Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💜💜💜💜💜 IL Y AURA DU SANG SUR LA NEIGE de Sébastien Lepetit

RESUME

Flamand noir Edition
novembre 2018
260 pages
Michel Pupillin est destinataire de menaces, en tant que Président du Comité de l’organisation de la fameuse course de ski de fond, la Transjurassienne.
« cette année il y aura du sang sur la neige pendant la Transjurassienne».
Il sollicite son ancien camarade d’école, le commissaire Morteau pour surveiller les risques encourus pendant la course. Ainsi, Morteau est diligenté de Besançon à son pays natal des Rousses, avec son adjoint Monceau dépité de se trouver
dans une station paumée du Jura, flanqué d’un vieux commissaire à moitié alcoolique, pour surveiller une compétition de ski de fond .
Dès leur arrivée à une semaine de la course, alors que les deux policiers investiguent sur les appels anonymes, un crime est commis sur les pistes. Il s’agit du Chambérien Julien Doucier, un des favoris pour le podium, abattu par balle pendant son entrainement.
Une enquête pour crime est alors ouverte. Morteau et Monceau suspectent successivement les concurrents directs de la victime : Marco Montaigu (italien), Anthony Beaufort (le local), et Mickaël Thoirette (canadien). A force de participer aux différentes grandes courses internationales, ces sportifs de haut niveau se fréquentent au gré des compétitions. Ainsi, pour se disculper, chacun renseigne la police sur les motivations possibles des autres. Tous auraient des raisons d’éliminer Julien Doucier, peu populaire dans le milieu du ski.
Les enquêteurs vont devoir étudier toutes les pistes… pour nous fournir une belle chute.

L’AVIS D’UNE FOLLOWER Isabelle Morel-Boisson

Je recommande cet excellent polar à tous, le Commissaire Morteau vous attendrira avec son côté bourru et ses compagnons Flocon et Glaçon, sans oublier Monceau son acolyte.

Sébastien Lepetit, son auteur, vous emmène sur les chemins des forêts du Haut Jura, chers aux fondeurs et randonneurs. Et même sans skis aux pieds vous parcourrez les 70 km de la Transjurassienne jusqu’à la petite Sibérie sur la trace de celui ou celle qui décime ses champions. Le souffle du vent, le soleil qui embrase l’étendue neigeuse, les arbres tels des sentinelles dans ce paysage grandiose, tout y est. Ah j’oubliais l’essentiel pour le commissaire, une bonne croûte aux morilles arrosée d’un savagnin, ou un trousseau pour accompagner une choucroute franc-comtoise ou tout autre breuvage et plat gastronomique local pour titiller vos papilles. Le commissaire Morteau sévit pour la 3ème fois sous la plume de Sébastien Lepetit, amoureux de la Franche-Comté, érudit et fin gastronome.

Si vous avez aimé ce livre, je vous invite à découvrir Merde à Vauban au pied de la citadelle de Besançon et L’origine du crime qui conduit le désormais célèbre commissaire sur la piste de Gustave Courbet. Un régal.

MON AVIS

Tous mes remerciements au site de Netgalley, et aux Editions Flamand Noir, pour la découverte de cet auteur qui signe ici un très bon policier dans la région du Jura.
Les paysages enneigés s’étendent à perte de vue au fil des pages et alimentent la sensation d’altitude et de rigueur hivernale. Les lecteurs amateurs de sport d’hiver glisseront sur les pentes du Jura. Les autres, comme moi, loin d’être fan de sport ni de neige, et encore moins de froid, suivront l’enquête avec plaisir dans un région à découvrir.

Un roman efficace et agréable, va droit au but sans  disgression inutile pour faire perdre de temps au lecteur. L’enquête menée laisse place à une excellente perception des personnages, de l’environnement local et des courses intrépides de skis. L’humour et une touche sentimentale ne sont pas négligés non plus. Un bon dosage de tous ces éléments nous divertissent à souhait.

