Résumé : Une nuit effroyable au téléphone de l’accompagnateur
L’accompagnateur téléphonique pour victimes de violences conjugales répond à un appel composé par erreur d’une femme qui veut en finir avec la vie. Une nuit effroyable pour empêcher un suicide.
Berlin. Allemagne.
Jules remplace son ami César à la permanence au service d’accompagnement téléphonique réservé aux victimes de violences conjugales. Mais le premier appel, c’est Klara. Elle a composé par inadvertance le numéro et lui confie vouloir en finir avec la vie. À partir de là, Jules se sent responsable d’empêcher son suicide et n’hésite pas à partager avec elle ses propres blessures traumatisantes. Pourtant, la jeune femme le prévient, en vain, des menaces qu’elle a reçues du danger encouru pour lui à parler avec elle.
En attendant de la localiser et de la dissuader de son projet, l’accompagnateur recueille ses confidences insoutenables. Elle subit des tortures physiques, sexuelles et psychologiques de son sadique de mari Martin. À cet enfer domestique, s’ajoutent les menaces du « tueur au calendrier », un serial killer en cavale qui la destine à une mort barbare si celle-ci ne tue pas son mari Marin. D’où la décision de Klara de se tuer elle-même.
Or, durant leur échange téléphonique où la confiance s’installe, Jules joint HC, son père. Le temps presse pour sécuriser la jeune femme alors il doit user du réseau de cet enquêteur en assurances. Il doit passer sur sa rancune envers le mari violent qu’il avait été pour sa mère, contrainte à fuir le foyer.
Pour ajouter de la tension à cette soirée, Jules lui-même devine une présence infiltrée dans son appartement pendant que Klara sent être traquée de son côté.
Comment finira cette nuit d’effroi pour nos deux protagonistes ?
Quand tout est dit :
Astrid-Maria Bock, BILD-Zeitung, 27 juin 2017
« Une étude du ministère fédéral pour la Famille montre que les femmes ayant été témoins dans leur enfance de violences domestiques entre leurs parents deviennent elles-mêmes deux fois plus souvent victimes de violences domestiques. Celles ayant subi des violences de la part de leurs parents sont même, une fois adultes, trois fois plus souvent victimes de violences conjugales. »
MON AVIS : mon coup de cœur du mois, pour ne pas dire, de l’année !
J’adresse un énorme remerciement pour le site internet Netglley et les éditions L’Archipel, fidèles à leur choix de publications (je ne suis jamais déçue de leur part). Difficile de rivaliser avec ce roman époustouflant et captivant impossible à lâcher. Pourtant, est-ce un hasard que sa publication ait été prévue le 10 mars, soit 2 jours après la journée de la femme ? Car ce roman est un cri contre la violence conjugale.
Le prologue nous met dans l’ambiance. En effet, une femme se réveille dans la suavité d’une nuit romantique un peu mystérieuse. Et cette évocation tourne au cauchemar pour produire l’effet d’une douche froide.
Ensuite, le scénario d’une fluidité incroyable démarre avec la lenteur trompeuse d’une conversation téléphonique. Loin de cette comédie, « le père Noël est une ordure » on retrouve ici l’idée du désespoir d’anonymes au téléphone auprès de bénévoles dédiés à les assister par téléphone. L’intimité entre la personne effondrée et l’interlocuteur se pose ici en version thriller. D’ailleurs, cette hypothèse nous propose une nuit d’effroi. Je défie quiconque de refermer le livre avec l’âme légère face à cette violence dont on est témoin durant toute la lecture. Tous les ingrédients pour un roman palpitant, un film exaltant, ou un scénario de chef-d’œuvre sont réunis ici. Le calme avant la tempête s’annonce sous l’effet d’une tension permanente agrémentée et d’actions plus ou moins violentes. De plus, la manipulation procure à l’intrigue une dimension psychologique. Finalement, tous les personnages, même secondaires, occupent une place importante.
