Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💙💙💙💙 MARATHON MEN de Flo Renard

 RESUME

Paru 30/07/16
286 Pages
Un nouveau travail à Marseille,  obtenu par le piston de son père, attend Gwenaël, un jeune bordelais tout juste plaqué par sa copine.
Pour une nouvelle vie commence et rompre avec le passé, il veut se libérer de sa nature timide et réservée. Alors à cette fin, il s’adonne à un loisir très physique dans rues  de la ville : la course à pied.
Mais au cours d’un entrainement, Ă  partir d’un carambolage avec le fauteuil de Victorien, un paraplĂ©gique naĂ®t une complicitĂ© immĂ©diate des deux nouveaux amis qui se dĂ©finissent eux-mĂŞmes de « malchanceux ». Ainsi, au vu de sa grande disponibilitĂ© dans ses recherches d’emploi infructueuses, Victorien se propose de coacher GwenaĂ«l.  Et chacun se rĂ©jouit secrètement des frĂ©quences entrainements rĂ©pĂ©tĂ©s. En effet,  leur amitiĂ© est finalement de l’amour, Ă  la surprise de GwenaĂ«l et Ă  la satisfaction de  Victorien.
Ils apprennent Ă  vivre alors le vĂ©ritable et sincère amour dans la contrainte du handicap et l’acceptation de l’homosexualitĂ©. Et  ils envisagent de s’installer ensemble quand leur dĂ©veine persiste.  Le propriĂ©taire de Victorien dĂ©cide de rĂ©silier le bail de son logement accessible forçant le jeune homme Ă  retourner vivre dans le cocon familial.
Les amours contrariĂ©es demeurent nĂ©anmoins rĂ©elles, et leur projet de marathon vivace. StimulĂ© par l’amour de son ami, GwenaĂ«l gagne de l’assurance en lui. Il dĂ©cide d’investir son Ă©pargne dans l’achat d’une bicoque Ă  retaper pour la rendre habitable. Au cours des travaux, le sort prend une autre tournure dans leur vie.

MON AVIS

J’AI ADORE !
Une romance originale d’un couple inattendu mais ô combien crédible. Elle associe avec brio tous les ingrédients pour captiver le lecteur.

L’écriture fluide et très agréable de l’auteure nous transporte.

Leur sport a réuni les héros attachants. Les protagonistes, « Des malchanceux », habitués aux désagréments se défendent avec des armes comme l’humour et la volonté.

Nous partons de la région Phocéenne. La typologie des rues de Marseille, ses spécialités culinaires, son climat et sa culture sont bien illustrés par le biais du personnage de Victorien. Puis, on arrive sur la côte Bordelaise symbolisée par la famille assez conservatrice de Gwenaël.

Les galères quotidiennes de Gwenaël et Victorien sont  décrites avec légèreté mais réalisme :

– Le handicap de Victorien : paraplĂ©gique de naissance, il supporte « bien » ces contraintes et ne s’appesantit pas sur sa condition. Mais l’auteur dĂ©montre les consĂ©quences au quotidien des failles de l’accessibilitĂ© et de l’emploi des personnes handicapĂ©es. Les entretiens d’embauche de Victorien sont dĂ©concertants de rĂ©alisme. L’humour sauve tout !

– MĂŞler la sexualitĂ© et le handicap est un challenge audacieux et rĂ©ussi. Ce prisme apporte une vision encore taboue de considĂ©rer la sexualitĂ© des personnes handicapĂ©es. Y adjoindre la dimension de l’homosexualitĂ© est d’autant mĂ©ritoire et originale… car pourquoi pas, on rencontre des personnes handicapĂ©es et homosexuelles. Une rĂ©alitĂ© ! Ici, les diffĂ©rents coming-out basĂ©s sur leur malchance rĂ©currente est dĂ©sopilante d’humour et nous amuse malgrĂ© les protagonistes.

– Les prĂ©jugĂ©s des deux familles sur la relation des deux jeunes sont abordĂ©s avec une psychologie logique des personnages et des comportements cohĂ©rents.

Cette idĂ©e transcende l’idĂ©e rĂ©pandue d’un assistanat gĂ©nĂ©ralisĂ© dans le milieu du handicap.

Sans structurer le thème du livre autour du domaine sportif, l’auteur parvient Ă  le subjuguer et Ă  le transporter dans le rĂ©cit d’un des marathons parcourus par les jeunes hommes. LĂ  aussi, l’humour et les rebondissements sont au rendez-vous. Le lecteur assiste Ă  leurs dĂ©boires respectifs dans la course.

À noter l’idée judicieuse du petit lexique pour expliciter les termes marseillais qui jonchent les dialogues. Dialogues, d’ailleurs, bien pesés et dosés.
Je recommande donc vivement la lecture de ce livre… et on est mĂŞme en mesure d’en espĂ©rer une suite !

QUELQUES CITATIONS
– Victorien Ă©tait comme lui. Un malchanceux de naissance, un frère de dĂ©veine, un compagnon d’infortune.
Moi, j’Ă©tais content de pouvoir jouer avec les grands qui ne me considĂ©raient pas comme une petite chose fragile, et en contrepartie ma prĂ©sence leur donnait un peu de respectabilitĂ©.
On trouvait donc admirable leur velléité de « prendre soin de moi » alors que je leur servais avant tout de couverture. 
 – Tu sais, dans l’esprit de la plupart des gens les gosses handicapĂ©s sont des sortes d’oisillons inoffensifs qu’il faut couver en permanence.
– Prioritaire? Vous n’ĂŞtes le seul, rĂ©torqua la matrone, exhibant une carte d’invaliditĂ© du mĂŞme geste autoritaire que les reprĂ©sentants des forces de l’ordre, dans les sĂ©ries policières. De plus, et vous ĂŞtes jeune et vous ĂŞtes assis, tandis que nous patientons debout depuis un bon moment.
–  PlutĂ´t rĂ©sistant avec sa silhouette, est capable de soutenir une conversation sur la ligne 1. En toute honnĂŞtetĂ©, il lui avait laissĂ© l’impression d’un type tout Ă  fait… normal.
– Et tout d’un coup j’ai pris conscience que la paraplĂ©gie Ă©tait partie intĂ©grante de Vic. Qu’elle avait contribuĂ© à façonner sa personnalitĂ©, qu’elle Ă©tait indissociable de sa personne mais qu’elle n’Ă©tait en fin de compte qu’un simple aspect de ce qu’il Ă©tait.
– « Les maths ne trompaient pas, moins et moins ça fait bien, plus… ET deux loosers font un winner ! » complĂ©ta GwenaĂ«l en le renversant sur le lit.
Donnez votre avis sur le commentaire et le livre… En espĂ©rant vous convaincre de le lire.

AnneC

Passionnée de lecture, je partage mon avis avec mes visiteurs.


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