Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💜💔MAMIE LUGER de Benoit Philippon

RÉSUMÉ

Livre de poche
03/2020
Cantal. France.
Dans la France rurale, Berthe, une centenaire a immobilisé son voisin en lui tirant dans le derrière pour contribuer à la fuite d’un jeune couple en train de voler une voiture. À l’intervention de la police, la vieille femme sera mise en garde à vue et interrogée par le commissaire Ventura. Durant cet interrogatoire, le plus effroyable de sa carrière, il va écouter les confessions de la vieille dame pleine de ressources.
Et pendant ce temps, la perquisition de la cave va révéler des secrets enfouis depuis des décennies. Sans vergogne, la suspecte va expliquer comment elle est passée du rôle de victime à celui de justicière… voire de serial-veuve.

MON AVIS

La lecture de ce livre, influencée par les avis dithyrambiques à son propos m’a laissée pantoise en considérant toutes ses éloges.

L’inspiration de l’auteur se voulait burlesque à propos d’une petite mamie d’un âge si avancé décatie qu’on devrait lui pardonner ses incartades. Ce thème peut d’ailleurs être source de scénarios sympathiques et distrayants. Je vous suggère notamment ces ouvrages 👉: 📖 Quelqu’un pour qui trembler (G. Legardinier), 📖Quand nos souvenirs viendront danser (V. Grimaldi), 📖 L’habit ne fait pas le moineau (Z. Brisby), 📖 11 serpents (P. Saimbert).

Or ici, quand Berthe raconte sa vie, en partant de naissance à l’événement qui l’a conduit au commissariat, le récit est démesuré par sa quantité d’embûches. Avec naïveté, elle détaille ses multiples déboires (violée, violentée, battue, …). Cette victime née ne semble pas chercher à se justifier, comme si ses bêtises accumulées n’étaient que des « coups de pas de chance ». Le décalage du ton badin et la noirceur des confessions de la centenaire a pu plaire à beaucoup.

Cependant, ce scénario reste trop abracadabrantesque.

La proportion de crimes devient aussi indigeste qu’un mauvais alambic. La moitié du livre aurait suffi pour éviter au lecteur toutes ces redondances pour finir avec une hécatombe de cadavres, et une dégringolade cousue de fil blanc.

Pour ne rien arranger à mon ressenti, le style d’écriture désagréable adopté par l’auteur est rédhibitoire. L’absence de fluidité m’a gênée, m’obligeant parfois à relire des phrases. L’illustration de beaucoup thèmes abordés (femme dans la société, sexe, guerre, racisme, mariage) compense le tout.

Bref, j’ai eu l’impression de perdre autant de temps à lire l’ouvrage que le personnage Mamie Luger à dégoter et garder son mari idéal. Heureusement, ma chronique même rédigée au vitriol ne va occire personne.