Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💜💜💜💜LA FILLE DANS LE BROUILLARD de Donato Carrisi

RESUME : Manipulation médiatique 

Pour confondre un coupable, la fabrique des preuves et une manipulation médiatique poussent aux aveux.

livre de poche
2017
La procureure a requis le psychiatre du village d’Avechot pour dénouer la confusion mentale du commandant Vogel. Ce dernier a été conduit au commissariat après un accident de voiture sur les routes de campagne. Son accoutrement ensanglanté laisse supposer des victimes. Le psychiatre doit le faire parler pour comprendre.
Or, l’entretien de Vogel fait resurgir sa frustration à propos d’une affaire non résolue. En effet, Anna Lou Kastner 17 ans, a disparu quelques mois auparavant. L’ainée de la fratrie, élevée dans la mouvance puritaine du village, s’est évaporée deux jours avant Noël tandis qu’elle se rendait à la messe. L’éventualité d’une fugue va vite laisser place la certitude d’un enlèvement… La vie de l’ado va être alors décortiquée, son journal intime lu et ses fréquentations interrogées. Puis, des images prises à son insu montrent qu’on la surveillait. Alors bientôt les indices convergent vers Loris Martini, professeur de lettres du lycée. Son implication ne fait pas beaucoup de doute, pourtant lui et Lou ne se connaissaient pas plus que ça.
Vogel accoutumé à mener son enquête en  cavalier seul, impose ses méthodes particulières à son assistant Borghi. En effet, dès la culpabilité pressentie par Vogel, celui-ci organise une pression médiatique autour des suspects. Il fabrique même des preuves si nécessaire. Malheureusement, il a connu un cuisant et humiliant échec public avec une précédente affaire s’était soldée.
Alors dans l’affaire de Lou Anna, toutes les preuves réunies avec un petit coup de pouce vont conduire le principal suspect, Martini en détention.
Mais un appel de Béatrice Leman, une ancienne journaliste va éclairer Vogel. En effet, un serial killer aurait agi trente ans auparavant. Son mode opératoire serait similaire à celui de Martini… quand celui-ci était enfant !
Pourquoi Vogel est-il perturbé aujourd’hui dans le bureau de la procureure ? qu’a-t-il à révéler ? Son sixième sens l’a-t-il encore induit en erreur ?

MON AVIS

Lire D. Carrisi me titillait. Lisez bien l’annexe, avec une interview l’auteur très intéressante.

Sa bio (source wkipedia) :

Donato Carrisi est l’auteur d’une thèse sur Luigi Chiatti, un tueur en série italien. Juriste de formation, spécialisé en criminologie et sciences du comportement, il délaisse la pratique du Droit en 1999 pour se tourner vers l’écriture de scénarios. Bien qu’il réside à Rome, il est aussi un collaborateur régulier du quotidien milanais Corriere della Sera.

Le Chuchoteur, son premier roman policier où apparaît l’experte dans les affaires d’enlèvement Mila Vasquez, vendu à plus de 200 000 exemplaires en Italie et traduit en France, est édité dans douze pays et remporte quatre prix littéraires.

Quelques récompenses viennent souligner le talent de Donato Carrisi : le prix Camaiore, le prix Il Belgioso, le prix Bancarella et enfin le prix Mediterraneo del Giallo y del Noir.
Donato Carrisi est également dramaturge.

Avec ce livre, il passe en 2017 à la réalisation avec son premier film, La Fille dans le brouillard (La ragazza nella nebbia), une adaptation d’un de ses romans, qui lui vaut de remporter le prix du meilleur réalisateur débutant lors de la 63e cérémonie des David di Donatello.

J’ai beaucoup aimé :

La trame excellente nous captive… et avec quelle mise en scène ! Avec une fin insoupçonnable, le dénouement déterre un sadisme froid et conscient ! Ainsi, on élucubre maintes suppositions. La fugue évolue en kidnapping puis en meurtre. Cependant, la pudeur de l’auteur gomme l’idée de violence sanguinaire tout en entretenant un lourd suspense. Enfin, la conclusion enchaine les découvertes successives à une vitesse fulgurante pour casser le rythme général un peu stagnant du roman.

Le charme d’une bourgade renfermée sur elle-même présente une communauté à tendance endogamique, sclérosée dans une foi intégriste. Ici, est illustrée cette réalité : L’homme est un loup pour l’homme. Cette élaboration de perversion calculée sidère le lecteur. Alors, cette histoire située dans une contrée retirée vivant le joug d’un puritanisme excessif me fait penser au conte du Petit Chaperon rouge. Ici, une jeune fille respectable, crédule et animée de bonnes intentions va rencontrer sur son chemin un individu malveillant. Et le jeu d’apparences trompeuses de part et d’autres va nous bluffer.

PSYCHOLOGIE

Une belle étude psychologique des personnages contribue à un ferment de réflexions. Ainsi, les protagonistes principaux, Vogel et Martini, nous offrent un duel indirect. Chacun sait user des médias comme arbitrage. En effet, Vogel est aguerri à cette pratique de l’influence médiatique. D’ailleurs, l’originalité ici tient à son rôle de flic. Il s’arroge le droit d’arranger les preuves pour une plus juste punition. Mais Martini, le suspect, va s’y exercer aussi, sur le conseil de son avocat. Ce dernier est rompu à son retentissement dans les affaires criminelles. Alors, devant toutes ces manipulations, le lecteur tente de deviner le vrai… et quand il croit  la détenir, une autre vérité incroyable survient, et celle-ci en dévoile d’autres, toutes insoupçonnables ! Le roman n’en est que plus palpitant.

Beaucoup de thèmes

Les rapports entre média − police − opinion publique. Les vices de procédures anéantissent l’enquête. L’adolescence et la prise en considération de la différence d’autrui (ex : les troubles autistiques du camarade d’Anna Lou). Le serial killer qui parvient à contenir ou non ses pulsions. La violence du monde carcéral réserve des supplices aux pédophiles.

J’ai aimé mais se lit trop vite !

Retrouver une autre chronique d’un livre du même auteur : La maison sans souvenirs.

Citations :

… Le mal est le véritable moteur de tout récit. un roman, un film ou un jeu vidéo ou tout va bien n’intéresse personne… Rappelez-vous : c’est le méchant qui fait l’histoire.
La vérité est que nous n’avons pas le temps de nous demander si nos enfants sont heureux, parce qu’il y a plus important à faire : nous demander si nous sommes heureux, nous, pour eux, et nous assurer que nos erreurs ne leur tombent pas dessus.

Reader Comments

  1. Une bien jolie chronique qui donne envie de découvrir ce livre ! j’aime bien aussi quand ça touche à la psychologie des personnages 🙂
    Merci pour la découverte, bonne fin de journée.

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