Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💙💙💙💙ANNE DE GREEN GABLE de Lucy Maud Montgomery

RÉSUMÉ

Toussaint Laventure 08/10/2020 380 p.

 

Shirley Anne, une petite orpheline de 11 ans, a Ă©tĂ© adoptĂ©e par de vieux cĂ©libataires Marilla et Matthew Curthbert, un frère et une sĹ“ur. En fait, en dĂ©pit d’un garçon plus utile pour les travaux de la ferme, ils dĂ©cidèrent de garder avec eux Anne Shirley arrivĂ©e chez eux par erreur. Étourdis par la grandiloquence et le verbe sympathique de cette petite rousse, ils furent charmĂ©s par ce caractère optimisme, et l’accueillirent dans leur foyer soudainement animĂ© par la vivacitĂ© crĂ©ative de l’enfant.
Studieuse et bonne Ă©lève, Shirley Anne gagne vite en popularitĂ© auprès de ses petites camarades d’Ă©cole et une relation d’amitiĂ© très forte la soude avec son amie de cĹ“ur Diana. Cependant, emportĂ©e par ses rĂŞveries et son imagination intarissable, Anne Shirley va se retrouver victime de son Ă©tourderie qui lui occasionnent des bourdes et des gaffes Ă  rĂ©parer. Pourtant ces travers sans entraver sa gĂ©nĂ©rositĂ© et son opiniâtretĂ© renforce l’attachement qu’elle suscite autour d’elle.
Une bonne leçon de vie, un optimisme et une philosophie à suivre.

MON AVIS

Mes très vifs remerciements pour la proposition de ce service de presse s’adressent aux Ă©diteurs  et le site internet babelio.com, leur intermĂ©diaire. Une dĂ©couverte pour moi d’un « classique Jeunesse » de la Canadienne Maud Lucy Montgomery.  J’ai beaucoup apprĂ©ciĂ© la gazette jointe Ă  l’ouvrage riche de renseignements sur l’auteure et sur le roman lui-mĂŞme. L’ouvrage qualifiĂ© de « livre jeunesse » digne d’une excellente distraction voire une ressource d’optimisme s’adresse pourtant Ă  tous ceux qui apprĂ©cient une Ă©criture agrĂ©able.

Une auteure à succès (1874-1942), cliquez sur la bande verte ci-dessous 

maison d’Anna Green

Ses œuvres, ses récompenses, sa vie

Elle a publiĂ© plus de 500 nouvelles, 20 romans, de recueil de poĂ©sie et de nombreuses anthologies de ses journaux et essais. Ses livres se sont vendus Ă  plus de 60 millions d’exemplaires Ă  travers le monde point Ă  lui seul, Anne de Green Gables a Ă©tĂ© traduit en pas moins de 36 langues ainsi qu’en braille, sans compter des dizaines d’adaptations sous diffĂ©rents formats. Beaucoup de rĂ©compenses : NommĂ©e Officier de l’Ordre de l’Empire Britannique et de l’Institut littĂ©raire et artistique de France, c’est Ă©galement la première femme Ă  devenir membre de la British Royal Society of Arts, en plus d’ĂŞtre dĂ©clarĂ©e Personne d’importance historique nationale par le Canada. Après la mort de sa maman, elle a Ă©tĂ© Ă©levĂ©e par ses grands-parents maternels sur l’Ă®le du prince Édouard qui deviendra le théâtre des aventures d’Anne Shirley. Ă€ 9 ans, elle se met Ă  Ă©crire de la poĂ©sie et Ă  tenir un journal, et Ă  l’adolescences des nouvelles. Sans diplĂ´me pour des motifs financiers elle commença des Ă©tudes de littĂ©rature anglaise. En 1905 elle achève son premier roman Anne de Green gables qui n’a connu le succès qu’en 1908. En 1911 elle Ă©pouse un pasteur presbytĂ©rien Ewen Macdonald. Elle aura trois fils dont le second mourra Ă  la naissance. Son mari atteint d’une maladie mentale, elle de dĂ©pression va se suicider en 1942.

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La fraicheur du roman sur la biographie de cette fillette qui devient ado puis jeune adulte suggère une jolie philosophie et la vivacité du personnage imaginatif procure sourires sur les frasques commises dans un tableau picturale poétique…

ROMAN HISTORIQUE

Le vocabulaire, les personnages et le dĂ©cor surannĂ©s nous enveloppent du cadre villageois d’Avonlea (Canada).

Cette société traditionnelle du fin XIXe début 20è rappelle celle de la série « La petite maison dans la prairie » (version U.S.) du même genre de biographie.

