Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💔 OU ON VA PAPA ? de Jean-Louis Fournier

ISBN : 2234061172
Stock (20/08/2008)

L’auteur

Né en 1938, Jean-Louis Fournier est un écrivain, humoriste et réalisateur de télévision dans les années quatre-vingt. Il est le créateur, entre autres, des dessins animés « La Noiraude » et d’« Antivol, l’oiseau qui avait le vertige » (connus des quadras télévores dans RécréA2). Par ailleurs, il fut le complice de Pierre Desproges en réalisant les épisodes de « La Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède », ainsi que les captations de ses spectacles au Théâtre Grévin (1984) et au Théâtre Fontaine (1986).

LE LIVRE

Voici les écrits d’un père qui confie son désarroi d’une vie encombré de deux fils handicapés mentaux. Leurs facultés mentales les exclut de son univers, lui qui baigne dans un milieu culturel à la mode. Mathieu et Thomas demeureraient incapables d’adhérer au domaine où Jean-Louis excellait : le divertissement médiatique en tout genre. En effet, ses propres enfants resteraient à tout jamais hermétiques à son humour, un humour pourtant apprécié par toute une génération d’enfants du même âge. On imagine et l’on assiste à la frustration de ce père aimant. Atteint en plein cœur de sa paternité, il se désole des lois de la génétique. Oui, elle l’empêcheront de transmettre ou de partager avec ses fils son gout de l’art des mots.

Un livre-témoignage-pansement

Il révèle la face noire de sa vie familiale de Jean-Louis Fournier à la notoriété incontestable dans les médias. Une sorte de plainte amère sur un acharnement de la fatalité. En effet, il est père non de un mais de DEUX enfants handicapés qui mourront très jeunes. Le père refera sa vie avec une nouvelle femme.

Et pourtant d’autres familles, voire trop de familles subissent la même fatalité que lui. Mais elles n’auront pas ses talents d’écriture, son réseau médiatique pour exprimer son désarroi compréhensible.

Une bonne promotion

La promotion pour la sortie de son ouvrage le félicitait pour son humour omniprésent. On y voyait cette intelligence du cœur de savoir rire sur son propre malheur. Quelle déception ! J’ai même vite déchanté, car je pensais me distraire, car adepte de l’humour noir, même quand il porte sur le handicap. Or, j’y ai lu surtout de l’aigreur, un rire jaune. A titre d’exemple, là où certains y voient de l’humour, j’éprouve un certaine tristesse à lire  : « Mathieu et Thomas n’auront jamais de Carte bleue ni de carte de parking dans leur portefeuille. Ils n’auront jamais de portefeuille, leur seule carte, ce sera une carte d’invalidité. » J’ai même du mal à sourire, car il n’y a rien de drôle en l’état brut. Pour que ce soit risible et léger, je l’aurai placé avec une autre approche.

La souffrance de Fournier, celle des aidants

Le livre est une succession de vérités sur un quotidien réduit à une succession de souffrances à cause de sa vie, dénuée de toute normalité. C’est un peu indécent de sa part…quand on pense à tous les aidants qui s’activent modestement sans jouer les héros, ce qu’ils sont pourtant !

Je n’ai vu dans « On va où, Papa ? » que des banalités de la vie ordinaire de beaucoup de familles confrontées à des souffrances comparables. Alors non, rien de drôle ici. D’ailleurs, la maman des enfants en question dans le livre, a rédigé un « droit de réponse » sur le net ( rectifié depuis ) où elle expose sa réalité.
Les verbiages des parents de ces deux petits êtres disparus me choquent. On a parfois du mal à s’attacher aux enfants décrits par Jean-Louis Fournier, mais sa femme remet de l’humanité pour requalifier ce témoignage : c’est un travestissement de la réalité.

Ma question est :

son éditeur aurait-il publié Jean-Louis Fournier s’il était inconnu des médias ?

AnneC

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