Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💜💜💜💜💜REINE DE BEAUTE d’Amy K. Green

RÉSUMÉ

Belfond
28 mai
416 p.

 Résumé

U.S.A Wrenton (Nouvelle-Angleterre).
Jenny 13 ans, a été retrouvée morte dans la forêt, violée et sauvagement assassinée. L’adolescente, se distinguait dans des concours de beauté du genre mini Miss, et sa réussite était la fierté de ses parents, a contrario de sa demi-sœur aînée Virginia, l’exemple à ne pas suivre. En effet, âgée de treize ans de plus que Jenny, Virginia semble un peu paumée et mène une vie solitaire sans aspirer à un emploi stable. Avec leurs goûts aux antipodes, les deux sœurs ne se sont jamais senties proches, et aujourd’hui, Virginia culpabilise de n’avoir pas été la grande sœur qu’elle aurait dû être.
Quand  la police interroge tous les proches qui sont invariablement soupçonnés, Virginia veut s’impliquer dans l’enquête d’un part pour rendre justice à la mémoire de sa sœur et ainsi s’en rapprocher a posteriori. Et d’autre part, elle doute de la culpabilité de Benjy, un jeune fanatique obsédé par la « carrière » de Jenny, bien trop simplet pour être coupable comme en est persuadée la police. Alors, la jeune femme compte mettre en lumière et convaincre Brandon, l’enquêteur officiel de l’erreur de la police et convaincre. Et bientôt, ils vont découvrir ensemble, d’autres suspects potentiels dans la vie Jenny, une ado plus dévergondée qu’elle n’y paraissait.

Mon avis

Je remercie les éditions Belfond et le site internet Netgalley pour ce service de presse qui m’a permis de découvrir cette auteure pour son premier roman, une excellente surprise / coup de cœur. 

Un dénouement surprenant

Principale narratrice, Virginia se raconte sans prendre de pincettes pour décrire ses addictions à l’alcool, sa dépendance à Mark, sa solitude. Elle entretient dans ses chapitres humour et sarcasme pour aborder les sujets difficiles et avec lucidité elle admet sa non-relation paternelle, et son antipathie pour sa belle-mère.

Quelques chapitres décrivent les derniers jours précédant la mort de Jenny et se recoupent avec ceux de Virginia. Peu à peu, tout en finesse, on peut comprendre les événements durant la nuit de sa mort. Cependant vous devrez patienter jusqu’à la fin du roman pour comprendre le dénouement fatal qui ne manque pas de rebondissements insoupçonnés. Personnellement, j’ai apprécié avoir un petit pas d’avance sur les antagonistes, comme par exemple, Virginia. Ce qui, ne vous méprenez pas,  n’enlève rien à l’intrigue d’en savoir plus que les narrateurs.

UNE FAMILLE AUX LIENS DÉCOUSUS

Un drame a touché une famille sans problèmes apparents, mais intéressante en elle-même où chaque membre détient sa propre histoire, ses mensonges, ses vérités. On y trouve : Calvin, père absent  et secret dont la première épouse s’est suicidée, une fille aînée Virginia un peu  taciturne et solitaire, une seconde épouse Linda superficielle qui a pour seul centre d’intérêt les concours de beauté de sa fille Jenny. Dans ce tableau terne, la seule petite étincelle de couleur qui brillait était la petite Jenny. Donc, sa mort va détruire l’équilibre tangent de cette famille. Et chacun, à cause de ces travers va indirectement sans le savoir, être relié à la mort de Jenny.

Beaucoup de thèmes abordés à propos de la société

l’homosexualité, la double vie, adultère, le suicide, l’adolescence, la parentalité possessive, la dépendance affective, l’alcoolisme, la solidarité de deux sœurs, le célibat, la pédophilie.

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JENNY: « sois belle et tais-toi »

La reine de beauté, une petite fille que tout le monde admire : mignonne, docile, irréprochable. Et pourtant, après avoir joué « sois belle et tais-toi », celle-ci s’est rebellée car elle aspirait à autre chose. Sa condition de « petite fille adulée de tous », petite fille parfaite, adorée et admirée permet de  réfléchir sur l’attitude de parents qui exhibent – sans arrière-pensées lubriques – sur les réseaux sociaux leurs enfants objets de leur narcissisme.

Loin d’être intrigante, Jenny détenait nombre d’informations et secrets sur beaucoup de gens. Finalement la jeune fille comptait aussi beaucoup de personnes qui auraient pu craindre ses indiscrétions. En plus, Jenny, inspirait des fanatiques adeptes de froufrous et de jeunesse, à la limite ou non de la perversion. Ainsi, beaucoup comme son père, JP, Gil, Mallory, M. Renkins s’invitent sur la liste des suspects répertoriés par Virginia… et par là même, sur la nôtre car le lecteur s’interroge autant qu’elle !

Virginia, héroïne de l’ombre

Le choix du prénom « Virginie » laisse songeur quand on pense à sa virginité perdue pour Mark, son professeur de mathématiques d’une quinzaine d’années plus vieux. Plusieurs années après leur rupture qui la perturbe encore, la relation limite pédophile reste l’objet unique de son obsession. Et le livre soulève le problème des consentements des adolescentes avec des adultes qui ont une autorité sur elles : viol ou pas ? D’ailleurs cette liaison sera au cœur du livre à tout point de vue, sans vouloir gâcher l’intrigue, car elle va obscurcir la vision des choses dans le déroulement des événements…

La narration de Virginie dynamique du roman apporte une sincère approche sur son environnement social et familial et sans clémence sur sa personne. De ce fait, elle est attachante. Pourtant, son tempérament s’explique car elle est celle que personne n’a jamais essayé de comprendre et représente aux yeux de tous, surtout sa famille, celle qui a mal tourné. Et pour cause, rancœur, solitude et incompréhension ont façonné sa vie, où le seul à lui avoir apporté de l’amour est Mark, son professeur de mathématiques quand elle était au lycée. Effacée par sa sœur, dédaignée par son père, ignorée par sa belle-mère, et une mère qui l’a lâchée pour se suicider, elle est néanmoins un certain exemple de résilience et de dévouement…  forte de son indépendance. Finalement elle se montre être une sœur exemplaire, à posteriori…

Ne passez pas à côté de cet excellent roman ! 

Citations :

 À mes yeux, elle n’était que l’incarnation de ce que mon père aurait voulu que je sois, et donc mon ennemie naturelle. Peut-être qu’il n’était pas trop tard pour apprendre à la connaître. Il fallait bien que quelqu’un le fasse.

Mais de plus en plus aussi, j’avais envie qu’il soit coupable, coupable d’un crime qui, pour de bon, ne convaincrait qu’il était un salaud et me permettrait de tourner la page.

 

Reader Comments

  1. J’aime beaucoup la couverture et ta chronique donne envie de découvrir ce livre dont j’en avais encore jamais entendu parler !
    Merci donc pour la découverte !
    Bon dimanche !

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