Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

đź’™ IMPACT d’Olivier Norek

RÉSUMÉ

Ed. M. Lafon
22/10/2020
350 p.
Le militaire de carrière Virgil Solal a perdu sa fille mort-née à cause d’un problème pulmonaire provoqué par les dégradations de l’environnement atmosphérique.
Sa réaction : kidnapper le président du groupe « Total » contre une libération de 20 milliards, une somme astronomique impossible à réunir en 24 heures. Mais ce que souhaite surtout Solal, c’est exercer une pression sur la multinationale responsable du désordre climatique. Son mode opératoire : filmer sa victime séquestrée dans une cage de verre pour la rançon qu’il compte restituer par partie selon les efforts fournis en matière environnementale par ledit groupe « Total ».
Ainsi Nathan, policier à la SRPJ, assisté de Diane une profiler, va devoir avec le ravisseur en visioconférence. Mais rien ne va se passer comme prévu pour les policiers, car les arguments de Solal séduiront nombre de followers sur les réseaux sociaux. Après l’exécution du PDG de Total, Solal poursuit son combat écologique avec l’enlèvement d’une collaboratrice d’un groupe financier. De plus, l’empathie va gagner la psychologue.
Mais comment ses avocats vont-ils assurer sa défense à son procès à la suite de son arrestation ? Est-il considéré comme un terroriste ou un criminel de droit commun ?

MON AVIS

Je découvre Olivier Norek avec ce titre. Je m’attendais à lire ici un roman policier époustouflant avec son parcours professionnel, ses interviews et les critiques dithyrambiques sur ses précédents livres. Or, je suis stupéfaite, mais malgré ma déception je ne m’arrêterais pas à cet ouvrage pour connaitre l’auteur à l’écriture dynamique et efficace.

Loin d’un roman policier avec une intrigue classique découlant sur une issue inouïe, on se retrouve ici dans un manifeste idéologique, sur fond écologique. Un reproche à l’auteur serait malvenu, car il a effectué un gros travail de documentation en amont. Norek à travers son héros, Solal va asséner des chiffres et des exemples pour appuyer la démonstration et justifier son crime. Le roman dénoncer de nombreuses dérives subies, par les hommes, puis par la faune et la flore avec certaines espèces prêtes à disparaitre. Mais la ritournelle de collapsologie à travers des illustrations « prophétiques » et de catastrophes sur près de 350 pages devient indigeste. Si j’avais conscience d’un environnement en perdition avec des dérèglements climatiques, je n’aurais pas choisi ce genre de lecture pour finir de m’en convaincre.

L’ÉCOLOGIE OPPRIMANTE

J’éprouve donc une profonde dĂ©ception avec l’impression d’avoir Ă©tĂ© flouĂ©e en espĂ©rant lire un policier. En plus du scĂ©nario fade, aucun des personnages ne m’a plu. Pour le fond du dĂ©nouement, la façon subversive avec laquelle les protagonistes dĂ©fendent leur cause se prĂ©sente Ă  mes yeux comme un reflet pitoyable de la sociĂ©tĂ© actuelle. LĂ  oĂą la violence rĂ©pond par une autre, ici, le malfaiteur, voire assassin, se montre tel un sauveur. Ridicule d’Ă©riger en crĂ©do « la fin justifie les moyens » et malheureusement ce livre en fait l’apologie avec une vision Ă©triquĂ©e de la procĂ©dure policière et judiciaire.

Certes, la prise en compte de l’environnement nécessaire au cœur des sujets politiques et économiques doit se développer sans l’éluder cette problématique. Mais ce postulat parait un peu un primaire aujourd’hui : facile d’être vindicatif et de critiquer les hommes du passé qui ont construit notre confort matériel ambiant.

