RESUME
Samuel Ross est enquêteur dans la ville de Lazillac-sur-Mer… À ses côtés, vient d’être nommée Cheyenne Calvera comme collaboratrice. Ainsi, le binôme se retrouve au domicile de Jade Grivier, une écrivaine découverte morte d’une balle dans son bureau par Morgane, la fille de son mari Bernard. Celle-ci s’est précipitée hors de sa chambre quand elle a entendu un coup de feu en provenance de l’étage inférieur de la maison.
L’évidence du suicide écourte les spéculations de l’équipe policière. L’état d’esprit de la romancière récent expliquerait son geste de se donner la mort avec l’arme appartenant à son mari. En effet depuis quelque temps, son manque d’inspiration pour son prochain roman était notoire et connu de son amie éditrice.
Ainsi, la facile thèse du suicide serait retenue, mais la procureure devra néanmoins compter avec la ténacité de Samuel Moss spontanément persuadé d’un assassinat. Reste pour lui à trouver la preuve de ses convictions.
MON AVIS
Le hasard m’a conduit à choisir ce livre acheté en vue de la venue de Laurent Scalese dans ma librairie préférée, même si sa visite a été finalement annulée. Je recommande vivement la lecture de l’ouvrage présenté ici (de surcroît, en format en poche très pratique et bon marché). L’auteur n’en est pas à son coup d’essai car il a déjà plusieurs livres à son actif, il est aussi scénariste d’une série télévisée « Chérif » 📺.
Ici, ce polar moderne applique une recette traditionnelle revisitée. Ainsi, un panel de personnages se croisent autour d’une enquête où chacun s’active selon ses propres méthodes. L’équipe, composée de Samuel Moss, notre héros et de Cheyenne forme un duo sympathique, même si cela partait mal entre eux. L’un comme l’autre détient au fond de lui des cicatrices familiales qui laissent sous-entendre des réponses à venir dans des volumes ultérieurs.
Le lecteur, spectateur de l’avancée de l’enquête, participe aux accrocs et rebonds dans la recherche de la moindre piste. En effet, contrairement à la pratique d’autres auteurs, ici, on comprend en même temps que L. Scalese le mobile de ce crime. C’est la raison pour laquelle j’apprécie beaucoup cette façon d’associer ainsi le lecteur.
Un excellent polar
Le rythme de lecture agréable et dynamique produit un roman qui se lit avec aisance. Attention ! ses 380 pages nous retiennent plusieurs heures quand même ⏳. Le crime déguisé en suicide est courant, donc on élude le véritable enjeu de surprise, mais le suspens dépend du jeu de S. Moss.
On adhère parfaitement à l’ensemble de personnages bien crédibles. Ils nous touchent tous, surtout notre héros. Chacun des rôles est bien amené, nous touche ou nous énerve ; et, on se surprend à éprouver même de l’empathie pour l’auteur du crime. L’enquête se déroule avec quelques apartés sur la vie privée de notre binôme ce qui leur confère une dimension très humaine.
S. Moss présume du coupable dès le début. Comme dans la série américaine « Columbo »📺 on retrouve cette idée de concentrer son attention sur une seule personne pour la « coincer ». À la différence de la série renommée « Columbo », ici on n’assiste pas au crime dans son intégralité. Cependant à l’instar du célèbre inspecteur américain, S. Moss va jouer « serré » pour mettre en lumière les failles dans les actes du criminel.
Un détective tatillon
J’aime beaucoup le personnage de Samuel Moss et ses méthodes. Une pointe d’intrusion, d’indiscrétion, d’impudence n’exclut pas la finesse et la délicatesse de ses actes, de son humour.
Quand on sait que l’auteur est le scénariste de « Chérif », on se remémore alors l’image du héros de la série et nous vient immédiatement à l’esprit quelques traits similaires si on fait abstraction du côté macho apparent de Samuel. Ce dernier, personnage récurrent de l’auteur dans plusieurs ouvrages précédents, a des goût virils stéréotypés : il apprécie les femmes, les voitures et la mécanique mais son charisme sympathique excuse cette banalité. Armé de son sourire désarmant, ses interlocutrices flanchent y compris sa principale suspecte, charmée comme beaucoup de femmes. De l’humour au rendez-vous : j’adore sa consultation avec sa psy (ne manquez pas la scène), ses relations avec ses ex-femmes. Seule Cheyenne résistera à son charme, et pour cause (à vous de deviner pourquoi) ! 😊
S. Moss est un « maniaque » dans toute sa splendeur – au sens gentil du terme – où le souci du détail l’envahit mais le secoure ! Son goût prononcé pour l’ordre et le rangement concoure à un sens de l’observation affuté utile voire nécessaire dans son métier. Là encore, on est tenté de faire référence à la série « Monk »📺, où l’anti-héros enquêteur est empêtré dans des TOC sur la propreté ou l’emplacement des objets de manière symétrique et méthodique. S. Moss décortique le mode opératoire pour le plus grand plaisir d’un lecteur associé à sa quête.
Vous pouvez vous procurer l’ouvrage chez votre libraire, chez DECITRE ou à la FNAC.
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Citation(s) pour en avoir avant-goût
Page 272. La plupart des aspirants auteurs confondent passion et métier. Ils s’imaginent qu’écrire est une partie de plaisir alors que c’est un parcours semé d’obstacles. Il ne s’agit pas juste d’aligner des phrases de l’ordinateur.
P. 277. Il y a ceux qui enfreignent les lois, les voleurs, les violeurs, les prédateurs sexuels et les tueurs, et puis, il y a les autres, vous, moi, le commun des mortels. La plupart des gens appartiennent à la seconde catégorie.
Parfois, un détail en apparence insignifiant suffit à parasiter nos pensées.
P. 366 L’homme est ainsi fait, intervint Moss en regagnant la bergère. Il consacre plus de temps à se remémorer et à célébrer les grandes étapes de son existence qu’à en vivre de nouvelles.