J’ai beaucoup apprécié ce style d’écriture. Le lecteur suit avec plaisir l’enquête menée par Morteau, et accompagne ses questionnements. Une cohérence au final constitue un principal atout à mes yeux, pour un bon polar.

LA NEIGE, SCENE DE ROMAN POLICIER

Cette enquête était tout simplement vertigineuse, aussi folle que les efforts surhumains des athlètes pour aller au bout de cette course.

La narration omnisciente, à la troisième personne suit le  principal personnage, le vieux briscard Commissaire Morteau, assisté de Fabien Monceau. Et l’enquête se déroule, avec des interrogations, des évidences, et des rebondissements. Un bon polar sous la neige !

Perso, j’ai un peu compati pour notre victime Julien Doucier, qui ironie de l’histoire, est un chambérien comme moi ! 😊 J’invite alors les savoyards à suivre l’enquête par solidarité… 😊 même si son portrait d’homme arrogant et peu sympathique n’est pas très flatteur, 😊 !

LA NEIGE SCENE DE RIVALITES

Le suivi de l’enquête montre la concurrence entre police et gendarmerie locale.

L’ambiance cosy de l’auberge où séjournent les policiers contraste avec la rudesse du climat et les délations amères des personnes interrogées. La rivalité des principaux compétiteurs et leurs ressentiments à l’encontre de la victime les exposent vite comme suspects. Or, beaucoup de raisons  pourraient motiver un assassinat aux antipodes de leur conviction :

 » Nous nous battons sur des skis, pas avec un fusil. »

Le JURA – LA TRANSJURASSIENNE

Le roman développe un intrigue sur toile de fond d’un sport d’hiver, soit le ski de fond avec ce challenge de renommée  internationale : LA TRANSJURASSIENNE. On assiste aux différentes étapes de la course avec quelques très courts chapitres consacrés à ce marathon nordique. Une originale illustration de cette course qui appartient à la Worldloppet (fédération des courses de ski de fond sur longue distance partout dans le monde). On évolue ainsi dans Le Jura, Les Vosges, Lamoura la forêt du Massacre, Les Rousses…

Ici, le Jura, région typique reste fidèle à sa réputation de climat rude marqué de neige et de températures rigoureuses. On pénètre dans le froid, on glisse dans la neige et on admire ces paysages blancs balisés de forêts. J’aime bien cette ambiance régionaliste sans exagération et dans respect des locaux. Mais, la beauté idéalisée d’une carte postale s’arrête là où commence la parfaite adjonction des efforts humains voire surhumains des sportifs aguerris qui domptent ses pentes.

Le fin gourmet Morteau nous fait goûter (au moins par la lecture) aux produits régionaux. Un éveil des papilles. Les recettes plus ou moins détaillées guident le lecteur pour l’inciter à déguster des mets typiques comme la viande de bison, la choucroute Franc-Comtoise…. De plus, l’auteur a poussé la tentation à les assortir de vins appropriés (ex : le vin jaune, Chardonnay, un Côte-du-jura et Arbois, le Trousseau.)

Les plus

Mon bémol : Au début, les patronymes se confondent Bruno Morteau, Fabien Monceau.

Petite touche amusante : les noms d’usage pour cacher les dopages utilisés. EPO s’appelle pour les avertis Edgar Alan Poe et sa cousine Célestine, celle qui cache les contrôles.

Auteur

Sébastien Lepetit est sous-préfet, mais aussi écrivain de polar. Il signe ici son 5ème roman. Voici un amoureux des mots en tout sens, du point-virgule qu’il aimerait remettre à la page, et du subjuguant imparfait du subjonctif, il aime les polars et la littérature du XIXè siècle, l’histoire et le vin jaune, la peinture et les promenades en montagne… Et il aime marier ces univers improbables dans ces romans. Une belle réussite.

Page facebook : Sebastien Lepetit Ecrivain

Citation

Nous courons pour atteindre un but qui nous paraît être notre objectif de vie, alors que c’est chaque jour, dans chacune de nos actions que nous vivons. Et à courir après ce but illusoire, nous oublions de vivre..
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