Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

ENTRETIEN AVEC GÉRARD SARYAN

RENCONTRE D’UN AUTEUR À L’ESPRIT IMAGINATIF

Taurnada
01/23
360 p.

J’ai beaucoup apprécié « Sur un arbre perché » cf. ici chronique parue le 1er février. La folle aventure d’une belle-mère qui culpabilise à cause de la disparition du fils de son conjoint. À partir de la gare de Lyon, on part en Albanie, en Suisse, dans le Loiret… sa quête ne s’arrête pas, pour arriver sur un final scotchant. J’ai eu la chance de rencontrer son auteur Gérard Saryan lors d’une séance dédicace à Chambéry le 8 avril dernier. 

  •  Annec : Bonjour Gérard, merci de m’accorder cet interview, malgré votre emploi du temps chargé. en vous ayant un peu suivi à travers les réseaux sociaux, j’ai noté vos rituels d’écriture : vous écrivez le matin très tôt, et en plus vous travaillez par ailleurs.
Gérard : Oui, c’est exact. Le matin, j’ai les idées claires avant et généralement je relis ce que j’ai écrit la veille, et en fin d’après-midi, je poursuis mon récit en cours. J’éprouve un besoin d’écrire tous les jours pour mon plaisir et mon équilibre. J’estime pouvoir, maintenant, m’accorder du temps pour cette activité qui me tient à cœur. J’y consacre donc quelques heures quotidiennes, même en vacances mises à part certaines exceptions comme cette journée de dédicaces où nous nous rencontrons tous les deux, à Chambéry (une ville que, dites-vous, « j’affectionne vraiment »).
  •  Alors c’est pour ça que vous en avez situé quelques scènes à Chambéry comme notamment le commissariat, où le grand hôtel ?
Oui tout à fait. C’est une sorte d’hommage à une ville que j’adore. Pour y avoir vécu également, j’en ai gardé de très bons souvenirs.
  •  Vous vivez à Lyon. Peut-être un jour, à nouveau Chambérien ?

… 😊

  •  Un écrivain a souvent envie de relire, retravailler ses écrits. Êtes-vous pareil et quand sentez-vous, savez-vous que votre roman est achevé ?
Effectivement, l’écrivain a toujours envie de proposer un texte parfait, d’améliorer le style, de peaufiner des phrases avec un vocabulaire plus précis, pour mieux traduire ce que l’on veut dire. Même encore aujourd’hui, j’aurais tendance à vouloir rendre « Sur un arbre perché » plus efficace…
Heureusement à un certain moment, la maison d’édition joue son rôle dans ce processus infini, qui risque de ne jamais s’arrêter et alors elle me dit : « Stop, on ne touche plus à rien ». 
  •  J’ai vu quelque part que vous lisiez beaucoup. Quand avez-vous le temps de le faire et quelles lectures vous inspirent ? A quoi vous attachez-vous en priorité ?
Je dis souvent que je lis tout et n’importe quoi. Et surtout n’importe quoi. 😊 J’ai eu ma période biographies. Des biographies en tous genres, d’’hommes politiques à des femmes célèbres, surtout. Et quand je lis des romans policiers, je m’attache surtout à l’intrigue, à sa construction. J’observe la façon dont elle est présentée, en me demandant toujours si j’aurais pu concevoir un tel scénario, s’il me parle. En ce moment, je me replonge dans des classiques. 
  •  Dans votre roman « Sur un arbre perché », on dérive à partir d’une disparition d’enfant (ce ne sont que les prémices d’une aventure exceptionnelle) pour évoquer un trafic d’enfants en Albanie (entre autres) ? De vous vient cette idée, et comment réalisez vous vos recherches ?
L’idée me vient de mes observations. Je pars très souvent d’un évènement réel. Je prends généralement ce fait divers et essaye de le comprendre. Commence alors le travail de recherches. Quant à mes idées, elles me viennent avec les discussions et au gré de mes rencontres.
  •  Comme maladie rare, le situs inversus, c’est fictif ou tout est véridique et inspiré d’après des faits réels ?
Oui, c’est tout à fait vrai. Cette maladie existe vraiment, et je vous encourage à vous renseigner. Elle est assez inconnue du grand public même si des personnes célèbres en sont atteintes.
  • J’irai voir, merci. La liberté dans la description des lieux … Pourquoi ne pas s’appuyer sur l’existant ? Lyon, Chambéry, Gare de Lyon.
Pourtant, pour Chambéry, j’ai situé des scènes au commissariat qui existe bien en l’état. Oui, c’est vrai, le Grand hôtel à Chambéry n’existe plus depuis des années.
  •  Je crois que j’aime bien me rattacher à des endroits que je connais pour restituer l’héroïne, même si c’est une pure fiction. Et pour la villa de Maître Girod, c’est une imagination de votre esprit ?
Alors, non à Lyon, ce type de demeure existe. Pour la crédibilité de mon développement, et les besoins du roman, je souhaitais une propriété semblable qui pouvait recéler des mystères familiaux, avec un jardin et des cheminements plus ou moins cachés qui aboutissent sur des parcs (ici, parc de la tête d’or).
D’ailleurs, on retrouve ces spécificités dans un boulevard typique de Lyon. Je m’en suis inspiré, ainsi que des cimetières privatifs qu’ils enfouissent. Ces tombes, creusées et installées chez des particuliers, sont une possibilité peu connue et assez confidentielle.
  •  Alice a un caractère particulièrement fort. Elle a l’étoffe d’une héroïne. Est-ce qu’elle n’est un peu exagérée dans le courage que vous avez attribué ?
On m’a déjà dit ça. Mais je cherche avant tout à ce que l’héroïne en soit une véritable et qu’elle transporte le lecteur. Il faut pour moi, que ses aventures et ses prouesses vous embarquent. Un livre doit vous sortir de votre quotidien ne pas vous le replonger dans la noirceur de l’actualité.
  • Vous assurez une grosse promotion sur ce livre et effectuez de nombreux déplacements, et est-ce que votre ME (maison d’édition) vous appuie ou vous assiste dans ce travail ?
Taurnada m’accompagne depuis le départ dans cette aventure. J’aime beaucoup l’échange avec Patricia et Joël. On partage beaucoup de choses ensemble. C’est important.
  • Des projets ? dans un autre genre ?
Je suis en préparation d’un nouveau roman, un policier, qui devrait sortir en 2024.
  • Alors j’ai hâte de vous lire à nouveau 🙂