RÉSUMÉ
Franck Sommerset policier au commissariat du « 36 » arrive à l’hôpital Saint-Anne pour constater l’horreur commise sur Philippe Silva. L’affairiste, marié et père de famille, a fait fortune grâce aux réseaux sociaux. Il a la vie sauve mais ses tortures le réduisent à un avenir d’état végétatif : il a été lobotomisé, amputé des bras, énucléé, et un masque de pierre a été cloué sur son visage. Son bourreau l’a piégé dans une antre désertée de l’institution pour agir à sa guise sans être inquiété. Pourquoi une telle ignominie commise sur cet homme sans problèmes particuliers, ni ennemis en apparence ? Une unique piste pour l’heure : La violence et la précision de cette barbarie sont la signature de la main experte d’un militaire endurci à l’épreuve.
À l’annonce de l’agression faite à Sonia, l’épouse de Philippe Silva, Elga sa meilleure amie est alors présente. Et, Franck en déduit vite que le témoignage de celle-ci paraît crucial car en travaillant chez Google, elle connait bien le milieu dans lequel a évolué la victime.
Et alors que l’enquête débute à peine, on signale une violente agression infligée à Virgine Debassin directrice commerciale au Figaro. Les tortures subies s’apparentent à celles de Philipe Silva, à quelques nuances près. Paralysée par des cervicales rompues, visage cloué d’un masque précolombien, langue coupée, énuclée. Martyrisant la victime à son domicile, le tortionnaire ne s’est pas formalisé de la présence d’un jeune fils et d’un mari, bien neutralisé.
Lors de l’entretien d’Elga avec lui, Franck a senti qu’il pouvait lui faire confiance quand à Google, elle lui présente Ariane, une experte en logarithmes capable d’établir un lien entre les deux victimes… Très vite, Khal Doe, un ponte dans le numérique apparaît comme le dénominateur commun de ces personnes réunies à Cannes au Festival mondiale de la publicité.
Ainsi, Franck s’intéresse de près à Doe ; d’autant que le profil de l’ancien légionnaire à l’identité trouble se rapproche de celui du criminel. Mais ses alibis empêche de le confondre, alors Franck poursuit son enquête à laquelle il associe plus ou moins Elga.
Mais l’affaire se complique avec la découverte fortuite d’une troisième victime encore vivante ensevelie dans les catacombes de Paris. On lui a été retiré la parole, l’ouïe et la vue et cloué un masque précolombien sur le visage. Quand l’algorithme d’Ariane confirme Khal Doe comme connaissance commune au trois victimes, la police se presse à le neutraliser au plus vite. Cela va-t-il être nécessaire à stopper cette hécatombe d’abominables tortures ?
MON AVIS
Service de presse : Tous mes remerciements aux éditions Mazarine et au site Netgalley pour ce scénario à suspens digne d’un bon thriller. Les multiples supplices marquent une imagination fertile de l’auteur.
Un macabre inouï accompagné d’insupportables souffrances sur des personnes au long du roman sont relatés avec précision ; mais l’auteur n’a pas accentué l’horreur. Cependant, peut-être m’habitué-je à lire un peu trop de thriller ! 🧐 En tout cas, leurs justifications – exotiques et originales – prennent sens à la fin. Un dosage bien pesé entre l’ignominie et une enquête qui redonne du sens à l’humain avec des personnages dotés d’un sens de générosité.
Dans l’aire numérique
Les policiers, les témoins et victimes évoluent aux milieux dans l’univers contemporain des réseaux sociaux. La sphère du « vu et être vu » concentre des moyens financiers insoupçonnés créatrices de carrières lucratives à l’origine de fortunes colossales.
Notons ici, la force d’informations que peut drainer des photos anodines postées sur le Net. Exploitée pour le bien, ou pour le mal, la moindre d’entre elles n’a rien d’inoffensif ; la preuve avec les publicités que l’on reçoit au quotidien, bien ciblées selon nos inclinations. Les prouesses d’Ariane dans le domaine de l’algorithme impressionneront les lecteurs, comme elles ont bluffé la police et l’armée requises dans le roman. C’est d’ailleurs intéressant − fictif ou pas ? − d’en voir les limites de l’usage par les autorités.
DES TORTURES PENSÉES ET PANSÉES
Chacun des supplices est administré avec une élaboration intellectuelle poussée. En effet, conçue comme une punition, chaque blessure sanctionne un penchant malsain perçu par la victime. Nous nous trouvons dans un contexte de cruautés criminelles vengeresses. Du sadisme, certes présent, mais l’auteur nous a épargnés les descriptions trempées d’hémoglobine qui prennent une place infime dans le récit.
Et ces descriptions morbides sont pourtant utiles et fournissent les clés à l’histoire.
« Persona », (masque en latin) concept psychanalytique expliquerait le modus operandi : « la persona est ce que quelqu’un n’est pas en réalité, mais ce que lui-même et les autres personnes pensent qu’il est.«
C‘est le symbole de l’archétype que l’on supporte au sein du monde extérieur : la gentille fille, le bon père de famille, […]. Elle a pour fonction de justifier notre individualité.
Paris-Bogota
L’enquête menée par Sommerset ne se limite pas à de la spéculation intellectuelle corroborée par des calculs mathématiques ou des recherches sur Internet couronnées d’une arrestation dans les formes. Non, rien de cela : les forces de l’ordre vont ici s’investir physiquement, et humainement.
En effet, notre commandant doit faire fi de sa claustrophobie pour déambuler dans les catacombes de Paris. Comme toute lecture qui suscite un intérêt, celle-ci m’a poussée à approfondir cette 👉 visite particulière ( cf. SITE fast pass partout) du ventre de la capitale. Ainsi, pour moi cette incursion − virtuelle − me suffira ; mon tempérament « plan-plan » me pousse à fuir cet endroit pourtant riche de curiosités insolites. Sommerset va aussi se rendre — sans vouloir en révéler trop — à Bogota. Je confesse mes lacunes en géopolitique sur la Colombie, incapable de jauger les plausibilités d’explications fournies qui justifie toute l’intrigue, alors je les admets probables. Cependant, mon bémol, est le mobile un peu tiré par les cheveux mais heureusement bien ficelé malgré tout alors cohérent et crédible, donc recette primordiale pour me séduire.
J’ai aimé : Ce livre n’est pas mon coup de cœur mais il procure une lecture agréable, avec des personnages qu’on apprécie et des rebondissements.
J’ai moins aimé : La fin tire selon moi en longueur… mais ce n’est que mon humble avis… !
#Persona #NetGalleyFrance
Une interview de l’auteur réalisée par Collectif Polar : 🎙ici
Citations :
Il n’aimait pas la presse. Il ne l’a jamais aimée d’ailleurs. Elle ne représentait que des intellectuels trop limités pour faire fortune et pas assez stupides pour fermer les yeux sur leur condition humaine.
Je ne connais pas du tout et c’est assez tentant : pourquoi pas ?
Merci pour la découverte, bonne journée !