RESUME

Janv. 2018
400 pages
Julie, célèbre auteur sous la plume de Julie Apple, cherche à rester anonyme et tait sa notoriété. Il y a un an, avec son mari Daniel Prentice et leurs deux enfants, ils se sont installés dans la bourgade de Mount Adam dans le Cincinnati. En fait, Julie voulait surtout fuir Tacom et échapper à la surveillance malveillante et invivable d’une certaine Heather Stanhope. En effet, lors là-bas, Julie subissait le harcèlement incessant de la part de cette femme suite à la sortie de son unique best-seller « Le jeu de l’assassin ».
Or, aujourd’hui, Julie dans son quartier paisible doit cependant composer avec les contraintes d’un voisinage régenté par Cindy Sutton instituant des règles strictes et intrusives, où chacun s’épie.
Et dans sa nouvelle vie rangée de mère de famille, où elle s’adonne à l’écriture de son second roman commandé par son éditeur, elle fait la connaissance de son voisin John Dunbar lors de son jogging quotidien. Leur amitié particulière qui en découle ne passera pas inaperçue dans voisinage. Sa discrétion tant recherchée est anéantie… et cette relation sera source aujourd’hui d’un procès au tribunal. Mais pour quelle raison ?
MON AVIS
Le roman de 300 pages se divise en chapitres dont les narrateurs sont Julie ou John.
On joue avec le temps
Certains chapitres offrent un compte à rebours des douze derniers mois. D’autres décomptent les heures d’une seule journée, dont celle d’aujourd’hui. Cette combinaison de décaler le temps, participe à garder l’attention du lecteur en misant sur le mystère de l’intrigue de ce jour de procès. Mais quel procès ? Les motivations et la cause n’en seront découvertes qu’à l’extrême chapitre final.
La lecture nous éclairera par petites touches. En attendant de comprendre, elle nous captivera malgré une certaine platitude des événements et du rituel des journées. La tension néanmoins latente et omniprésente provient de la psychologie des deux personnages principaux, c’est-à-dire Julie et John dans leur narration et de la relation qui les lie : une relation ambiguë. Et l’interrogation récurrente dans la tête du lecteur sera : qu’a-t-il pu bien se passer pour en arriver là ?
Desperate Housewife revisité
Le début du roman nous transporte dans le monde tranquille d’une banlieue américaine, adaptée à la Middle Class, avec des maisons et des familles bien rangées. Le voisinage bien assorti de gens sans problème apparent s’assimile bien à l’ambiance du feuilleton américain Desperate Housewife. Peu à peu l’auteur nous renverse vers le monde des Marx Brother où chacun s’épie, cancane sur les pratiques des uns et dénonce les attitudes des autres.
La méthode de la redoutable Cindy Sutton avec les repas mensuels imposés entre voisins, ses règles strictes, les newsletters intransigeantes, et la surveillance d’i-voisin… rendent les lieux sécurisés et paradoxalement dérangeants.
UNE AUTEURE, VICTIME DE HARCÈLEMENT ?
L’auteur instille le doute quant au personnage de Julie au sujet de son harcèlement réellement subi, à se demander si elle affabule ou si elle est sincère. Mais cette probabilité effraie cependant quand on évalue ici l’arsenal des moyens technologiques et informatiques à disposition dans notre monde contemporain. La malchance qui s’acharne sur Julie l’humanise : elle inspire automatiquement la pitié. Mais, quand elle tente de récupérer ses erreurs désastreuses, elle empire encore sa situation… du coup, les catastrophes surajoutées sont presque trop nombreuses pour être crédibles.
Le métier d’écrivain occupe une place intéressante avec son parcours professionnel particulier. Son succès fulgurant fera rêver les auteurs qui s’évertuent à conquérir des maisons d’édition et un lectorat prodigieux et reconnaissant. Tout reposerait sur le hasard ?!
En fait, l’inspiration de Julie pour son premier roman repose sur la mort suspecte d’une de ses camarades de faculté. Un fait divers sur le campus où elle est indirectement mêlée lors de ses études. La créativité de l’écrivain étoffe la réalité pour procurer au lecteur du relief. C’est rassurant pour les écrivains en germe qui doutent : les muses ne sont pas toujours là, car ici Julie, engagée auprès de son éditeur peine à écrire le nombre de feuillets exigés au contrat.
Le mystère de la raison d’une journée particulière et sans vouloir en dévoiler trop (il s’agit d’un procès), cela nous interroge jusqu’à la fin sur les raisons et les aboutissants de ce procès.
J’ai bien aimé
Le livre à l’écriture agréable se lit vite, et distrait. Un bon roman, mais l’histoire ne marquera pas les mémoires. Je remercie néanmoins Netgalley de m’avoir permis de le découvrir.
J’ai moins aimé
La relation suggérée entre Julie et John, cette attirance maîtrisée est inutile à l’intrigue car cela n’apporte pas grand-chose à part la scène du baiser avancée assez lourdement.
Quelques citations
Tout le monde a son lot de complications, dans la vie.
Parfois on les choisit parfois elles s’imposent.
L’important est de savoir les différencier.
Nous portons tous des masques. Le plus difficile, c’est de savoir le maintenir en place.
Apparemment le harcèlement était un comportement qui trouvait son origine dans une combinaison de solitude, de faible estime de soi, et d’égocentrisme exacerbé. Comment quelqu’un qui avait une faible estime de soi pouvait avoir un égocentrisme exacerbé ne me fut jamais réellement expliqué.
Nous faisons chaque jour des choix qui nous entrainent sur une voie plutôt qu’une autre. Et si j’ai appris quelque chose c’est qu’il y a très peu de panneaux indicateurs le long du chemin.
La mémoire n’est pas fiable. Nous voyons ce que nous voulons voir, entendons ce qui nous plait, et nous souvenons de ce qui nous touche. Cela s’appelle la condition humaine.
Avez-vous lu le livre, d’accord ou pas d’accord avec moi ? N’hésitez pas à laisser un commentaire…