Les habitants de ce microcosme s’animent autour des enfants, des commères qui surveillent le voisinage, des mères de famille respectables, de travailleurs manuels ; le tout Ă©voluant sous l’Ă©gide de l’instituteur, ou du pasteur. Tous ces personnages revivent sous la plume de L.M. Montgomery.

On baigne dans les règles de biensĂ©ance de l’Ă©poque en observant le rĂ´le de la femme, de l’Ă©ducation de l’instruction, et oĂą la religion façonnent la sociĂ©tĂ© ici un peu dĂ©tournĂ©e avec humour. C’est encore plus remarquable quand on sait que l’auteure a Ă©pousĂ© un pasteur ! Ici, l’originale hĂ©roĂŻne toujours prĂ©occupĂ©e de bienveillance prĂ©sente le dĂ©faut et la qualitĂ© d’ĂŞtre dotĂ©e d’une loquacitĂ© et d’un optimisme Ă  toute Ă©preuve.

 

UN NATUREL DE PURETE

L’intelligence et la loquacitĂ© d’Anne (Anne avec un e, elle y tient) conquièrent le lecteur. La candeur et la spontanĂ©itĂ© de cette petite fille vindicative jusqu’Ă  l’insolence sont autant d’atouts que d’inconvĂ©nients pour elle mais sa franchise l’aide Ă  son insu dans l’art de se faire aimer. Ce livre rempli de puretĂ©, offre une lecture qui rĂ©conforte des adversitĂ©s de la vie, et je pense aux ados, qui comme pour Anne, le monde s’effondre si facilement avec quelque contrariĂ©tĂ©. Cet âge oĂą l’on passe sans transition de l’abĂ®me du dĂ©sespoir à l’enthousiasme Ă©perdu.

L’Ă©toffe du hĂ©roĂŻne au caractère si affirmĂ© endossĂ©e par Anne, n’est pas si forcĂ©e par la plume de l’auteure si on s’imagine un enfant dotĂ© d’une intelligence intellectuellement prĂ©coce. Sa mĂ©thode pour adoucir la rĂ©alitĂ© plus conforme Ă  sa sensibilitĂ© est remplie de sagesse et de poĂ©sie : elle s’attache aux dĂ©tails, renomme les endroits alentour avec des noms gracieux, et accorde Ă  l’imagination une place prĂ©pondĂ©rante. Voici une magnifique illustration de la rĂ©silience, terme contemporain mais adaptĂ© inspirĂ©e de la vĂ©ritable vie et le tempĂ©rament de l’auteure dont la propre vie est bien plus douloureuse que celle de son hĂ©roĂŻne.

Sa maturitĂ© philosophique rompue Ă  toute Ă©preuve barde la jeune orpheline d’une fantaisie incroyable et d’une force Ă  la compĂ©titivitĂ©. Son cĂ´tĂ© fashion-victime (les manches bouffantes), son impulsivitĂ© et ses disputes avec une de ses camarade normalisent sa singularitĂ©.

DES GAFFES À FOISON

Anne est un mĂ©lange de l’intrĂ©pide Laura de « La petite maison dans la prairie » et de Sophie, l’hĂ©roĂŻne malchanceuse de la Comtesse de SĂ©gur. Ses initiatives bienveillantes ne tournent pas toujours comme prĂ©vu, car elle est sous l’emprise de son imagination ou de ses rĂŞveries, voire de la dĂ©veine. Mais la lĂ©gèretĂ© de ces bourdes n’exclut pas l’émotion ni la rĂ©flexion.

Pour un avant-goût, quelques citations

Si la vie m’a appris quelque chose, c’est qu’on peut presque toujours profiter de tout si l’on est fermement décidé à le faire. L’important, c’est d’être ferme. Pendant cette promenade, je ne veux pas penser à l’orphelinat. Je ne penserais qu’à la promenade.
Je crois que je ne le supporterais pas si quelque chose m’empêchait d’aller au pique-nique. Je suppose que je survivrais, mais je suis sûre que ma vie ne serait plus que chagrin.
« – Oh, mais, Marilla, espĂ©rer des choses, c’est dĂ©jĂ  la moitiĂ© du plaisir qu’elle vous procureront ! s’exclama Anne. On ne les obtient peut-ĂŞtre pas, mais rien ne nous empĂŞche de prendre du plaisir Ă  les attendre. Madame Lynde dit que celui qui n’attend rien est heureux, car il ne sera pas déçu. Mais moi, Je crois que c’est bien pire de ne rien attendre que d’être déçu. »

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