Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💙💙💙 LE MEILLEUR AMI DE L’HOMME d’Hervé Magnin

RESUME

La part du colibri
2017
HervĂ©, globe-trotter averti,  erre sur la planète animĂ© d’un idĂ©al humaniste. Sa quĂŞte semble solitaire ; pourtant de nombreuses rencontres pimenteront son parcours et il est affublĂ© d’un compagnon de voyage particulier : un couteau suisse. ImportĂ© de son pays d’origine à MontrĂ©al, celui-ci nous narre leurs pĂ©rĂ©grinations, depuis qu’il a Ă©tĂ© offert Ă  HervĂ© avant son dĂ©part pour l’AmĂ©rique du Sud.
Bien que vexĂ© de ne pas avoir Ă©tĂ© gratifiĂ© d’un sobriquet comme son acolyte le vĂ©lo dit « papillon-tortue », du titre d’une chansonnette composĂ©e par HervĂ© en son honneur, le couteau suisse s’éprend quand mĂŞme d’admiration pour l’idĂ©al et le courage de son propriĂ©taire. L’attirail de celui-ci se pare de son barda Ă  priori simpliste composĂ© de son vĂ©lo, son sac Ă  dos, sa guitare, son ordinateur… et son couteau suisse !
Avec cet objet, Hervé applique et expĂ©rimente ses techniques de baroudeur expĂ©rimentĂ©, passionnĂ© et motivĂ©. Pour atteindre son projet de rejoindre l’Argentine, HervĂ© se tient à une cadence forcenĂ©e du BDB (bouffer des bornes) et pour cela, ils traversent ensemble les USA en passant par le Texas jusqu’à Panama city en subissant bien des dĂ©boires. Le pire pour notre narrateur principal sera la perte de son fidèle acolyte, le couteau suisse. HervĂ© arrivera en Colombie sans son couteau suisse perdu. Il espère qu’il soit « tombé » entre de bonnes mains.
Quelques annĂ©es après, on retrouve un nouveau Couteau suisse avec HervĂ© au Moyen Orient jusqu’en Iran, et l’Irak au dĂ©part de la Savoie…  La Turquie les accueille. Mais l’ArmĂ©nie et le Liban lui rĂ©servent des surprises qui n’est en ont que le nom. Pourtant, HervĂ© Ă©tait conscient des risques pris en « frisant » de si près la frontière Syrienne en tant que ressortissant français. EmprisonnĂ©, il sera libĂ©rĂ© mais rien ne le dissuade de rentrer tranquillement en France. Le chemin ne s’arrĂŞte pas lĂ  : l’ArmĂ©nie et la Bulgarie l’attendent pour diverses finalitĂ©s.
Quid du couteau suisse ?

MON AVIS

Ce livre de rĂ©cit de voyage varie de mes lectures habituelles de livres policiers. Une vĂ©ritable leçon de bravoure dans « le meilleur ami de l’homme », imprĂ©gnĂ©e de modestie et de rire de soi.

UN ROAD TRIP ORIGINAL ET RISQUE

Selon mon habitude de faire des liens entre divers supports culturels (cinĂ©, tĂ©lĂ© et lecture) j’avise les amateurs de l’émission tĂ©lĂ©visuelle « J’irai dormir chez vous » d’Antoine de Maximy de lire ce roman. Ici, les motivations de l’auteur loin de l’enjeu mĂ©diatique vise une curiositĂ© sur d’autres peuples pour comprendre leur histoire (on pense au gĂ©nocide armĂ©nien, … ). Ses convictions politiques, philanthropiques, écologiques, et ses connaissances dans les ressources humaines et philosophiques seront ses moteurs. Nous les dĂ©couvrirons au fur et Ă  mesure du roman.

Lire HervĂ© Magnin nous rappelle notre « confortable confort » quotidien oĂą changer un pneu ou une roue sur un vĂ©lo reste un dĂ©sagrĂ©ment. Le choix de l’auto-stop oĂą Hervé sollicite la gĂ©nĂ©rositĂ© bienfaitrice des locaux en vue d’une gratuitĂ© absolue revendiquĂ©e, sera source de dĂ©sagrĂ©ments. Souvent improvisĂ©es, les Ă©tapes de son voyage en vue d’un gite et couvert souvent rudimentaires, reposent sur l’hospitalitĂ©, le dĂ©sintĂ©ressement et l’honnĂŞtetĂ© de ses hĂ´tes de fortune… mais pas toujours ! De cruelles malveillances profiteront de la candeur et l’optimisme d’HervĂ© dans la nature humaine pour le dĂ©pouiller.

