RESUME
USA. Au LAPD, l’inspectrice de police Renée Ballard a été rétrogradée à l’équipe de nuit par sa hiérarchie suite à une plainte pour harcèlement sexuel déposée contre Oliveras, son supérieur. Même Kenny Chastain, son équipier de l’époque, ne l’avait pas soutenue ni appuyée, alors depuis elle se résignait à sa nouvelle situation en attendant les aveux du harceleur.
Aujourd’hui, elle fait équipe avec Jenkins qui, lui, se satisfait de ces horaires nocturnes lui offrant de sa journée libre pour s’occuper de sa femme atteinte d’un cancer. Ainsi, le binôme prend en charge les nombreux « au secours » de la nuit. Cependant quand sonnent les 7 heures du matin, la frustration de Ballard est titillée de devoir confier la poursuite des enquêtes ouvertes aux collègues. En effet à partir de là, Jenkins et elle y seront étrangers.
Or cette nuit, comme d’habitude, les affaires courantes s’enchaînent : déclaration d’usage de carte bancaire volée, et l’agression transphobe, où Ramone Ramana a été retrouvé battu à mort sur un parking. Et quand Ballard essaye de recueillir sa déclaration à l’hopital, il est dans le comas. C’est alors qu’est transporté dans le même hôpital, le cadavre d’une serveuse, victime d’un quadruple homicide commis dans une boîte de nuit. Un mass murder. Sensibilisée par la nouvelle victime, Renée ne peut s’empêcher de s’investir dans cette nouvelle enquête, au moins jusqu’au petit matin. Elle trouve prétexte pour se rendre sur le lieu du crime confiée à d’autres et se contente d’observer puisqu’on ses supérieurs l’écartent ouvertement de l’enquête. Alors, quand un témoin déboule avec le crime en arrière plan de ses photos, elle confie à son ex-coéquipier Chastain.
Comme le lendemain Jenkins est de repos, Renée profite d’une équipe accaparée par l’affaire du night club pour le service pour l’autorisation de gérer l’affaire de Ramona. En attendant la sortie du comas de la victime, Renée explore des pistes, gardant bien à l’esprit de ne pas négliger ses tâches courantes. Son enquête empiète sur ses journées, mais elle détient une piste…
Or, en parallèle, l’assassinat de Chastain dans son garage perturbe Renée qui sait devoir agir avec discrétion pour comprendre le lien avec les crimes du dancing.
Pour sa quête de vérité, elle n’hésite pas à se mettre en danger…
MON AVIS
Mes vifs remerciements au site Netgalley et aux Editions Calmann Levy pour l’avant-première de ce policier captivant, d’un auteur M. Connelly (source Wikipédia) de renommée mondiale à juste titre méritée. Ce roman a déjà reçu le prix Barry en 2018, un prix littéraire policier décerné chaque année depuis 1997 par les éditeurs de Deadly Pleasures, une publication trimestrielle américaine..
Si je connaissais Connelly de longue date, j’ai beaucoup apprécié retrouver ses enquêtes complexes mais aucunement alambiquées. Le style énergique de Renée Ballard m’a conquise. Cette nouvelle héroïne entre avec succès dans la garnison des personnages de l’oeuvre de Connelly. La texture de ce roman fournira là encore, matière pour un scénario de film à rebondissements.
Les 400 pages haletantes nous captivent dès le départ du roman. On immerge immédiatement dans les faits divers nocturnes avec l’équipe composée de Renée Ballard et Jenkins. Les deux premières affaires soumises des premiers chapitres assez courts pronostiquent un rythme dynamique. Ce roman policier, présente l’intérêt d’une certaine densité par les affaires qui sont présentées, le schéma de deux enquêtes parallèles en cours, des personnages très bien campés procurent plusieurs heures de lecture non-stop.
