RÉSUMÉ
Vanessa appelée Nine par ses collègues et amis, technicienne de police scientifique travaille au commissariat de Chambéry. Ce jour-là, elle est missionnée à la suite d’une disparition inquiétante de Lisa une mère de famille, ainsi que de ses deux filles Garance et Aïcha. Madame Liesse, la mère de Lisa est venue signaler à la police l’étrangeté du silence de sa fille. Sans aucune nouvelle d’elle depuis plusieurs jours, tout porte à penser qu’il s’est passé quelque chose, surtout que ni Garance ni Aïcha n’ont été emmenées à l’école.
Alors Nine, son collègue Carl, et leur impopulaire supérieure surnommée à son insu par le sobriquet Chou-Baca, se rendent au domicile de Lisa. Ils recherchent donc des indices pour comprendre cette disparition anormale. Arrivée à l’appartement, l’équipe scientifique le trouve désert au premier abord, sans trace d’aucune présence. Mais bientôt, une découverte difficultueuse laisse deviner le cadavre d’Ahmed, le conjoint de Lisa. Ce premier résultatrequerra les compétences de la procureure alors dépêchée sur place. Nine et son équipe poursuivent néanmoins leur quête, toujours à l’affût d’explications sur l’absence de Lisa et ses filles. Et, leur exploration va se révéler effroyable…
MON AVIS
Rencontrée à une séance dédicace à la librairie Decitre de Chambéry, j’ai eu la chance de faire connaissance de l’auteure.
La personnalité chaleureuse et sympathique qui émanent de Vanessa Laferrière efface la dureté de son vécu quotidien dans la police. On dirait que les violences endurées dans son activité professionnelle n’ont pas d’emprise sur elle. Et pourtant, la barbarie, la rudesse et brutalité qu’elle doit affronter, et dont elle est spectatrice font partie intégrante de son métier. Avec la narration de cette histoire dramatique, partie d’une base d’une réalité, l’auteur atteste de la dureté des évènements à gérer quand l’humanité et l’empathie sont confrontés à une bestialité impitoyable. On décèle dans l’auteure les qualités de son héroïne Nine : spécialiste des crimes mais respectueuse de la vie et des autres avant tout.
Le plus :
Un roman régional
Je le considère comme tel : L’histoire se situe dans la ville de Chambéry 💖, ma ville ! Donc, je ne pouvais pas passer à côté. Rien que pour cette raison, j’apprécie ce livre… sauf que j’espère sincèrement que cette histoire s’est passée ailleurs et qu’elle a été exagérée. Difficile de représenter une telle horreur à deux pas de chez soi.
Du réel à la fiction
Ces 170 pages de ce drame familial suffisent pour décrire les dérives du sordide, comme relatent souvent les pages des faits divers. Penser que le récit contient une bonne part de véridique renforce l’idée de cruauté, et élimine toute idée de légèreté que suggère parfois une fiction pure. Assurément, ce livre secoue (!). Aussi, après l’avoir lu d’une traite ou presque vu la difficulté à la lacher, je l’ai refermé avec un sentiment de malaise, tellement imprégnée par l’horreur racontée.
À partager un brin de son expérience, V. Laferrière transmet son propre désarroi parfois ressenti. Après des années à devoir être confrontée à ces difficiles routine, on constate qu’elle est loin d’être blasée. Sa sensibilité transperce à travers ses lignes et témoigne d’une empathie pour les victimes, ou familles de victimes sans pourtant encombrer ses compétences. Un temps pour tout, mais chaque chose en son temps. Et c’est là que l’on constate qu’elle trouve son oxygène moral et mental avec l’esprit d’équipe et dans le réconfort de ses collègues et amies.
Les moins :
La dureté du récit et la description des crimes donnent froid dans le dos. Âme sensible s’abstenir, et les fans de crimes sordides ne seront pas être déçus.
Le personnage de Chou-Baca ne m’a pas inspiré autant d’antipathie qu’à notre narratrice. Je pense que de son expérience, l’auteure a avoué avoir subi ce genre de collègues désagréables et imbus d’eux-mêmes sans considération pour autrui ou leur équipe. Je regrette juste l’insistance avec laquelle l’auteure dénigre Chou-Baka ici, – même si ces critiques sont justifiées ! — ; alors j’entrevois ces critiques comme une espèce d’exutoire. Mais je les trouve trop répétitives dans le livre, à tel point qu’on (en tout cas, moi !) finit par les interpréter comme un parti pris.
En tout cas, un excellent premier roman prometteur bien renseigné et bien écrit, agréable à lire. Si un peu de fantaisie pouvait agrémenter les prochains livres pour les rendre moins factuels, ils n’en seront que meilleurs, et cela atténuerait la force du côté obscur .
À découvrir ! vous l’avez deviné, ce roman noir ne vous laissera pas indifférent.
L’auteure :
Si l’auteure en plus est policière ça doit donner encore plus d’intérêt au livre.
Merci pour la découverte !
Bonjour Céline, merci de votre intérêt. Oui, c’est ce qui rend le livre riche d’enseignement sur les réalités vécues et ressenties et les rendent d’autant plus difficiles à se représenter.