RĂSUMĂ

10/03/2022
359 p.
Berlin. Allemagne.
Jules remplace son ami CĂ©sar Ă la permanence au service dâaccompagnement tĂ©lĂ©phonique rĂ©servĂ© aux victimes de violences conjugales. Mais le premier appel, câest Klara. Elle a composĂ© par inadvertance le numĂ©ro et lui confie vouloir en finir avec la vie. Ă partir de lĂ , Jules se sent responsable dâempĂȘcher son suicide et nâhĂ©site pas Ă partager avec elle ses propres blessures traumatisantes. Pourtant, la jeune femme le prĂ©vient, en vain, des menaces quâelle a reçues du danger encouru pour lui Ă parler avec elle.
En attendant de la localiser et de la dissuader de son projet, lâaccompagnateur recueille ses confidences insoutenables. Elle subit des tortures physiques, sexuelles et psychologiques de son sadique de mari Martin. Ă cet enfer domestique, sâajoutent les menaces du «âtueur au calendrierâ», un serial killer en cavale qui la destine Ă une mort barbare si celle-ci ne tue pas son mari Marin. DâoĂč la dĂ©cision de Klara de se tuer elle-mĂȘme.
Or, durant leur Ă©change tĂ©lĂ©phonique oĂč la confiance sâinstalle, Jules joint HC, son pĂšre. Le temps presse pour sĂ©curiser la jeune femme alors il doit user du rĂ©seau de cet enquĂȘteur en assurances. Il doit passer sur sa rancune envers le mari violent quâil avait Ă©tĂ© pour sa mĂšre, contrainte Ă fuir le foyer.
Pour ajouter de la tension Ă cette soirĂ©e, Jules lui-mĂȘme devine une prĂ©sence infiltrĂ©e dans son appartement pendant que Klara sent ĂȘtre traquĂ©e de son cĂŽtĂ©.
Comment finira cette nuit dâeffroi pour nos deux protagonistesâŻ?
Quand tout est dit :
Astrid-Maria Bock, BILD-Zeitung, 27Â juin 2017
«âUne Ă©tude du ministĂšre fĂ©dĂ©ral pour la Famille montre que les femmes ayant Ă©tĂ© tĂ©moins dans leur enfance de violences domestiques entre leurs parents deviennent elles-mĂȘmes deux fois plus souvent victimes de violences domestiques. Celles ayant subi des violences de la part de leurs parents sont mĂȘme, une fois adultes, trois fois plus souvent victimes de violences conjugales.â»
MON AVIS
Voici mon coup de cĆur du mois, pour ne pas dire, de lâannĂ©eâ! Jâadresse un Ă©norme remerciement pour le site internet Netglley et les Ă©ditions LâArchipel, fidĂšles Ă leur choix de publications (je ne suis jamais déçue de leur part). Difficile de rivaliser avec ce roman Ă©poustouflant et captivant impossible Ă lĂącher. Pourtant, est-ce un hasard que sa publication ait Ă©tĂ© prĂ©vue le 10 mars, soit 2 jours aprĂšs la journĂ©e de la femmeâ? Car ce roman est un cri contre la violence conjugale.
Le prologue nous met dans lâambiance. En effet, une femme se rĂ©veille dans la suavitĂ© dâune nuit romantique un peu mystĂ©rieuse. Et cette Ă©vocation tourne au cauchemar pour produire lâeffet dâune douche froide.
Ensuite, le scĂ©nario dâune fluiditĂ© incroyable dĂ©marre avec la lenteur trompeuse dâune conversation tĂ©lĂ©phonique. Loin de cette comĂ©die, «âle pĂšre NoĂ«l est une ordureâ» on retrouve ici lâidĂ©e du dĂ©sespoir dâanonymes au tĂ©lĂ©phone auprĂšs de bĂ©nĂ©voles dĂ©diĂ©s Ă les assister par tĂ©lĂ©phone. LâintimitĂ© entre la personne effondrĂ©e et lâinterlocuteur se pose ici en version thriller. D’ailleurs, cette hypothĂšse nous propose une nuit dâeffroi. Je dĂ©fie quiconque de refermer le livre avec lâĂąme lĂ©gĂšre face Ă cette violence dont on est tĂ©moin durant toute la lecture. Tous les ingrĂ©dients pour un roman palpitant, un film exaltant, ou un scĂ©nario de chef-dâĆuvre sont rĂ©unis ici. Le calme avant la tempĂȘte sâannonce sous lâeffet dâune tension permanente agrĂ©mentĂ©e et dâactions plus ou moins violentes. De plus, la manipulation procure Ă lâintrigue une dimension psychologique. Finalement, tous les personnages, mĂȘme secondaires, occupent une place importante.
