RESUME
En Bretagne, dans la région de Perros-Guirec, les Kergoat épargnés de quelque souci financier, peuvent s’adonner à leur passion respective. Élouan, amateur d’antiquités bretonnes vit de son héritage foncier. Quant à Morgane, l’artiste peintre dont la cote devient honorable perçoit ses revenus de la vente de ses toiles colorées des paysages kaléidoscopiques environnants. Ce soir, le couple se retrouve dans leur bar favori. Chacun raconte sa journée.
Pendant ce temps, dans la villa familiale d’Ys, Arthur leur fils aîné, assurait comme souvent, le babysitting de la petite dernière Galia âgée de 10 jours. Or, il s’est endormi et au retour des parents, le berceau est vide… Arthur n’avait rien entendu de l’enlèvement.
La police ouvre immédiatement une enquête, et les médias vite alertés, un dispositif normal en vue de retrouver l’enfant.
Quand un petit garçon ou une petite fille disparaît, la France entière se passionne pour l’événement qui devient une sorte de miroir grossissant de toutes les haines accumulées partout depuis des siècles. Page 143
Le temps passe sans résultats, et les statistiques menacent de se confirmer : l’espoir diminue si on ne retrouve pas l’enfant dans les 48 heures.
Or aucune trace de Galia. Devant l’insuccès de la police, Morgane sent les soupçons s’orienter rapidement sur elle. Pas très bien intĂ©grĂ©e dans le coin, elle devine ses ennemis nombreux. Elle se sent traquer alors pour faire avancer l’enquĂŞte, elle cherche l’identitĂ© du « cormoran » (corbeau de la mer) l’auteur de lettres anonymes menaçantes reçues depuis des semaines. Lettres qu’elle garde secrètes.
Elle est l’actrice principale d’un film d’épouvante. il fallait qu’elle retourne à la réalité, sortent de l’écran sur lequel les images étaient projetées, regagne la salle, retrouve sa place parmi les spectateurs. 225
Mais la sérénité revient peu à peu au sein de la famille.
Or, un mois plus tard, une joggeuse ramène sain et sauf, le bébé, retrouvé sur la plage.
L’enquĂŞte se poursuit. Les soupçons sur Morgane persistent malgrĂ© cet heureux retour puisqu’elle est incapable de fournir des explications sur cette samaritaine providentielle. Et comme rien ne s’arrange pour la mère de famille, car les preuves s’accumulent pour elle.
L’affaire déjà très médiatisée intrigue de plus en plus Léa, une journaliste blogueuse.
Elle se délectait du sang versé. Elle aimait les larmes. Les cadavres. Les passions noires de l’homme. Son blog était le miroir des instincts les plus infâmes.
Au nom de la vérité, ses investigations vont-elles aider Morgane à se disculper ?
AVIS
Je prĂ©sente mes remerciements aux Ă©ditions L’archipel pour la proposition d’un service de presse pour cet excellent ouvrage. J’ai Ă©tĂ© conquise par l’écriture de Christophe FerrĂ©, et la construction de ses personnages. L’intrigue magnifique autour d’un enlèvement de bĂ©bĂ© procure une lecture additive.
Un rapt de bébé : parfaite intrigue
Les enlèvements d’enfants sont une manne d’inspiration pour les auteurs et source de tellement de compassion pour les lecteurs.
Le rythme est soutenu au dĂ©but : La disparition de Galia survient vite dans le roman. La rapiditĂ© de l’intervention de la police et de la rĂ©action des mĂ©dias ne tardent pas. Les membres de la famille proche restent les principaux suspects. Ici, a contrario d’autres romans Anglo-saxons dĂ©jĂ lus et chroniquĂ©s, la procĂ©dure policière Ă©tait diffĂ©rente pour les mĂŞmes circonstances (enlèvement d’enfants). En l’espèce, immĂ©diatement après, un profession spĂ©cialisĂ© de la police accompagne la famille dans les dĂ©marches pour la recherche. Ici rien de tout cela, c’est ce qui m’a d’abord étonnĂ©.
L’étau se resserre autour de Morgane et de ses secrets. Devant son désarroi, on se sent assez impuissant, car si on doute de son intégrité au début, elle gagne peu à peu notre sympathie.
A la longue liste des coupables potentiels susceptibles d’avoir agi, s’ajoute un intrigant personnage de LĂ©a. Elle instille une certaine dose Ă©nigmatique. Difficile de cerner en elle le vĂ©ritable rĂ´le qu’elle peut jouer. Confidente de Morgane, ses chroniques en rĂ©vèlent plus que la narration elle-mĂŞme.
La clé du mystère de « Galia », sera dévoilé à la fin, l’extrême fin !
Je défie tout lecteur d’avoir pu désigner le véritable coupable de cet enlèvement d’enfants avant les 20 dernières pages. Une intrigue rondement menée nous conduit à comprendre le mobile du crime, et le mode opératoire scabreux et audacieux mais totalement plausible. En effet, comme je le répète dans beaucoup de chroniques : ma critique repose sur la cohérence et la crédibilité du récit.
