RESUME

04/18
380 pages
Samuel Ross est enquĂȘteur dans la ville de Lazillac-sur-Mer⊠à ses cĂŽtĂ©s, vient dâĂȘtre nommĂ©e Cheyenne Calvera comme collaboratrice. Ainsi, le binĂŽme se retrouve au domicile de Jade Grivier, une Ă©crivaine dĂ©couverte morte dâune balle dans son bureau par Morgane, la fille de son mari Bernard. Celle-ci sâest prĂ©cipitĂ©e hors de sa chambre quand elle a entendu un coup de feu en provenance de lâĂ©tage infĂ©rieur de la maison.
LâĂ©vidence du suicide Ă©courte les spĂ©culations de lâĂ©quipe policiĂšre. LâĂ©tat dâesprit de la romanciĂšre rĂ©cent expliquerait son geste de se donner la mort avec lâarme appartenant Ă son mari. En effet depuis quelque temps, son manque dâinspiration pour son prochain roman Ă©tait notoire et connu de son amie Ă©ditrice.
Ainsi, la facile thĂšse du suicide serait retenue, mais la procureure devra nĂ©anmoins compter avec la tĂ©nacitĂ© de Samuel Moss spontanĂ©ment persuadĂ© dâun assassinat. Reste pour lui Ă trouver la preuve de ses convictions.
MON AVIS
Le hasard m’a conduit Ă choisir ce livre achetĂ© en vue de la venue de Laurent Scalese dans ma librairie prĂ©fĂ©rĂ©e, mĂȘme si sa visite a Ă©tĂ© finalement annulĂ©e. Je recommande vivement la lecture de l’ouvrage prĂ©sentĂ© ici (de surcroĂźt, en format en poche trĂšs pratique et bon marchĂ©). Lâauteur nâen est pas Ă son coup dâessai car il a dĂ©jĂ plusieurs livres Ă son actif, il est aussi scĂ©nariste dâune sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e « ChĂ©rif » đș.
Ici, ce polar moderne applique une recette traditionnelle revisitĂ©e. Ainsi, un panel de personnages se croisent autour dâune enquĂȘte oĂč chacun sâactive selon ses propres mĂ©thodes. LâĂ©quipe, composĂ©e de Samuel Moss, notre hĂ©ros et de Cheyenne forme un duo sympathique, mĂȘme si cela partait mal entre eux. Lâun comme lâautre dĂ©tient au fond de lui des cicatrices familiales qui laissent sous-entendre des rĂ©ponses Ă venir dans des volumes ultĂ©rieurs.
Le lecteur, spectateur de lâavancĂ©e de lâenquĂȘte, participe aux accrocs et rebonds dans la recherche de la moindre piste. En effet, contrairement Ă la pratique dâautres auteurs, ici, on comprend en mĂȘme temps que L. Scalese le mobile de ce crime. Câest la raison pour laquelle jâapprĂ©cie beaucoup cette façon dâassocier ainsi le lecteur.
Un excellent polar
Le rythme de lecture agrĂ©able et dynamique produit un roman qui se lit avec aisance. Attention ! ses 380 pages nous retiennent plusieurs heures quand mĂȘme âł. Le crime dĂ©guisĂ© en suicide est courant, donc on Ă©lude le vĂ©ritable enjeu de surprise, mais le suspens dĂ©pend du jeu de S. Moss.
On adhĂšre parfaitement Ă l’ensemble de personnages bien crĂ©dibles. Ils nous touchent tous, surtout notre hĂ©ros. Chacun des rĂŽles est bien amenĂ©, nous touche ou nous Ă©nerve ; et, on se surprend Ă Ă©prouver mĂȘme de l’empathie pour l’auteur du crime. LâenquĂȘte se dĂ©roule avec quelques apartĂ©s sur la vie privĂ©e de notre binĂŽme ce qui leur confĂšre une dimension trĂšs humaine.
S. Moss prĂ©sume du coupable dĂšs le dĂ©but. Comme dans la sĂ©rie amĂ©ricaine « Columbo »đș on retrouve cette idĂ©e de concentrer son attention sur une seule personne pour la « coincer ». Ă la diffĂ©rence de la sĂ©rie renommĂ©e « Columbo », ici on nâassiste pas au crime dans son intĂ©gralitĂ©. Cependant Ă lâinstar du cĂ©lĂšbre inspecteur amĂ©ricain, S. Moss va jouer « serré » pour mettre en lumiĂšre les failles dans les actes du criminel.
Un détective tatillon
Jâaime beaucoup le personnage de Samuel Moss et ses mĂ©thodes. Une pointe dâintrusion, dâindiscrĂ©tion, dâimpudence nâexclut pas la finesse et la dĂ©licatesse de ses actes, de son humour.
Quand on sait que lâauteur est le scĂ©nariste de « ChĂ©rif », on se remĂ©more alors lâimage du hĂ©ros de la sĂ©rie et nous vient immĂ©diatement Ă lâesprit quelques traits similaires si on fait abstraction du cĂŽtĂ© macho apparent de Samuel. Ce dernier, personnage rĂ©current de l’auteur dans plusieurs ouvrages prĂ©cĂ©dents, a des goĂ»t virils stĂ©rĂ©otypĂ©s : il apprĂ©cie les femmes, les voitures et la mĂ©canique mais son charisme sympathique excuse cette banalitĂ©. ArmĂ© de son sourire dĂ©sarmant, ses interlocutrices flanchent y compris sa principale suspecte, charmĂ©e comme beaucoup de femmes. De l’humour au rendez-vous : j’adore sa consultation avec sa psy (ne manquez pas la scĂšne), ses relations avec ses ex-femmes. Seule Cheyenne rĂ©sistera Ă son charme, et pour cause (Ă vous de deviner pourquoi) ! đ
S. Moss est un « maniaque » dans toute sa splendeur â au sens gentil du terme â oĂč le souci du dĂ©tail l’envahit mais le secoure ! Son goĂ»t prononcĂ© pour lâordre et le rangement concoure Ă un sens de lâobservation affutĂ© utile voire nĂ©cessaire dans son mĂ©tier. LĂ encore, on est tentĂ© de faire rĂ©fĂ©rence Ă la sĂ©rie « Monk »đș, oĂč lâanti-hĂ©ros enquĂȘteur est empĂȘtrĂ© dans des TOC sur la propretĂ© ou lâemplacement des objets de maniĂšre symĂ©trique et mĂ©thodique. S. Moss dĂ©cortique le mode opĂ©ratoire pour le plus grand plaisir dâun lecteur associĂ© Ă sa quĂȘte.
Vous pouvez vous procurer lâouvrage chez votre libraire, chez DECITRE ou Ă la FNAC.
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Citation(s) pour en avoir avant-goût
Page 272. La plupart des aspirants auteurs confondent passion et mĂ©tier. Ils sâimaginent quâĂ©crire est une partie de plaisir alors que câest un parcours semĂ© dâobstacles. Il ne sâagit pas juste dâaligner des phrases de lâordinateur.
P. 277. Il y a ceux qui enfreignent les lois, les voleurs, les violeurs, les prédateurs sexuels et les tueurs, et puis, il y a les autres, vous, moi, le commun des mortels. La plupart des gens appartiennent à la seconde catégorie.
Parfois, un détail en apparence insignifiant suffit à parasiter nos pensées.
P. 366 Lâhomme est ainsi fait, intervint Moss en regagnant la bergĂšre. Il consacre plus de temps Ă se remĂ©morer et Ă cĂ©lĂ©brer les grandes Ă©tapes de son existence quâĂ en vivre de nouvelles.