DE LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE
Certes, lâenjeu dâune vie Ă sauver prĂ©sente un caractĂšre trĂ©pidant, mais il devient carrĂ©ment sĂ©rieux quand le passĂ© dramatique des protagonistes vient ĂȘtre Ă©voquĂ©. Et le tragique de la situation sâaggrave, et va en crescendo quand de part et dâautre de la ligne tĂ©lĂ©phonique se dĂ©roulent des scĂšnes dâune violence rare. Le lecteur, lui, ne dĂ©croche pas une minute, car la psychologie et la manipulation verbale rĂšgnent en maĂźtre.
Lâexcellence du scĂ©nario pourrait constituer celui dâun thriller cinĂ©matographique grandiose Ă la Hitchcock. LĂ , comme dans tout bon film Ă suspense, le spectateur sera tentĂ© de le visionner Ă nouveau. Et ceci pour redĂ©couvrir des Ă©lĂ©ments qui lui ont Ă©chappĂ©. Avec cet ouvrage hors-norme, jâexpĂ©rimente pour la premiĂšre fois lâenvie irrĂ©pressible de le reparcourir. Cette fin si dĂ©routante, pĂ©trifiante, et surprenante, nous contraint Ă nous remĂ©morer mentalement toutes les scĂšnes plus ou moins percutantes. Et du coup, lâon referme alors le livre avec ce sentiment dâavoir Ă©té happĂ© par le rĂ©cit. Si bien quâon a lâimpression dâĂȘtre passĂ© Ă cĂŽtĂ© dâĂ©nigmes. Et câest ce qui arrivera Ă toutes les personnes qui, trop captivĂ©es par lâintrigue, oublieront de lire entre les lignes.
De la violence pour répondre à la violence conjugale
On pĂ©nĂštre dans un monde complĂštement Ă part oĂč la normalité dâun crime penche dans une originalitĂ© effroyable. Ăme sensible sâabstenir. La mise en scĂšne du «âtueur au calendrierâ» sâinscrit dans une barbarie absolue. L’horreur continue avec le rĂ©cit de Kara. LĂ , ses blessures physiques sâaccompagnent de tortures psychologiques pour s’achever avec une fin Ă©tourdissante.
La vie maritale de Clara fait frissonner. Les tortures infligĂ©es par un mari sont au-delĂ du supportable. La scĂšne de lâascenseur obscur conduit au seuil du Mal. On sây adonne aux «âViolence Playâ». Ainsi, je me plais Ă penser que câest une Ă©lucubration fertile de lâauteur. On pĂ©nĂštre dans lâunivers glauque et malsain dâun club privĂ© pour un jeu sordide oĂč des femmes subissent des mutilations pour la plus grande satisfaction de mĂąles assoiffĂ©s de cruautĂ©. Lâimagination de lâauteur nâa de limites ni dans lâoriginalitĂ© des supplices infligĂ©es Ă ses personnages ni dans le scĂ©nario alambiquĂ©. Mais la sophistication du rĂ©cit reste crĂ©dible jusquâĂ la fin.
A titre d’exemple, la position du tueur au calendrier prĂ©sente un grand intĂ©rĂȘt face Ă ce genre de situation. Sans divulgĂącher lâintrigue, on pourrait presque tirer une certaine morale de ses actes barbares et sanguinaires.
Je vous recommande de vous procurer ce livre, non seulement pour le rĂ©cit en lui-mĂȘme, mais pour les notes de lâauteur Ă la fin. Elles sont riches dâenseignements. RĂ©digĂ© Ă lâheure du confinement que nous avons tous connu, le livre a Ă©tĂ© pour S. Fizek une source de rĂ©flexions. quant Ă lâĂ©criture de romans Ă suspens, et de la libertĂ© offerte aux auteurs de pouvoir dĂ©passer la rĂ©alitĂ©.
Citation :
p.104
Câest donc vous qui pourriez prendre les choses en main, mais non : vous laissez vos gamines se ramollir, et plus tard, vous vous plaignez de la domination masculine. Câest pourtant bien vous qui leur achetez des fringues roses et des poupĂ©es Ă paillettes. Câest vous qui les emmenez Ă la danse et pas aux arts martiaux. Vous leur apprenez, mĂȘme inconsciemment, Ă se soumettre et Ă tout supporter.
Lâauteur S. Fitzek
Je ne rĂ©siste pas Ă l’envie de vous le prĂ©senter, car je lirai sĂ»rement dâautres de ses romans.
Source WikipĂ©dia : đđ§SĂ©bastien FitzeK
Nouveau prodige allemand du suspense, il est né à Berlin en 1971.
AprÚs des études de droit, il travaille à la radio et à la télévision.
Par la magie du bouche Ă oreille, ThĂ©rapie, son premier thriller, s’est retrouvĂ© numĂ©ro un des ventes en Allemagne et a Ă©tĂ© traduit dans vingt-quatre pays.
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