Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💜💜💜💜💜ENGLOUTIE D’Arno Strobel

RESUME

Edition l’Archipel
juillet 2019
300 pages
Michael Altmeier et sa compagne Julia Schönborn sont invités à passer quelques jours chez son collègue Andreas Wagener et sa femme Martina sur l’île d’Amrum. Le deal entre les hommes consiste pour Michael à aider pour les travaux de réfection de la propriété contre le séjour. Tentés par le charme pittoresque de l’île, Michael et Julia font abstraction de l’offre étrange de la part d’un collègue, que Michael connait finalement très peu.
Ainsi, arrivés sur l’île, les deux couples apprennent à se connaître. Les deux hommes s’apprécient mais aucune affinité particulière ne naît entre les deux femmes. De plus, les regards insistants de la part d’Andreas incommodent Julia, prise en étau au cœur d’une tension ostensible du couple Wagener.
Mais en guise de voyage d’agrément, l’île va devenir la scène d’un cruel fait divers, fruit d’une élaboration calculée commis sur un couple : À marée basse, la femme a été ensevelie vivante dans le sable hormis sa tête à l’extérieur. Et pendant que la mer monte, son amoureux ligoté, la regarde mourir. Au vu de l’ampleur du crime, des équipes du continent vont venir renforcer les forces de police locales.
Ainsi, vont y être missionnés Harmsen, un flic antipathique, assisté de Jochen. Très vite, un faisceau d’éléments conduisent l’enquête vers Michael comme principal suspect. Coïncidence, hasard, ou manipulation ? Alors, tandis qu’on ne parvient pas à prouver la culpabilité du suspect principal, d’autres crimes sont commis sur le même mode opératoire.
Harmsen, reste convaincu de la culpabilité de Michael… sauf qu’il est le seul à le penser. D’ailleurs, son obstination butée va pousser d’autres enquêteurs à le contrer. Il faut en plus compter sur beaucoup de comportements étranges : le voisin obsessionnel de la photo, un policier en mal d’enquêtes à cause d’une longue maladie, et un neuropsychologue à la retraite.
Tous enlisés sur cette île pour le besoin de l’enquête, tout le monde suspecte tout le monde. Le havre de paix devient une lande à haute tension.

MON AVIS

Mes vifs remerciements vont aux éditions l’Archipel pour ce service de presse qui m’a permis de découvrir un Arno Strobel auteur allemand de talent (source Wikipédia) dont l’imagination, certes, un peu torturée ⚡ est efficace pour donner la chair de poule. Excellent roman policier à suspens.

Le quatrième de couverture me tentait : Vous êtes enfouie dans le sable. Impuissante. Et la marée monte… monte… Deux couples passent leurs vacances sur une île de la mer du Nord, réputée pour son calme et la beauté de ses paysages. Peu après leur arrivée, des crimes d’un sadisme inouï sont commis. Après avoir été enlevés, une femme et un homme sont amenés sur une plage à la nuit tombée. Et là, ce dernier assiste impuissant au supplice de sa compagne. Car la marée monte, qui va engloutir celle qu’on a enterrée dans le sable – et dont seule la tête dépasse… Le tueur prend d’autant plus de plaisir à ces spectacles qu’il se sait supérieurement intelligent… donc infaillible. Personne, jamais, ne le soupçonnera. Raconté de plusieurs points de vue, dont celui de l’assassin, un suspense qui glace le sang jusqu’à l’ultime page.

Et BONHEUR… une lecture conforme à mes attentes. Je classerais l’ouvrage dans mes coups de cœur. Les chapitres courts, des dialogues opportuns et des personnages nombreux procurent une belle énergie à la trame. Pourtant, le récit s’apparente à un huis-clos à ciel ouvert où les protagonistes sont confinés malgré eux sur une île. L’idée du mode opératoire sophistiqué appliqué par le criminel heurtera sans doute nombre d’amateurs de grands espaces offerts sur les plages.

plage d’Amrum (une île de la Mer du Nord)

Voici un prisme singulier des immensités de sable découvertes à marée basse ! Le dépaysement total offert par le cadre insulaire en automne transporte le lecteur, à en avoir le mal de mer⚡.

La psychologie des sentiments

La psychologie des personnages au cœur de l’intrigue se développe avec finesse. D’ailleurs, l’évocation saupoudrée au fil des pages à propos du barême de l’intelligence jete un trouble. Le prologue augure un personnage central doté d’une intelligence « remarquable » – particularité attribuée à de nombreux psychopathes -. Aussi, notre criminel conscient d’un Q.I. remarquable sera redoutable de sadisme d’autant qu’il est animé par une absence totale d’humanité, d’où l’origine de SA frustration : ne pas comprendre les sentiments, comme l’amour. D’ailleurs, ce parangon d’inhumanité dépersonnalise ses victimes transformées en cobayes : Il appelle systématiquement les couples, objets de son étude, Jane et John. Et il observe avec attention l’effet de l’amour sur les amoureux en difficulté.

Il ne comprend aucune des manifestations de ce qu’on appelle l’amour, et pourtant il les reproduit jour après jour de manière convaincante.
Ça va malheureusement devoir continuer ainsi, puisqu’il n’a pas atteint son grand objectif. Comprendre l’amour.

Additivité assurée

Difficile de fermer le livre avant de savoir QUI est cet être barbare et insensible. Or, toutes les suppositions se succéderont, et les doutes s’immisceront à chaque ligne avec un panel de personnages quelque peu étranges. L‘impossible devient probable et inversement. Mais il faudra patienter jusqu’aux dernières pages pour SAVOIR QUI ! et savoir S’IL VA être démasqué. 

Des certitudes : Le coupable est un homme. Alors, la présence Julia et Martina évite tout soupçon à leur propos, mais du coup, leur vulnérabilité est accrue.

J’ai énormément apprécié la cohérence du scénario, avec une chute explicative simple et surprenante insoupçonnable. J’ai relu la dernière page pour être sûre de ne pas rêver.

Bonne lecture… !!!

Vous pouvez vous procurer l’ouvrage chez votre libraire, chez DECITRE ou à la FNAC.
Votre avis sur la chronique ou le livre est le bienvenu…

Citation(s) pour en avoir avant-goût

(p. 139) Il aurait aimé tomber sur un policier qui comprenne vaguement les règles de son jeu . qui, malgré les indices qu’ sème , voie plus loin que le bout de son nez et envisage d’autres éventualités . quels duel formidable il aurait pu livrer à un tel homme.
(P.164) Les gens deviennent hideux quand ils ont peur. Les adultes, en tout cas. Pas les enfants.  Pas sa soeur. A chacun des essais, quand elle comprenait qu’elle allait peut-être mourir, une beauté fascinante la transfigurait.
L’amour. Tu parles. Il finira sûrement par découvrir que c’est un mythe inventé par un esprit diabolique et fin connaisseur de ces imbéciles d’êtres humains.