Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💜💜💜💜💜AUTOPSIE D’UN DRAME de Sarah Vaughan

RÉSUMÉ

Prélude
10/03/2021
450 p.
Londres. Angleterre.
Janvier 2018.
La pédiatre, Liz, reçoit aux urgences de l’hôpital, Betsey Curtis, un bébé de quelques mois pour un traumatisme crânien. Mais, le protocole et sa hiérarchie lui imposent de prendre le recul nécessaire  au prétexte de sa proximité affective avec Jess, la maman de l’enfant. Cependant, avant de se dessaisir de cette jeune patiente au profit de ses collègues, Liz alerte les services sociaux. Vu la gravité des dommages et le comportement anormal de Jess, il devront comprendre ce qui s’est passé.
Ainsi, moralement tiraillée entre sa conscience professionnelle et son amitié avec Jess, Liz s’interroge à propos de celle qu’elle a toujours considérée comme une mère exemplaire et femme au foyer accomplie. Leur rencontre date de leurs cours d’accouchement lors de leur première grossesse. Et dès lors, perdure leur petit groupe ainsi constitué avec Mel, Charlotte, et tous leurs maris respectifs. Pourtant, le remarquable sens pragmatique et organisationnel de Jess a souvent fait douter Liz de ses propres qualités maternelles, mais sa passivité observée devant l’état de santé de Betsey la déstabilisent aujourd’hui.
Comment une mère si parfaite a-t-elle pu changer au point de maltraiter sa fille ? Que s’est-il passé avec l’enfant ? Beaucoup de questions taraudent Liz forcée d’abandonner la famille Curtis à l’enquête intrusive des services sociaux. En parallèle, la décrépitude préoccupante de sa propre mère va lui apporter un éclairage nouveau, notamment sur leur relation tendue.

MON AVIS

Service de presse : un grand merci à Netgalley.com et les éditions Préludes.

Ce thriller domestique addictif décortique le cheminement d’un drame familial, comme le précise le titre  « autopsie ». Dépourvu d’ambiance morbide malgré l’état critique de l’enfant, une grande part de psychologique l’alimente.

Le fait préétabli du départ, un bébé violenté, fait craindre un ennui de lecture à venir parce que l’affaire parait préalablement bouclée et, pourtant… les réflexions des personnages divergent, et des flashs sur cette journée fatidique instruisent le lecteur pour aboutir à des rebondissements inattendus !

Le récit aborde beaucoup de thèmes, à commencer celui de la famille dans sa globalité (maternité, paternité, couple, divorce, enfants, relation mère-fille, les méthodes éducatives, le rôle des parents, la place du père). On y décèle aussi : Le rôle de la femme dans la société, le monde médical, les addictions, la résilience, le Tdah -ou hyperactivité-.

Comme dans son précédent ouvrage, l’auteure S. Vaughan 👉📖 Anatomie d’un scandale sait insinuer le doute dans des circonstances tout à fait plausibles autour de personnages tout à fait crédibles. En maitrisant à merveille le risque des situations ambiguës, elle entraine le lecteur dans un jeu de tergiversations psychologiques à propos d’attitudes ou comportements suspects pour éliminer toute certitude, puis asséner une vérité finale. Elle s’applique à maintenir un suspense, car comme dans la réalité,  ici, rien n’est noir ou blanc.

Mon premier coup de cœur de l’année ! Ne manquez surtout pas ce roman quand il sortira en mars.

Pour aller plus loin

Du Baby blues à la dépression post-partum

Le cadre du récit part de l’hypothèse d’une famille contemporaine de trois enfants de catégorie sociale sup intime de celle d’une pédiatre à l’hôpital et d’un prof. Mais un accident domestique presque banal (quel bambin n’est jamais tombé ?) va bouleverser l’équilibre familial et amical quand va s’immiscer la Loi, l’autorité administrative.

On assiste à une descente aux enfers d’un père sidéré par la découverte d’une épouse débordée par la naissance d’un dernier-né difficile et l’indocilité des ainés. En l’occurrence, les pleurs incessants de Betsey, la petite sœur de Kit et Francky mettent les nerfs de Jess à rude épreuve. Cette maternité qu’elle appréhendait déjà avec l’agitation incontrôlable de Francky, a fini par anéantir sa confiance. À travers Jess, l’auteure illustre à merveille le processus de la perte de confiance d’une maman déconcertée face à son insupportable petite dernière. Vue de l’extérieur, son expérience exclut cette perte de contrôle, et la confine encore dans sa solitude et la contraint à se tourner vers le Net.

Épuisée par son impuissance à calmer le bébé, Jess combat ses mauvaises pensées. La conscience d’idées de violences contre sa fille la bouleverse. Et personne n’a deviné sa détresse psychologique.

UNE ENFANT MEURTRIE

L’auteur a effectué une prouesse un partant d’un fait établi  : La maltraitance évidente sur bébé. Mais Liz, morfondue de culpabilité à cause de sa dénonciation reste sceptique quant à la responsabilité de Jess. Pour la comprendre, elle va analyser leurs rencontres au gré de sa narration des derniers mois, pour y déceler des signes latents de violences.

Et ainsi, en filigrane, la perspicacité et la psychologie de Liz vont démêler l’inimaginable film de la tragédie. Car, le constat dramatique d’une chute cache un imbroglio de fils conducteurs. L’héroïne attachante représente la noblesse de l’humilité et de l’humanité.

DESPERATE HOUSEWIFE (femme au foyer désespérée)

Ainsi, les scènes passées ou présentes des tableaux sur les familles amies décortiquent l’état d’esprit de Jess, et qui pourrait justifier un geste malheureux… Pour les adeptes de cette série culte du même nom 👉📺 Desperate housewife, ils retrouveront une bande de copines avec leurs défauts et bienveillance, même si ici, la plupart travaillent. Leur amitié entretenue depuis la préparation de leur premier accouchement, ces femmes partagent activités et confidences avec un caractère propre. Et là, Jess s’apparente à la Bree Van de Kemp de la série, mère de famille toujours impeccable, où rien ne dépasse, « insubmersible » et perfectionniste.

Sans divulgâcher, le calme relatif au sein de ce groupe d’amis va nous captiver jusqu’à la fin, même si Liz et Jess en sont les héroïnes. Le rythme dynamique d’une écriture fluide provient aussi de l’alternance du récit de Liz à la première personne et des chapitres à la narration omnisciente de Jess ou son mari Ed, ou encore Janet…

À lire absolument !

 #Autopsiedundrame #NetGalleyFrance

Citations

La médecine ne relève pas seulement de la science, mais aussi de l’art : un art dans lequel le discernement et l’intuition jouent un rôle déterminant dans le processus de décision point alors je connais Jess depuis dix ans. J’ai forcément une petite idée sur la question de la sécurité de l’enfant non ?
Il existe différents types d’éducations destructrices. On aurait pu dire des miens [parents] qu’ils étaient gentiment négligents. Ils ne s’occupaient pas beaucoup de nous, ils nous considéraient comme un dérangement. Mon père nous frappait rarement, néanmoins ça restait une possibilité si nous franchissions une limite. C’était la pratique, vous l’avez dit.
Pourquoi donc nos peurs s’exacerbent-elles au cœur de la nuit, pourquoi nos angoisses les plus enracinées choisissaient-elles ces heures silencieuses pour remonter de notre subconscient ?

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