Mickael Connelly n’hésite pas à dénoncer la rudesse de la société, et en particulier dans la police. Il illustre le problème récurrent de flics pourris. Jenkins (Jenk off = branleur anglais) symbolise le souffre-douleur du commissariat, victime consentante de la pénibilité des horaires. Le mépris de ses collègues, hormis Ballard, accentue sa sympathie. Par l’intermédiaire de ses personnages l’auteur condamne le sexisme, et l’hypocrisie autour, même dans le milieu policier. Avec un certain pessimisme, le livre se clôt sur ce thème avec un certain fatalisme autour de cette question, mais une résignation rejetée avec force notre héroïne.
Deux enquêtes parallèles
Deux enquêtes pour des crimes de nature différente sont imbriquées.
Une enquête dans lequel trempe un policier, est fréquente dans les polars, mais souvent cette hypothèse déconcertante surgit après un long aboutissement. Or, ici, cette éventualité survient tôt dans le raisonnement de Ballard ; mais le mystère tournera surtout autour des motivations et de l’identité du coupable. Et belle performance de suspens.
Une autre agression de nature sexuelle illustre un fait de société, à première vue mondialement répandu. La pugnacité de Ballard à démasquer le criminel transphobe avec un homme tabassé de vouloir devenir femme met en lumière cette réalité d’intolérance contemporaine. Le courage et la ténacité de Renée Ballard va nous guider dans la progression pour éclaircir l’opacité qui recouvre le crime.
Peut-être parce que plusieurs enquêtes évoluent dans deux domaines différents, le lecteur n’est jamais induit dans une confusion. Ballard jongle de l’une à l’autre, et on la suit dans une progression trépidante mais très cohérente meme dans des situations d’inconfort ou de dangers extrêmes.
L’auteur nous initie au jargon et pratiques dans les commissariats, ou de la police criminelle. L’écrivain partage ainsi son travail de recherche auprès de policiers expérimentés pour nous illustrer les pratiques du métier de policier. Ainsi, on comprend les règles appliquées pour les scellés, des armes autorisées pour les officiers, les relevés d’empreintes, les écoutes, les flagrants délits… et moults détails dans le domaine.
Une héroïne remarquable
Les agissements de Renée Balart façonnée d’une forte et noble personnalité sont appropriés avec justesse au récit. Ce personnage féminin à tout à fait l’étoffe d’une héroïne humaine : forte dans ses convictions (elle ne se laisse pas impressionner quand la justice est en jeu), elle sait écouter ses sentiments par ailleurs, et s’attendrit encore d’un passé cicatrisé (la mort de son père). Cette nouvelle héroïne si bien cadrée et dosée dans la galerie offerte par M. Connelly, je lui pronostique une belle longévité.
Le mode de vie pittoresque révoque le conformisme traditionnel en adéquation avec son caractère solitaire mais loin d’être asociale. Indépendante et curieuse, son métier de policier est le fruit d’une réflexion étudiée puisqu’elle avait commencé sa carrière en tant que journaliste. Sa rigueur et son pragmatisme lui permettent d’associer sa profession avec ce qui lui tient à cœur : la pratique sportive, ses responsabilités vis à vis de sa chienne Lola et des liens étroits avec Tutu sa grand-mère. Avec modération mais sincérité, elle s’accorde des relations amicales et sexuelles. Cet équilibre de vie s’adapte totalement à la cohérence du récit. Une fille saine.
Pour ne rien gâcher, son intelligence et ses manœuvres calculées génèrent des résultats appréciés et reconnus de ses collègues et de sa hiérarchie. Sa compétence est établie, sa ténacité aussi.
Je redécouvre Connelly avec cette nouveauté. On en entendra beaucoup parler, alors je vous conseille vivement de vous y plonger. Il réunit qualité (mon coup de cœur du mois) et quantité (plusieurs heures de lecture garanties).
Bonne lecture !
Vous pouvez vous procurer l’ouvrage chez votre libraire, chez DECITRE ou à la FNAC.
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