Résumé : une immolation sacrificielle
Face à l’immolation sacrificielle des victimes soumises au supplice d’un bûcher, l’enquête se déploie tel un jeu de piste politico-judiciaire pour W. Poe.
09/22
400 p.
UK. Cumbria.
Dans la région sauvage du Lake District, au centre de cercles de pierres, un tueur brulé vif des hommes fortunés âgés de soixante à soixante-dix ans. Leurs dépouilles attestent d’une cruauté particulière.
Aucun lien apparent entre les victimes et aucun indice ne perce, jusqu’au jour où l’on découvre un torse gravé de « Washington Poe ». Étonnant, car c’est le nom de l’inspecteur-chef du district qui ne fait plus partie des effectifs depuis sa mise à pied.
Alors Stéphanie Flynn, celle qui depuis son départ est devenue sa supérieure, va devoir le convaincre de reprendre son service. L’argument d’être la future victime du serial killer le persuade de rejoindre celle qu’on lui assigne comme assistante Tilly Bradshaw. Avec cette jeune geek surdouée qu’il prendra sous son aile, l’ancien policier fera aussi équipe avec son ami d’enfance, le policier Kylian Reid. Ainsi, les enquêteurs en charge de l’affaire décryptent peu à peu les indices suggérés par le serial killer, un tueur qui semble se jouer d’eux.
MON AVIS
En 2018, la série a commencé avec The Puppet Show. Avec ce roman, il a été lauréat du Gold Dagger Award 2019. Elle sort traduite en France en septembre 2022. Voici une lecture que j’ai finalement beaucoup appréciée malgré un début un peu laborieux.
Au vu de leur description, les crimes ressemblent à des sacrifices humains avec des victimes soumises au supplice d’un bûcher. Alors, ces tortures m’avaient induite en erreur. Je pensais avoir affaire à une énigme avec des rituels ésotériques, et je suis hermétique à ce genre de pratiques et de lecture. Rebutée par ce type de sujet, j’ai éprouvé de la difficulté sur les 60 premières pages en redoutant des supputations scabreuses.
Mais cette fausse impression a été rectifiée par ma persévérance, qui m’a détrompée. Voici un excellent roman policier ! Et j’ai pu découvrir la côte sauvage de Cumbria, dans Lake Distric. Et sans divulgâcher le dénouement, la mise en scène macabre des crimes est loin de s’expliquer par des pratiques d’un ordre religieux ou satanique. Certes, l’enquête tâtonne, mais de fil en aiguille l’idée tient la route pour une fin théâtrale.
Tout en finesse, W. Craven donne une dimension politico-judiciaire où se mêle aussi l’Église. Et malgré la barbarie décrite, l’auteur a su égrener quelques notes d’humour évitant le potache qui aurait été malvenu ici !
Alors je ne regrette pas la poursuite de ma lecture qui offre une belle intrigue. Elle se déploie tel un jeu de piste où se succèdent les énigmes, souvent décortiquées sous l’influence du flair et du caractère salé de W. Poe. Dommage : son introduction trop lente dans les rouages de l’enquête.
Une équipe qu’on devrait retrouver
Après l’arrestation du criminel, on quitte à regret tous les membres de l’équipe dont le panachage des personnalités procure de la fraîcheur aux vieux briscards en présence. L’auteur a su introduire le lecteur dans l’intimité et dans les rouages d’une enquête. On observe l’interaction des policiers, le poids de la hiérarchie et des procédures.
D’ailleurs, le binôme de Poe et Bradshaw dite Tillie m’a instinctivement plu. Les deux se complètent à merveille. De plus, leurs singularités propres, aux antipodes les rendent attachants : la candeur et la débrouillardise de Tillie accrochent autant que la franchise et l’audace de Poe. L’humanité du policier aguerri, pivot du récit, inspire confiance même s’il est loin d’être un saint.
Peu adepte des séries, mais ayant bien apprécié l’équipe de policier et l’écriture de Craven, je serais partante pour aller retourner à Cumbria pour la suite si d’autres livres sont traduits.
L’auteur M.W. Craven
Sa biographie (source Wikipédia) :
Mike W. Craven grandit à Newcastle avant de s’engager dans l’armée à l’âge de 16 ans. En 1995, il quitte l’armée et termine ses études en travail social avec spécialisation en criminologie, psychologie et toxicomanie. En 1999, il rejoint le service de probation de Cumbria en tant qu’agent de probation, gravissant les échelons jusqu’au grade d’officier en chef. Lire la suite…
