RESUME
Julie, cĂ©lĂšbre auteur sous la plume de Julie Apple, cherche Ă rester anonyme et tait sa notoriĂ©tĂ©. Il y a un an, avec son mari Daniel Prentice et leurs deux enfants, ils se sont installĂ©s dans la bourgade de Mount Adam dans le Cincinnati. En fait, Julie voulait surtout fuir Tacom et Ă©chapper Ă la surveillance malveillante et invivable dâune certaine Heather Stanhope. En effet, lors lĂ -bas, Julie subissait le harcĂšlement incessant de la part de cette femme suite Ă la sortie de son unique best-seller « Le jeu de lâassassin ».  Â
Or, aujourd’hui, Julie dans son quartier paisible doit cependant composer avec les contraintes d’un voisinage rĂ©gentĂ© par Cindy Sutton instituant des rĂšgles strictes et intrusives, oĂč chacun sâĂ©pie.
Et dans sa nouvelle vie rangĂ©e de mĂšre de famille, oĂč elle sâadonne Ă lâĂ©criture de son second roman commandĂ© par son Ă©diteur, elle fait la connaissance de son voisin John Dunbar lors de son jogging quotidien. Leur amitiĂ© particuliĂšre qui en dĂ©coule ne passera pas inaperçue dans voisinage. Sa discrĂ©tion tant recherchĂ©e est anĂ©antie⊠et cette relation sera source aujourdâhui dâun procĂšs au tribunal. Mais pour quelle raison ?
MON AVIS
Le roman de 300 pages se divise en chapitres dont les narrateurs sont Julie ou John.
On joue avec le temps
Certains chapitres offrent un compte Ă rebours des douze derniers mois. D’autres dĂ©comptent les heures dâune seule journĂ©e, dont celle dâaujourdâhui. Cette combinaison de dĂ©caler le temps, participe Ă garder l’attention du lecteur en misant sur le mystĂšre de l’intrigue de ce jour de procĂšs. Mais quel procĂšs ? Les motivations et la cause n’en seront dĂ©couvertes qu’Ă Â lâextrĂȘme chapitre final.
La lecture nous Ă©clairera par petites touches. En attendant de comprendre, elle nous captivera malgrĂ© une certaine platitude des Ă©vĂ©nements et du rituel des journĂ©es. La tension nĂ©anmoins latente et omniprĂ©sente provient de la psychologie des deux personnages principaux, c’est-Ă -dire Julie et John dans leur narration et de la relation qui les lie : une relation ambiguĂ«. Et l’interrogation rĂ©currente dans la tĂȘte du lecteur sera : qu’a-t-il pu bien se passer pour en arriver lĂ ?
Desperate Housewife revisité
Le dĂ©but du roman nous transporte dans le monde tranquille d’une banlieue amĂ©ricaine, adaptĂ©e Ă la Middle Class, avec des maisons et des familles bien rangĂ©es. Le voisinage bien assorti de gens sans problĂšme apparent s’assimile bien Ă l’ambiance du feuilleton amĂ©ricain Desperate Housewife. Peu Ă peu l’auteur nous renverse vers le monde des Marx Brother oĂč chacun sâĂ©pie, cancane sur les pratiques des uns et dĂ©nonce les attitudes des autres.
La mĂ©thode de la redoutable Cindy Sutton avec les repas mensuels imposĂ©s entre voisins, ses rĂšgles strictes, les newsletters intransigeantes, et la surveillance dâi-voisin⊠rendent les lieux sĂ©curisĂ©s et paradoxalement dĂ©rangeants.
UNE AUTEURE, VICTIME DE HARCĂLEMENTÂ ?
Lâauteur instille le doute quant au personnage de Julie au sujet de son harcĂšlement rĂ©ellement subi, Ă se demander si elle affabule ou si elle est sincĂšre. Mais cette probabilitĂ© effraie cependant quand on Ă©value ici l’arsenal des moyens technologiques et informatiques Ă disposition dans notre monde contemporain. La malchance qui s’acharne sur Julie lâhumanise : elle inspire automatiquement la pitiĂ©. Mais, quand elle tente de rĂ©cupĂ©rer ses erreurs dĂ©sastreuses, elle empire encore sa situation⊠du coup, les catastrophes surajoutĂ©es sont presque trop nombreuses pour ĂȘtre crĂ©dibles.
Le mĂ©tier dâĂ©crivain occupe une place intĂ©ressante avec son parcours professionnel particulier. Son succĂšs fulgurant fera rĂȘver les auteurs qui sâĂ©vertuent Ă conquĂ©rir des maisons dâĂ©dition et un lectorat prodigieux et reconnaissant. Tout reposerait sur le hasard ?!
En fait, lâinspiration de Julie pour son premier roman repose sur la mort suspecte dâune de ses camarades de facultĂ©. Un fait divers sur le campus oĂč elle est indirectement mĂȘlĂ©e lors de ses Ă©tudes. La crĂ©ativitĂ© de lâĂ©crivain Ă©toffe la rĂ©alitĂ© pour procurer au lecteur du relief. C’est rassurant pour les Ă©crivains en germe qui doutent : les muses ne sont pas toujours lĂ , car ici Julie, engagĂ©e auprĂšs de son Ă©diteur peine Ă Ă©crire le nombre de feuillets exigĂ©s au contrat.
Le mystĂšre de la raison dâune journĂ©e particuliĂšre et sans vouloir en dĂ©voiler trop (il sâagit dâun procĂšs), cela nous interroge jusquâĂ la fin sur les raisons et les aboutissants de ce procĂšs.
Jâai bien aimĂ©
Le livre Ă l’Ă©criture agrĂ©able se lit vite, et distrait. Un bon roman, mais lâhistoire ne marquera pas les mĂ©moires. Je remercie nĂ©anmoins Netgalley de m’avoir permis de le dĂ©couvrir.
J’ai moins aimĂ©
La relation suggĂ©rĂ©e entre Julie et John, cette attirance maĂźtrisĂ©e est inutile Ă lâintrigue car cela nâapporte pas grand-chose Ă part la scĂšne du baiser avancĂ©e assez lourdement.
Quelques citations
Tout le monde a son lot de complications, dans la vie.
Parfois on les choisit parfois elles sâimposent.
Lâimportant est de savoir les diffĂ©rencier.
Nous portons tous des masques. Le plus difficile, câest de savoir le maintenir en place.
Apparemment le harcĂšlement Ă©tait un comportement qui trouvait son origine dans une combinaison de solitude, de faible estime de soi, et dâĂ©gocentrisme exacerbĂ©. Comment quelquâun qui avait une faible estime de soi pouvait avoir un Ă©gocentrisme exacerbĂ© ne me fut jamais rĂ©ellement expliquĂ©.
 Nous faisons chaque jour des choix qui nous entrainent sur une voie plutĂŽt quâune autre. Et si jâai appris quelque chose câest quâil y a trĂšs peu de panneaux indicateurs le long du chemin.
 La mĂ©moire nâest pas fiable. Nous voyons ce que nous voulons voir, entendons ce qui nous plait, et nous souvenons de ce qui nous touche. Cela sâappelle la condition humaine.
 Avez-vous lu le livre, d’accord ou pas d’accord avec moi ? N’hĂ©sitez pas Ă laisser un commentaire…