RÉSUMÉ
Marseille. Lucie Clert, Henri Saint-Donat et Basile Urteguy travaillent au commissariat, dit l’Evêché. Leur enquête débute sur une voiture carbonisée avec à l’intérieur, Nathalie Fournier connue par la police comme « La Carlton » une braqueuse professionnelle.
Paris. Une fusillade à la kalachnikov a provoqué entre autres la mort collatérale d’une femme âgée.
Dans le Jura. Un homme jeune de 25 ans a été retrouvé nu et bâillonné dans le fleuve.
Ces trois affaires liées, les policiers marseillais et leurs collègues de Paris devront collaborer. Mais les constatations successives les déroutent : Le mode opératoire de tous ces crimes ne se ressemble pas et ne coïncide pas avec le style d’infractions commises dans le milieu. Comment une braqueuse d’une certaine trempe se retrouve mêlée avec des petits caïds d’un autre genre ? Pourquoi un dealer cache sa came dans un sac de marque de luxe ?
MON AVIS
Toute ma reconnaissance pour ce service de presse proposé par le site Netgalley France et les éditions Fayard.
Cet ouvrage a reçu le prix du « Quai des orfèvres » 2021 mettant en scène une enquête complexe pour des crimes commis à Paris et Marseille. L’auteur Christophe Gavat, aguerri par son métier (commissaire de police) écrit en toute connaissance de cause sur la procédure, la pratique policière, et les affaires de banditisme, 🧐👉 sa bio (source babelio)
Les acteurs du dénouement, des policiers au parcours propre, dévoileront leur force et faiblesse en même temps qu’ils dévoileront ce stratagème. Des cadavres très meurtris laissent supposer le supplice de victimes. D’ailleurs l’examen du pédigrée judiciaire desdites victimes empêche d’encenser leur vertu durant leur vivant. Et la collaboration des policiers issus de diverses formations et de localités différentes va finir par relier les affaires. Puis, une enquête à rebondissement autour des calanques et Paris démontrera la jonction cohérente entre victimes et suspects fruit d’une combinaison insoupçonnable née d’une supposition primaire de l’un des protagonistes.
UN POLAR DANS LA CITE PHOCEENNE
On pénètre dans l’univers dans la noirceur des cités marseillaises. Caïds, petites racailles, règlements de compte, drogue, trafic en tout genre, communautarisme, racisme, grosse berline volées, armes. Voici l’échantillon de la panoplie qui pourrait paraître cliché. Mais l’auteur rend le tableau réaliste par pointillé ce qui altère cette sombreur et le sentiment d’une abyme sociétale.
Cap Canaille offre un paysage très pittoresque (cf. photo, source: https://www.provence7.com/portails/mer/curiosite-cap-canaille-a-voir/). Mais je doute des louanges de l’office du tourisme de Marseille 😊 quand il décrit les cités Marseillaises où la délinquance règne, et gâchent l’atmosphère. La réputation de la ville antique est malheureusement polluée par les échos médiatiques récurrents de ces échiquiers aussi dangereux et mal famés. Ce polar presque « régional » ne se limite pas aux paysages méditerranéens de la cité phocéenne. On s’éloigne du Vieux-Port pour se jeter dans les calanques avec aussi un intermède parisien.
DES FLINGUEURS
Des allusions aux films d’Audiard – Lautner apportent une touche de légèreté dans ces crimes et tortures particulièrement cruels. Les références culturelles sont hétéroclites en mêlant les noms d’opéras, de musique classique, de chanteurs et de variétés. Et s’ajoute dans le récit le domaine footeux, Marseille oblige !
On est intégré à l’enquête du début à la fin, hormis les autopsies dont on est exclu. L’impression d’assister les policiers dans les avancées des investigations est véritable car le romancier partage avec le lecteur le jargon utilisé par les policiers dans leurs activités. De plus, les nombreux sigles répandus pour dénommer des brigades, des procédures, des endroits, sont également « traduits ». Le romancier a su se mettre au niveau du profane le familiarise aux procédures en n’oubliant pas de mettre des renvois pour les expliquer.
La complexité de l’enquête, ou le surtout les connexions entre tous les crimes et attaques nous présentent les stratagèmes utilisés par des bandits expérimentés. Les codes, leurs règles rigoureuses et impitoyables entre eux sont bien détaillés.
Je vous conseille de bien rester concentré dans l’enchainement des crimes en cascade car j’ai failli m’emmêler dans leur auteurs…
UNE UNITE DE POLICIERS
Tous les membres bien caractérisés de l’équipe de policiers en action sont marqués d’un passé plus ou moins lourd. Leur cohésion est exemplaire sans outrance. Ces hommes et femmes au métier difficile gère aussi une vie personnelle parfois compliquée, comme celle de tout le monde. Dans le groupe, j’ai ressenti une nette préférence pour Henri Saint-Donat. C’est d’ailleurs je pense, l’objectif de l’auteur qui a façonné ce personnage compétent avec des nuances de générosité et de bienveillance altruiste en prenant garde de ne pas les confondre avec faiblesse. Quant à Basile et Lucie, ils sont mignons. Peut-être les héros d’une suite ! Qui sait…
