RÉSUMÉ Â
Paris. Emma Roche trainĂ©e Ă un rĂ©veillon chez des connaissances d’amis d’amis s’y ennuie Ă mourir quand un homme l’aborde. Lui, Matheux, n’a pas reconnu Emma, celle qu’il avait traumatisĂ©e quinze ans auparavant au lycĂ©e Ă ChambĂ©ry. Alors insupportĂ©e par ces souvenirs douloureux, la jeune femme s’Ă©chappe seule de la soirĂ©e, pour le fuir. Ignorant qu’il obtiendrait ses coordonnĂ©es, elle s’empresse de traverser Paris pour dormir chez ses amis restĂ©s Ă la fĂŞte.
Mais sur son parcours, un homme au visage reconnaissable agresse Emma, la menaçant d’une dette pour de la drogue consommĂ©e. LĂ , un autre homme s’emmĂŞle, Emma se dĂ©fend, et dans une bagarre entre les protagonistes, la jeune femme se retrouve au sol. Soudain, Ă l’approche d’une voiture de police, les deux hommes s’enfuient. Un des policiers secourt la jeune femme, une dose de drogue retrouvĂ©e Ă ses cĂ´tĂ©s. Cela incite alors la brigade des Stup Ă considĂ©rer Emma comme liĂ©e Ă un trafic. Et, donc, en expliquant son agression au capitaine Pierre Kowalski, elle ne tarde pas Ă le convaincre de son innocence. Ă€ partir de lĂ , va s’Ă©tablir entre eux une confiance rĂ©ciproque, voire plus…
L’identification d’un certain « Bom », un dealer notoire permet de vite relier avec cette affaire avec une autre de grande envergure. « L’affaire serbe » inquiète Ă cause de plusieurs morts par overdose, de consommateurs inhabituels. La police cherche depuis Ă dĂ©manteler ce rĂ©seau de drogue dans la rĂ©gion parisienne.
Pendant ce temps, Mathieux a contactĂ© Emma en proie Ă des sentiments ambigus. Elle est Ă la fois sĂ©duite par le bellâtre, et animĂ©e par une rancune tenace envers son ancien bourreau mĂŞme s’il semble avoir bien changĂ© depuis l’époque du lycĂ©e. Mais tant que celui-ci ne l’a pas reconnue, elle peut avoir sa revanche sur le passĂ© sans craindre d’alerter la mĂ©fiance du jeune homme. Donc, Emma tient donc sa vengeance en devenant indic pour la brigade des StupĂ©fiants en surveillant Mathieux, proche d’un couple franco-serbe Ă la tĂŞte du trafic, qui n’est pas Ă©tranger Ă l’affaire serbe. Alors, en tant que maitresse de Mathieux, Emma s’introduit dans le cercle du rĂ©seau et peut rapporter Ă la police les trahisons, les prises de risques, et coups-bas qu’elle dĂ©cèle dans cet univers malsain.
Comment va-t-elle sortir du guĂŞpier dans lequel elle s’est fourvoyĂ©e ? Comment va rĂ©agir Mathieux et son entourage si elle rompt avec lui en sachant tout ce qu’elle sait ?
MON AVIS
Je remercie la maison d’éditions Librinova pour la proposition de ce service de presse.
L’écriture fluide de l’auteur permet de lire sans difficulté quelque 500 pages. Elles constituent un ouvrage dense, noir, et bien documenté avec la garantie plusieurs heures de lecture en perspective.
J’ai beaucoup aimĂ©
– La chronologie renseignĂ©e et l’ordre respectĂ©. Cela facilite et dĂ©coupe les Ă©vènements clairement pour les lecteurs. Les dates ainsi rappelĂ©es dĂ©roulent le scĂ©nario dans la logique du temps, et fort heureusement, vu la complexitĂ© des affaires.
– On sent une recherche documentaire approfondie de la part de l’auteur sur le trafic de drogue et les ramifications d’un rĂ©seau dans le domaine avec cette illustration romancĂ©e agrĂ©able. L’engrenage des petits consommateurs de drogue dans la dĂ©linquance quelle qu’elle soit prend vite de l’ampleur, jusqu’à devenir trafiquant, sans retour en arrière possible.