DE LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE
Certes, l’enjeu d’une vie à sauver présente un caractère trépidant, mais il devient carrément sérieux quand le passé dramatique des protagonistes vient d’être évoqué. Et le tragique de la situation s’aggrave, et va en crescendo quand de part et d’autre de la ligne téléphonique se déroulent des scènes d’une violence rare. Le lecteur, lui, ne décroche pas une minute, car la psychologie et la manipulation verbale règnent en maître.
L’excellence du scénario pourrait constituer celui d’un thriller cinématographique grandiose à la Hitchcock. Là, comme dans tout bon film à suspense, le spectateur sera tenté de le visionner à nouveau. Et ceci pour redécouvrir des éléments qui lui ont échappé. Avec cet ouvrage hors-norme, j’expérimente pour la première fois l’envie irrépressible de le reparcourir. Cette fin si déroutante, pétrifiante, et surprenante, nous contraint à nous remémorer mentalement toutes les scènes plus ou moins percutantes. Et du coup, l’on referme alors le livre avec ce sentiment d’avoir été happé par le récit. Si bien qu’on a l’impression d’être passé à côté d’énigmes. Et c’est ce qui arrivera à toutes les personnes qui, trop captivées par l’intrigue, oublieront de lire entre les lignes.
De la violence pour répondre à la violence conjugale
On pénètre dans un monde complètement à part où la normalité d’un crime penche dans une originalité effroyable. Âme sensible s’abstenir. La mise en scène du « tueur au calendrier » s’inscrit dans une barbarie absolue. L’horreur continue avec le récit de Kara. Là, ses blessures physiques s’accompagnent de tortures psychologiques pour s’achever avec une fin étourdissante.
La vie maritale de Clara fait frissonner. Les tortures infligées par un mari sont au-delà du supportable. La scène de l’ascenseur obscur conduit au seuil du Mal. On s’y adonne aux « Violence Play ». Ainsi, je me plais à penser que c’est une élucubration fertile de l’auteur. On pénètre dans l’univers glauque et malsain d’un club privé pour un jeu sordide où des femmes subissent des mutilations pour la plus grande satisfaction de mâles assoiffés de cruauté. L’imagination de l’auteur n’a de limites ni dans l’originalité des supplices infligées à ses personnages ni dans le scénario alambiqué. Mais la sophistication du récit reste crédible jusqu’à la fin.
A titre d’exemple, la position du tueur au calendrier présente un grand intérêt face à ce genre de situation. Sans divulgâcher l’intrigue, on pourrait presque tirer une certaine morale de ses actes barbares et sanguinaires.
Je vous recommande de vous procurer ce livre, non seulement pour le récit en lui-même, mais pour les notes de l’auteur à la fin. Elles sont riches d’enseignements. Rédigé à l’heure du confinement que nous avons tous connu, le livre a été pour S. Fizek une source de réflexions. quant à l’écriture de romans à suspens, et de la liberté offerte aux auteurs de pouvoir dépasser la réalité.
Citation :
p.104
C’est donc vous qui pourriez prendre les choses en main, mais non : vous laissez vos gamines se ramollir, et plus tard, vous vous plaignez de la domination masculine. C’est pourtant bien vous qui leur achetez des fringues roses et des poupées à paillettes. C’est vous qui les emmenez à la danse et pas aux arts martiaux. Vous leur apprenez, même inconsciemment, à se soumettre et à tout supporter.
L’auteur S. Fitzek
Je ne résiste pas à l’envie de vous le présenter, car je le suivrai. Voici un de ses romans que j’ai chroniqué : LA PLAYLIST
Source Wikipédia : 👉🧐Sébastien FitzeK
Nouveau prodige allemand du suspense, il est né à Berlin en 1971.
Après des études de droit, il travaille à la radio et à la télévision.
Par la magie du bouche à oreille, Thérapie, son premier thriller, s’est retrouvé numéro un des ventes en Allemagne et a été traduit dans vingt-quatre pays.
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