RESUME
Stéphane étudiant en graphisme, a trouvé « une » job de plongeur dans une brasserie « la Trattoria », par l’intermédiaire d’un chum Alex. Le salaire de ce travail devrait lui permettre d’éponger ses dettes, comme cette mission de graphisme pour un groupe de musique. Mais il échouera dans ses deux jobs pour rembourser ses divers créanciers. Pire, il a joué et dépensé la somme remise qui devait payer l’impression avant même de commencer son travail de graphisme.
Est-ce que les tensions, ses collègues de la Trattoria et ses amis parviendront à le guérir de son addiction au jeu qui met sa situation financière en péril ?
MON AVIS
Un auteur québécois
J’ai lu ce roman en raison de sa prĂ©cĂ©dente sĂ©lection pour le « Festival du premier roman de ChambĂ©ry » en 2016. L’auteur quĂ©bĂ©cois StĂ©phane Larue, signe avec le PLONGEUR son premier roman. Un roman noir. Sa rĂ©compense de laurĂ©at au festival, fut d’avoir Ă©tĂ©Â invitĂ© Ă se faire connaĂ®tre et d’Ă©changer avec son lectorat Ă ChambĂ©ry .
Après le livre de Martin Michaud d’une chronique prĂ©cĂ©dente, le hasard de mes lectures m’a conduite Ă nouveau MontrĂ©al. Cette fois-ci, le rĂ©cit se passe en novembre et nous impose la rigueur pressante de l’hiver canadien.
On entame le livre avec un long prologue. Le lecteur va immerger dans un vocabulaire « encré » d’un QuĂ©bĂ©cois, parfois dĂ©routant. La lenteur de ce premier contact m’a presque dĂ©couragĂ©e de poursuivre, car en plus, je ne lui trouve aucun intĂ©rĂŞt. Heureusement, la suite est plus agrĂ©able.
Une trattoria à Montréal
Le rĂ©cit s’ancre Ă MontrĂ©al oĂą Ă©volue en principal notre hĂ©ros dĂ©sargentĂ©, le narrateur StĂ©phane – qui n’est jamais nommĂ©ment dĂ©signĂ© sauf Ă la fin – mais aussi entre Trois Rivières et Scheebrook.
Dès la page 55 mais à plusieurs autres passages du livre aussi, le cadre de vie de cet étudiant se cantonne surtout dans l’effervescence stressante de La trattoria.
La description cuite aux petits oignons nous transpose dans une émission télévisuelle de « Cauchemar en cuisine » et les affres des cuisines de restaurants.
L’auteur nous en dresse un tableau complet de l’arrière-cuisine : les bruits des roulis de batteries de casseroles, les sons, la tension, les tensions et l’attention nécessaire. Les sens olfactifs, sont aussi mis à contribution pour le pire et le meilleur : lecteur parvient même à humer des odeurs (bonnes ou mauvaises) souvent signifiées par le narrateur, navré de celles qui s’imprègnent sur lui à  la fin de son service.
L’auteur nous dévoile l’univers d’un restaurant en action. Les différents postes avec les corvées assorties, la hiérarchie installée dans l’équipe source de tension expliquent l’envers du décor d’un travail précis et cadencé pour obtenir d’une assiette dressée aux clients basiques que nous sommes, attablés passifs brasserie ou restaurant.
Des personnages bouillonnants
L’ambiance de ces lieux trĂ©pidants serait diffĂ©rente en l’absence de l’éventail de personnages de l’Ă©quipe. Sans nous balader sur l’histoire personnelle de chacun, l’auteur parvient Ă nous les prĂ©senter par petites touches avec leurs dĂ©fauts, leurs atouts et leurs faiblesses.
On s’y attache alors sauf peut-être Carl, le tire-au-flanc du groupe. On lui préfèrera de loin  la compétence, la force et la compétence de Bébert.
Quatre heures du mat, dodo, neuf heures tu te lèves, pis tu retournes à la job en courant. Horaire de débile mental.
Les à -côtés du héros
elle avait appris à transformer son look au travail pour que personne sauf les initiés ne puissent deviner les écouter Dimmu Borgir, Dakthrone ou Immortal. Dans les faits étaient un peu tous comme ça.
J’Ă©tais soudĂ© Ă la machine. J’ai activĂ© la loterie pour un autre tour. Les fruits sont mis Ă dĂ©filer Ă l’écran. Mes yeux Ă©taient secs et brĂ»lants. Je les ai fermĂ©s. Quand je les ai rouverts, neuf symboles de lingots d’or clignotait. Toute la cagnotte amassĂ©e par les joueurs prĂ©cĂ©dents s’est ajoutĂ©e avec crĂ©dit. Ça m’a foudroyĂ©.… C’était de la pure potentialitĂ©, la matière prĂ©cieuse grâce Ă laquelle je pouvais jouer. C’est pour cette raison que je ne voulais pas y toucher pour autre chose que le jeu.
Le personnage de Malik, le cousin de StĂ©phane se montre ĂŞtre son vĂ©ritable ami. Ce personnage, met en lumière la nĂ©cessitĂ© d’une bonne structure amicale et familiale pour compenser la faille, quand la situation à un certains moments de la vie. Des travers ont pu Ă©chapper aux parents, « Ă©duquants » pourtant aimants et scrupuleux. Malik meme s’il s’est fait manipulĂ©Â par StĂ©phane comme qui l’aiment a Ă©tĂ© Sa Chance.
Ce que j’ai moins aimĂ© :
- Le prologue.
- Trop de Québéquois et les dialogues où Bonnie originaire d’Ontario s’entête à parler un anglais mélangé de Franglais, français. Cela n’apporte pas grand-chose sauf à déréguler la lecture, ma lecture.
- J’ai Ă©tĂ© un peu déçue du livre au regard des prix reçus, mais sans cette abondance de vocabulaire quĂ©bĂ©cois (que j’adore nĂ©anmoins mais que je comprends mal), j’aurais adorĂ©.
Vous pouvez trouver le livre ici
Quelques phrases Ă retenues par mes soins
Après des années à faire les shifts le soir, à me coucher à quatre heures du matin, j’ai croisé tous les spécimens, des pétards les plus ouverts que la coke fait jacasser à tue-tête aux désespérés les plus toxiques qui aspirent dans leur spirale vénéneuse.
j’ai effacé le message aussitôt après l’avoir écouté, comme si, du même geste, j’ai passé la pression, l’échéance, ma dette, mes mensonges, mes conneries, le monde entier.
Lui qui ne disait jamais deux phrases de plus de trois mots, il était devenu volubile comme un prophète en plein épiphanie il m’avait jasé de livres pendant une heure.
Et vous, que pensez- vous de la chronique ? N’hĂ©sitez pas Ă laisser un commentaire…