétition et de nos erreurs inconscientes qui nous animent. La psychologie prend une bonne part dans cet univers.
En bonus de l’intrigue que je qualifierais d’assez captivante, outre la crise du logement, de nombreux thèmes sont abordés : le deuil, les conséquences d’un mensonge, le viol, le choix de la maternité, le choix de la non-paternité, la perte d’un enfant, les choix de la vie, avorter d’un enfant malade ou pas, l’emprise amoureuse, le choix du conjoint, l’adultère, la violence conjugale sous toutes ses formes.
Mais le style d’écriture agréable des 450 pages env. permet une lecture facile avec une intrigue bien menée et un dénouement bien amené.
CITATIONS
« Ne vous excusez jamais pour une personne que vous aimez, lui dit-il sans élever la voix. Vous passez pour un connard. »