Dans ces pays, les populations enclines aux Ă©changes et altruisme transcendent le climat politique difficile (ex : Nisrine, Metin le guide, Souha Bechara…).Les personnages rencontrĂ©s nous touchent d’humanitĂ© et de pragmatisme.

Et ces belles rencontres, ces mains tendues, les concerts assurĂ©s par notre intrĂ©pide hĂ©ros – il est chansonnier aussi !- compensent les nombreuses galères subies (prisons, crevaison, vols, égarements, fatigue). Ses dĂ©veines et les dangers (face aux Hezbollah) rencontrĂ©s nous tiennent en haleine de savoir comment il va s’en Ă©chapper. Difficile de le dĂ©motiver. Il va jusqu’Ă  se mettre en danger avec son pĂ©chĂ© d’orgueil et son entĂŞtement (cf. La rencontre en Bulgarie).

Dans pays aux  contextes politiques dĂ©licats on s’interroge sur la dĂ©termination d’HervĂ© de s’y rendre : folie ou dĂ©fi ? Juste une curiositĂ© de voir et comprendre le fruit de leur histoire et/ou leur gĂ©ographie pittoresque, curiositĂ© qu’il amorce au lecteur. Exemple : pour le mont Ararat ou la mer Caspienne, leurs attraits y ont conduit HervĂ© prĂŞt Ă  risquer parfois sa vie pour y accĂ©der ; le gĂ©nocide armĂ©nien sous le prismes des populations kurdes.

UN COMPAGNON ORIGINAL

Notre héros, comme son couteau suisse porte de multiples casquettes :

Quand je pense au fait qu’Hervé est écrivain, auteur–compositeur–interprète, guitariste, cinéaste, conférencier, psychothérapeute, formateur, sculpteur, aventurier et j’en passe… je suppose que par de là le banal attachement à maître, qui me rapproche de lui est aussi, voire surtout, qu’il soit comme moi, multifonctions. Page 285.
Ce foot-trip est ponctuĂ© de chansons, et poèmes du cru d’HervĂ© Magnin. Ils allègent la tension palpable de ses aventures.  Et l’Ă©vocation la poĂ©sie de Julos Beaucarne me rappelle mes annĂ©es collèges oĂą j’avais dĂ» lui rĂ©citer (Ă  J. Beaucarne) un de ses propres poèmes ! Cet humour particulier nous rappelle le tempĂ©rament de notre hĂ©ros :
« quand t’es dans un autre pays, t’as le mal de ton pays. Quand t’es dans ton pays, t’as le mal encore d’un autre pays… outre pays ». Julos Beaucarne.

Dans ce tableau, l’originalitĂ© de ce compagnon le couteau suisse nous surprend comme narrateur principal avec un regard aiguisĂ©.  On se prend au jeu, jusqu’Ă  compatir de sa « perte » ou de son « kidnapping ».

Notez ma remarque chauvine et savoyarde : je regrette l’Opinel (fabrication de Chambéry) au demeurant moins sophistiqué mais très pratique à la place d’un couteau suisse. H. Magnin est aussi savoyard ! 🙂

Je vous invite à explorer ces quelques 300 pages pour nous dépayser. Je vous invite à voyager par procuration sans risque.

L’écriture agrĂ©able nous emmène dans les pĂ©rĂ©grinations d’HervĂ©. Il a su retranscrire ses impressions, et humaniser ces combattants de la vie qu’ils a rencontrĂ©s.

Bonne lecture !

Quelques phrases intéressantes

Le passage d’un monde à l’autre n’est pas une simple procédure douanière. Cet visa à bascule de la part de la peur bloquante anodins anxieuse. Le casse-cou occulte la peur en sous-estimant les risques. Le timoré les surestime. Tous deux ont le trouillomètre mal réglé. Je suis au premier rang pour observer comment Hervé cherche l’équilibre sur le fil étroit de la vie
Or, du temps, on en a très peu quand on est nomade.
Le troc c’est super : on échange des choses banales de chez soi contre des merveilles d’ailleurs et tout le monde a l’impression de faire une bonne affaire.
Il ne leur manque que la parole, dit-on des chiens qu’on aime. Mais le meilleur ami de l’homme, ce n’est ni le chien, ni le cheval. Et là, je cite un grand philosophe. MacGyver disait et j’ouvre les guillemets : « le meilleur ami de l’homme, c’est le couteau suisse. »

Et vous, que pensez- vous de la chronique ? N’hĂ©sitez pas Ă  laisser un commentaire…