Résumé
Australie.
Avocate appréciée pour son dévouement, Diana se bat pour améliorer le sort des réfugiés, mais elle se montre froide et distante, sinon blessante, envers les siens. Ce dont souffre Lucy, sa belle-fille, qui rêvait de trouver en elle une mère de substitution.
Dix années ont passé, et Diana vient de mourir. Elle se serait suicidée. Mais, à l’autopsie, nulle trace d’un cancer… Qu’est-il donc arrivé à Diana, dont le testament a été modifié peu de temps avant sa mort ?
Mon avis
Ce service de presse proposé par le site Netgalley et les éditions l’Archipel que je remercie m’ont fait découvrir une auteure australienne qui signe son troisième roman.
Qualifier le roman de thriller familial est inapproprié, car il n’y a pas de suspens à proprement dit mais surtout beaucoup de questions en suspens à résoudre. Suicide ou pas ? En tout cas, mort suspecte… La dureté de cette femme a-t-elle suscité des envies de crimes ? Comment justifiait-elle sa dureté envers ses propres enfants ? Était-elle aussi froide et inflexible que ce qu’elle voulait montrer ? Qui aurait-elle provoqué pour organiser un crime sur sa personne ?
LA VRAIE BELLE-MÈRE
Le thème récurrent et universel de la relation belle-mère et bru bien galvaudée est ici traité sous couvert d’une intrigue policière. L’amour de ces deux femmes (mère et épouse) en convergeant vers le même homme fourmille de prétextes à embrouilles, non-dits, frustrations, invectives et parfois de tendres complicités. La trame psychologique entre Diana et Lucie est bien illustrée. L’introspection respective de l’une et l’autre permet d’extraire les attentes originelles de ce lien par alliance, les maladresses formulées, et l’évolution des sentiments éprouvés.
J’ai apprécié la juste analyse de la situation avec la passivité de la part de la gent masculine de la famille : Ollie, (Oliver) le mari de Lucy et le fils de Diana, et celle de Tom le mari de Diana. Indifférents aux questionnements des femmes en présence, ils semblent même ignorer ces « prises de tête ».
UNE RELATION COMPLEXE
Le personnage Diana, a monopolisé mon attention. Au début, si méprisable qu’elle mérite presque sa mort, puis à la fin on comprend mieux. Sa narration sur son passé laisse transparaître une personnalité forte, aguerrie aux adversités de la vie, mais au tempérament complexe. On comprend qu’elle s’est forgé une carapace manifeste pour ses proches mais qui cache une générosité sincère pour d’autres causes. Mais là où la logique de l’auteur m’échappe, c’est son désemparement quand survient le décès de son mari, pourtant prévisible. Ça ne colle pas avec le personnage.
Lucie, dans son genre est également attachante parce qu’elle espérait beaucoup de cette relation avec sa belle-mère, celle qui aurait pu lui procurer une attention maternelle qui lui a manquée avec le décès de sa propre mère. Un peu fade par rapport à Diana, son caractère tranche avec celui de sa belle-mère. J’ai adhéré à son approche avec cette femme ostensiblement distante, voire antipathique avec elle, ainsi que cette tergiversation de sentiments de vouloir la « frapper » et celle où elle persévère dans les efforts pour lui être agréable. Cette ambiguïté assez humaine est finalement assez cohérente.
Un autre thème familial comme la « relation fille mère » également traité explique bien le manque de confiance en soi de Nettie. La distance établie par Diana avec sa fille est si frappante de réalisme que Nettie est assez touchante dans sa quête d’affection vis-à-vis de sa mère. Ainsi son obsession de maternité afin de combler un vide affectif est assez pitoyable, limite énervant mais qui finalement nous attendrit.
DESCENDANTS DÉSHÉRITÉS
Le mobile d’un héritage convoité complique l’intrigue car l’existence d’un testament change la donne. Cette disposition testamentaire en modifiant les héritiers ajoute de la matière à l’énigme : qui la connaissait ? Pourquoi a-t-elle été décidée ? Est-ce que le passé de Diana justifie sa volonté d’écarter ses enfants d’une fortune « facile » ?
Le thème l’éducation avec le rapport à l’argent avec les enfants, abordé de manière continue dans le récit trouve ici une illustration un peu alambiquée. Le passé de Diana paraît acceptable comme justification mais c’est là ma réticence : je ne suis pas convaincue de la cohérence de point de vue.
Le passé de Diana, l’organisation familiale et professionnelle de Lucie et son mari, la désespérante infertilité de Nettie place au second plan l’enquête pour une mort déguisée en suicide. Et si finalement les conclusions de l’enquête découlent naturellement au fur et à mesure, le scénario de la mort surprend quand même le lecteur.
C’est un excellent roman domestique, avec une pointe de suspens.
#Labellemère #NetGalleyFrance