UNE ÉCOLOGIE OPPRESSANTE

Les réseaux sociaux véhiculent des idées progressistes pour le bien de la planète restent lui-même, quand on y réfléchit, un des maillons qui aggravent la dégradation environnementale. On sourit devant l’attitude normale de l’adolescente du roman qui filme en direct son héros « écolorévolutionnaire ». Et on peut moquer son comportement paradoxal ou hypocrite quand elle diffuse les images à ses condisciples, le tout sur son portable iPhone dernière génération.

Par ailleurs, loin d’adhérer à la crédibilité de l’enfant mort-née de Solal qui aurait succombé à cause de ses poumons endommagés par faute de la détérioration atmosphérique, cette vision me semble simpliste. Mais pourquoi pas ? Un roman rend tout postulat possible. Tous les enfants qui naissent dans les mêmes conditions ne meurent pas, alors que penser de la sélection naturelle  ? De plus, bien avant les problèmes des gaz de schiste, des particules fines d’hydrocarbure, du glyphosate, la natalité présentait aussi beaucoup d’enfants mort-nés. Des pluies de grêles se produisaient dans les années soixante-dix, des sécheresses et canicules existent depuis toujours, des inondations survenaient aussi… le monde va mal, mais de là à impliquer la pollution à toutes les sauces.

En conclusion, je lirai l’auteur dans son registre habituel après ce manifeste alarmant et anxiogène sur la climatologie.

GUEST-POST

Voici le commentaire dĂ©posĂ© sur le site 👉 babelio.com par mon ami Christophe. Je le remercie d’avoir acceptĂ© de partager ici.

 Virgil Solal et sa femme Laura ont perdu leur petite fille dès sa naissance en raison, semble-t-il, d’une maladie des poumons due Ă  la pollution. Il va chercher Ă  venger sa fille et, par tous les moyens, y compris les plus violents, Ă  contraindre les pollueurs Ă  adopter vraiment la transition Ă©cologique. â—Ź Après nous avoir sĂ©duits par une trilogie de polars nerveux, musclĂ©s, magnifiques, Ă  l’intrigue ciselĂ©e comme un diamant (Code 93 (2013), Territoires (2014), Surtensions (2016)), Olivier Norek s’est perdu dans des univers qui n’Ă©taient pas les siens (Entre deux mondes (2017), Surface (2019)). Il revient aujourd’hui avec un thriller consacrĂ© Ă  l’Ă©coterrorisme qui lui permet de rĂ©citer l’Ă©vangile vert sans oublier le moindre verset et de se faire le porte-parole de la pasionaria adolescente Greta Thunberg. â—Ź Son rĂ©cit est alimentĂ© par des articles de journaux et autres documents, certains fort douteux, qu’il liste Ă  la fin, allant tous dans le mĂŞme sens, sans aller voir une seule fois du cĂ´tĂ© de leurs dĂ©tracteurs : non seulement sans Ă©couter leurs arguments mais en refusant mĂŞme ne serait-ce que de les entendre. â—Ź D’oĂą un roman outrancièrement manichĂ©en, dĂ©nuĂ© de toute subtilitĂ©, de toute complexitĂ©, qui lĂ©gitime et mĂŞme glorifie sans vergogne l’Ă©coterrorisme et reprend sans ambages tout le credo rouge-vert Ă  la mode dans un rĂ©cit apocalyptique Ă  l’intrigue molle dont la fin se complaĂ®t dans une utopie niaise caricaturant la conclusion de Candide (« Il faut cultiver notre jardin »). â—Ź Ajoutons en passant que le dialogue entre le prĂ©sident et sa « plume » (pages 105-110) est non seulement invraisemblable mais grotesque. â—Ź Combien d’arbres sera-t-il nĂ©cessaire d’abattre, combien de litres d’eau sera-t-il nĂ©cessaire d’utiliser, combien d’Ă©nergie sera-t-il nĂ©cessaire de dĂ©penser pour permettre Ă  Norek de s’enrichir avec son ouvrage de propagande ? â—Ź Une dĂ©ception aussi forte que mes attentes Ă©taient grandes, espĂ©rant qu’Olivier Norek allait renouer avec le brio de ses dĂ©buts.