RÉSUMÉÂ
Les liens de la famille Alter se sont distendus depuis le décès de Francine à la suite de son cancer. Juste avant de mourir, celle-ci avait modifié ses dispositions testamentaires en déshéritant son mari Arthur. En effet, leurs enfants Ethan et Maggie devenus légataires universels, Arthur se retrouvait exclu d’un pactole, une fortune dont il ignorait l’existence après toutes ces années. Certes, le cabinet de conseil de Francine garantissait les charges du ménage, mais comment a-t-elle pu constituer ce capital ?
Et, depuis les deux ans de son incinĂ©ration, Arthur n’a pas revu Maggy et Ethan qui semblent avoir organisĂ© leur vie Ă New York. Alors, Arthur organise un week-end de retrouvailles avec ses enfants en Louisiane. LĂ , il espère que de la maison familiale va les amadouer pour qu’ils acceptent de rembourser son crĂ©dit. En effet, ses revenus insuffisants d’universitaire mĂ©diocre l’acculent devant des traites Ă payer d’une maison oĂą il envisage d’installer sa jeune maitresse Ulrike.
Alors, comment va-t-il s’y prendre pour convaincre l’indomptable Maggie, et Ethan, dont il n’a jamais compris l’homosexualité ?Â
MON AVIS
Service de presse : Remerciements au site Netgalley.com, et aux éditions 10-18.
L’idée de base de l’histoire originale séduit : en bataille presque perdue contre un cancer, une femme tellement humiliée de l’infidélité de son mari décide de le déshériter. Ainsi, à la surprise de celui-ci, leurs enfants vont toucher un capital devenu considérable grâce à un placement fructueux durant plusieurs décennies. La revanche sur un mariage mesquin.
 La structure décousue du roman fractionne le présent et le passé. Et bien qu’informatifs, certains détails sur la genèse de la famille auraient mérité d’être abrégés ou élagués, car ils engourdissent d’ennui le lecteur— notamment l’épisode en Afrique —. De plus, les trois personnages principaux stéréotypés restent fades. Pourtant, l’auteur les a façonnés selon des spécimens typiques de la société contemporaine : Maggy, une végétarienne convaincue et Ethan, son fils gay en mal de relation amoureuse.
Cependant, désolée de la rudesse de ma chronique mais la promesse d’une intrigue sympathique a été rompue à cause d’un scénario vacillant. Mais mon avis est atypique vu le nombres de critiques dithyrambiques par ailleurs.
J’AI APPRÉCIÉ
Le personnage d’Ethan.
La scène de la fin du week-end, la plus dynamique. Elle fait sourire. La formulation maladroite de la demande incongrue d’Arthur est totalement décalée et inappropriée avec ses enfants. Les dialogues et les coups de théâtre ravigotent l’ensemble poussif. Dommage qu’elle n’arrive qu’à la fin, car l’auteure m’avait déjà perdue.
Les nombreux thèmes de la société américaine : une société melting-pot, New York, les juifs pratiquants qui côtoient les non-pratiquants, les bobos, les gays, écolos, universitaires, les ambitieux, et les losers.
L’anecdotique application inventée par l’ami de Maggy de géolocalisation sur les traumas passés.
J’AI MOINS AIMÉÂ
L’ALTRUISME à double sens. Alter (=autre), leur nom de famille joue autour de la racine du mot pour correspondre à « altruisme », « alterité »… mais le désintéressement des membres qui la composent tient à leur seule l’impression qu’ils ont d’eux-mêmes. Les valeurs magnanimes de Maggy et Arthur soumettent une idée de bienveillance naturelle avec autrui. En fait, ils flattent leur propre égo alors difficile d’adhérer à leur cause. Finalement, dans la famille, la grand-mère marque des points avec les flèches crues qu’elle lance.
Arthur Alter.
Le fourvoiement au Zimbabwe d’Arthur lors d’une mission humanitaire pour les Humbles Frères illustre sa capacitĂ© Ă encaisser les Ă©checs. AnimĂ© de gĂ©nĂ©rositĂ© en apparence, le scientifique ratĂ© se dĂ©bat surtout pour sa propre carrière d’universitaire en stagnation, voire en rĂ©gression. Mais lĂ encore, la narration dĂ©taillĂ©e des contretemps de l’expĂ©rience africaine lasse autant le lecteur que l’attente de Francine. C’est pourquoi la cohĂ©rence du rĂ©cit coince ici : comment Francine a-t-elle pu choisir ce mari si rĂ©barbatif, et qui en plus a l’insolence de la tromper durant son agonie cancĂ©reuse ? Alors, sa revanche post-mortem m’a rĂ©joui.
Mesquin au fil des lignes, il respire l’égoïsme et sa vanité n’a d’égal que sa médiocrité. De ce fait, il déploie avec ennui pour le lecteur maints efforts pour tenter d’approcher ses enfants. Et là , même dans son exercice de manipulation, il sombre dans la mélasse.
Maggy.
Sa tendance « écolo-vĂ©gĂ©tarienne-Ă©ducatrice humanitaire » m’exaspère de son hypocrisie — selon ma lecture —. MalgrĂ© une nature dite bienfaitrice, et par consĂ©quent bienveillante, elle juge en permanence. Et en dĂ©pit de sa gĂ©nĂ©rositĂ©, elle rĂ©ussit Ă profiter des produits de son hĂ©ritage. Sa position vis-Ă -vis son père alimente aussi l’idĂ©e d’une charitĂ© superficielle : le pragmatisme de la vie Ă©dulcore les tempĂ©raments utopistes. Ses qualitĂ©s humanitaires l’exemptent d’ailleurs de toute remise en cause, la plaçant mĂŞme dans une situation d’égoĂŻsme sous-jacent.Â
#LesAltruistes #NetGalleyFrance
CITATION
Cette femme fluette à la choucroute enduite d’Aqua Net était une fine observatrice de la dynamique sociale, un génie de la critique armé d’un arsenal de vacheries déguisées en compliments.