Ici, les rouages sont bien huilĂ©s. Un rĂ©seau liĂ© Ă l’initiative un richissime serbe, corrompu dans son pays, installe Ă Paris sa filière sous couvert d’un club en apparence respectable pour distribuer sa production, et blanchir l’argent sale. En effet, l’argent sale, mais abondant, coule si impunĂ©ment semble-t-il, qu’il peut Ă©cĹ“urer d’autres idĂ©aux plus modestes mais plus nobles.
– Le lecteur intègre sans retenue la brigade des Stup. avec l’enquĂŞte respectueuses des règles lĂ©gales. L’auteur y intègre l’usagge du jargon codĂ© du milieu et de la police avec des sigles pour dĂ©nommer les drogues et surnoms codĂ©s pour les acteurs en prĂ©sence. Le travail des Ă©quipes de femmes et d’homme est dĂ©cortiquĂ© dans le fond et la forme avec prĂ©cision et objectivitĂ© oĂą leur force repose sur une coopĂ©ration entre eux, et une confiance absolue dans leurs collègues. Y sont retranscrites et illustrĂ©es leurs rĂ©alitĂ©s quotidiennes d’abnĂ©gation : quand ils investissent leurs missions, c’est au dĂ©triment de leur vie de famille et de leur propre sĂ©curitĂ©.
Le travail de dĂ©mantèlement d’une filière exige des mois d’investigations, des rĂ©seaux d’indics, des filatures, des Ă©coutes, et tous ingrĂ©dients de polars dynamiques comme les courses-poursuites, tirs, bagarres… Les contraintes lĂ©gales imposent un respect des règles judiciaires et hiĂ©rarchiques. C’est pourquoi, conscient de cette dimension capitale pour le suivi des affaires, la capitaine Pierre, notre hĂ©ros a pour phobie la faute de procĂ©dure.
J’ai bien aimĂ© :
– Pour des raisons personnelles, l’Ă©vocation de ChambĂ©ry : originaires de la citĂ© ducale de Savoie, Emma et Mathieux ont frĂ©quentĂ© le lycĂ©e Vaugelas, emblĂ©matique de la ville.
– Une logique de personnages bien pensĂ©e. Le jour de l’An d’Emma sous de mauvais auspices augure d’une annĂ©e pourrie pour elle. Le seul ombrage au tableau de cette jeune femme sĂ©rieuse et bien sous tout rapport, est son cĂ©libat. Or, revoir Mathieux après des lustres pour tenter de l’oublier va embrayer une hĂ©catombes de pagailles. Sa droiture, son obstination et son courage s’assortissent si bien aux qualitĂ©s de Pierre, qu’on devine les prĂ©mices d’une romance entre les deux protagonistes. Cette interfĂ©rence sentimentale Ă©dulcore de douceur la noirceur du rĂ©cit policier.
– Une immersion du milieu de la drogue dĂ©montre beaucoup d’aspects sociaux, financiers et humains qui interagissent. Une illustration sociologique des forces en prĂ©sence. L’auteur a rĂ©ussi avec logique Ă rĂ©unir les diffĂ©rents antagonistes : du petit dealer, du consommateur occasionnel Ă l’assidu, du petit trafiquant Ă l’intermĂ©diaire, et le circuit de distribution de la marchandise.
 Je n’ai pas aimĂ©
– Les presque 500 pages du livre n’évitent pas l’écueil de quelques longueurs Ă certains passages. Ainsi, j’a trouvĂ© difficile de lire autant d’austĂ©ritĂ©, mĂŞme si j’ai apprĂ©ciĂ© le rĂ©alisme traitĂ©. D’oĂą parfois le sentiment d’ennui.
– J’ai dĂ©testĂ© la fin. Déçue après autant de pages tournĂ©es, j’ai modĂ©rĂ© ainsi mon apprĂ©ciation Ă 2 ou 3 cĹ“urs. DĂ©solĂ©e pour l’auteur mais j’ai refermĂ© le livre de grande qualitĂ© pourtant, avec cette impression de « tout ça pour ça ».