DEMAT EUS BREIZH (traduction : BONJOUR DE BRETAGNE)
« La petite-fille du phare » offre un excellent roman à suspect dans un cadre régional qu’est la Bretagne et plus précisément, aux alentours de Perros-Guirec. Un plan succinct des lieux est proposé au début du livre pour mieux évaluer les distances entre les sites où nous suivrons les protagonistes.
La plume de Christophe FerrĂ© s’assimile au coup de pinceau de Morgane pour nous rendre une rĂ©alitĂ© teintĂ©e et variĂ©e de la Bretagne. Le vocabulaire tirĂ© de l’environnement marin appuie les images suggĂ©rĂ©es. Le lecteur est aussi imprĂ©gnĂ© de cette ambiance bretonne avec les costumes souvent mentionnĂ©s et la nature dĂ©taillĂ©e avec prĂ©cision. Les lĂ©gendes sont rapportĂ©s, les lieux-dits nommĂ©s et expliquĂ©s (ex : la villa Ă son histoire, le prĂ©nom de Galia « princesse blanche »). Les prĂ©noms choisis respectent aussi l’orientation rĂ©gionaliste du rĂ©cit – mĂŞme si cela reste accessoire-.  Je connais très bien la rĂ©gion, oĂą je m’y suis retrouvĂ©e pour diffĂ©rentes raisons.
L’environnement marin cerne cette terre colorée de granit rouge, typique de la région dans lequel évolue le principal personnage. Morgane s’y complaît. Sa personnalité solitaire limite sauvage, correspond tout à fait à l’adaptation nécessaire de ce climat versatile parfois hostile ou attirant, à l’image romantique incarnée par Chateaubriand (même si lui, a plus fréquenté la côte de Saint-Malo).
Des personnages ambigus
Un couple dĂ©calĂ©. Élouan et Morgane semblent vivre leur passion propre, chacun de leur cĂ´tĂ©. Lui le bateau et la navigation avec sa quĂŞte de coiffes bretonnes, cĂ´toie une artiste consacrĂ©e Ă ses toiles. L’existence d’un bĂ©bĂ© qui vient de naĂ®tre après un fils aĂ®nĂ© âgĂ© de 14 ans interroge le lecteur, mĂŞme si la circonstance prend vite tout son sens. Atypique dans leur mode de vie, oĂą l’argent n’est pas un problème – situation peu commune de nos jours – on devine un malaise malgrĂ© tout. L’évocation de Nando dans la vie de Morgane ne surprend pas tant que ça.
En fait, cela paraĂ®t bancal au premier abord, mais la cohĂ©rence est lĂ : le couple va vite se dĂ©liter au fil de l’enquĂŞte. Le vernis s’Ă©caille au fur et Ă mesure.
La narration à la 3e personne se concentre sur les actions de Morgane. Cet artiste profite des paysages alentour pour instiller ses toiles. Son cadre de vie sauvage s’apparente à celui des relations qu’elle entretient avec autrui. On la sent seule avec ses enfants pour unique lien. D’ailleurs par curiosité j’ai cherché sur Internet Morgane, un prénom breton par excellence, qui veut dire : solitaire.
On sent en Morgane une mère ravagĂ©e de dĂ©sespoir lors de la disparition de son bĂ©bĂ©. Pourtant elle laisse planer un doute, avec son passĂ©. Sa sincĂ©ritĂ© est aussi relative. Son emploi du temps reste flou pour le lecteur, comme pour la police pour laquelle elle devient une suspecte idĂ©ale. De plus, elle semble fausse et la plupart de ses relations atteste d’une difficile mise en confiance. Dès le dĂ©but, son rendez-vous secret avec le personnage Klaas Ă©voque une relation pas très honorable. Son amitiĂ©Â particulière avec Cathy est assortie de pĂ©riodes d’animositĂ©. Quant Ă son ex-amant Nando c’est le parangon du type Ă Ă©viter et pourtant, une passion dĂ©vorante les avait rĂ©unis. Bref, Morgane ne se sait pas très bien s’entourĂ©e.
Mes félicitations à l’auteur. Belle imagination.
Paru en format poche chez : decitre ou à la fnac.
Super cette chronique Annec! Encore un roman de plus dans mon Ă©norme PAL!
Hello Aydan ! merci de ta visite et de ta fidĂ©litĂ©. J’espère que tu apprĂ©cieras cette lecture autant que moi dans le cadre breton si bien suggĂ©rĂ© par l’auteur. Cette histoire d’enlèvement d’enfant finit de manière surprenante. Bonne lecture et reviens me contredire si tu n’es pas d’accord avec moi quand tu l’auras lu. A bientĂ´t.
Merci Anne,
Je dĂ©couvre votre commentaire sur Babelio puis sur votre blog que je ne connaissais pas et qui regorge d’idĂ©es de lecture.
Je vous remercie d’avoir donnĂ© votre avis en toute franchise.. Vos mots me touchent, vous avez parfaitement compris le livre.
Sur Babelio, si vous le souhaitez, vous pouvez mettre une note (Ă©toile) à « La Petite Fille du phare » : cela augmente la visibilitĂ© de votre commentaire et surtout de votre blog qui mĂ©riterait d’ĂŞtre mieux connu.
Vous pouvez aussi me joindre directement sur mon mail que je vous laisse..
Bonne journée.