RÉSUMÉ
Silicon Valley. États-Unis.
Abbie qui sort d’un long sommeil après un accident revient dans son foyer entourée de son mari Tim et de son fils Danny.
Tim Scott, un geek prodigieux dirige d’une main de fer son entreprise de conception de robots qui joue dans la cour des monstres de l’industrie informatique comme les GAFA. Manipulateur et tyrannique, ses collaborateurs ont été obligés de se soumettre à l’idée de fabriquer un robot à l’image de son épouse disparue il y a quelques années. Ils ont conçu la réplique parfaite de la plastique de la véritable Abigail assortie d’une intelligence artificielle capable d’emmagasiner tous ses souvenirs numérisés. Elle est en plus dotée d’empathie, de sensibilité, voire d’amour. De quoi se méprendre avec une humaine…
Malgré quelques manquements à sa mémoire à combler, cette solution de substitution permet alors à Tim de revivre à nouveau un amour partagé avec son épouse. Malgré tout, les efforts du robot pour s’intégrer à son foyer, Abbie robot n’a en tête que de satisfaire son mari en se conformant au maximum à la véritable Abbie. Pour se familiariser dans son rôle maternel, la baby-sitter de Danny l’aide à apprivoiser la nature autistique de l’enfant, lui-même plutôt impassible devant cette nouvelle présence moins expressive.
Cependant l’imprudence d’Abbie va contrarier la discrétion requise par Tim et bientôt les médias vont faire les choux gras de l’existence du robot, la réplique parfaite d’une femme. Et pas n’importe quelle femme, puisque celle remplace a disparu dans des circonstances douteuses quelques années auparavant. Son propre mari Tim a même été soupçonné d’en être à l’origine. Devant cette nouvelle, poussée par sa nature curieuse, son intelligence et sa sensibilité, le robot reconsidère le fondement de son existence et celle de la véritable Abbie.
MON AVIS
Merci beaucoup à Netgalley et aux éditions Fayard-Mazarine pour ce service de presse. Voici une lecture distrayante et captivante basée sur une idée d’une originalité surprenante.
Ce roman presque d’anticipation augmente l’inquiétant avec le thème choisi qui mérite réflexion comme celui l’omniprésence des robots connectés dans la sphère domestique. L’enquête originale menée par Abbie, une femme d’un genre bien particulier, m’a captivée malgré ma réticence quant au genre « fantastique ». En effet, les méandres de la psychologie humaine dominent l’intrigue.
L’imagination productive et la recherche approfondie de l’auteur sur les nouvelles technologies adaptées à ce thriller déstabilisent et la difficulté à identifier le narrateur – la fin l’éclaircira – augmente l’intrigue. Mais ce robot surprenant, quand il n’inquiète pas de perfection séduit le lecteur qui s’attache à « lui » jusqu’à l’apprécier. Avec sa capacité d’empathie, il incarne l’humanité robotisée. Et le roman reste un thriller domestique qui met en action la rencontre d’un couple et la naissance et l’évolution d’une famille confrontée à la vie.
UNE FEMME PARFAITE : CREDIBLE ?
Bien sûr diraient ceux qui me connaissent ! Le robot humanoïde perfectible déjà très perfectionné est le duplicata parfait de la vraie Abbie, l’idéal de Tim. L’auteur n’a commis aucune BEVUE dans la crédibilité dans la conception de son héroïne. Ses détails techniques et numériques tout à fait compréhensibles savent apprivoiser les profanes en informatique. Les dix premières pages surprennent un peu mais on intègre très vite le récit.
Tant que cette merveille technologique appartient au domaine de l’utopie, le mal est moindre mais fait réfléchir sur notre environnement de plus en plus interactif et de plus en plus intelligent…
LA PSYCHOLOGIE DES PERSONNAGES
Le personnage de Tim procure tout de suite une désagréable sensation d’un homme intelligent et passionné, imbu de son pouvoir. Sa possessivité et son autorité ne cadrent pas avec l’ambition généreuse et saugrenue de recréer sa femme bien aimée à l’identique, l’idée d’ailleurs plutôt malsaine dérange. Alors j’ai apprécié de ne pas avoir été menée en bateau par l’auteur qui n’édulcore pas l’aspect négatif de son caractère et malgré cela, alimente l’intrigue jusqu’à la fin car comme Abbie le robot on s’interroge sur l’obsession malsaine de Tim sur le concept du robot.
Les autres personnages s’articulent bien dans l’histoire et oxygène le risque d’un huis-clos. Ils présentent aussi un intérêt et de la cohérence jusqu’au bout.
L’AUTISME
Ce handicap, trouble ou syndrome, abordé ici de manière bien étayée par l’intermédiaire du personnage de Danny et de ses parents, les héros met en évidence le malaise et désarroi de l’entourage. La déclinaison des réactions intempestives de Danny permettent de retracer le parcours du combattant des parents dès les premières difficultés à identifier ou à mettre un mot sur ces troubles de l’attention. S’ensuit le tâtonnement pour encadrer ces enfants pour un mieux-être en se confrontant les théories relatives à diverses méthodes à choisir. La méthode ABA est ainsi expliquée et c’est intéressant, même si le concept reste encore confus pour moi. Ce roman dénonce aussi l’expérimentation d’autres méthodes plus brutales, à première vue courante et utilisée à l’encontre de ces enfants.
Il peut être intéressant ce roman. Je n’ai pas encore lu « la fille d’avant »