RESUME

05/2019
218 p. (numérique)
Agathe aspire à une vie trépidante hors de sa Bourgogne natale.
Alors, quand son père évoque son futur mariage avec un veuf, Achille Boisseleau, elle ne rechigne pas, au contraire pour elle, se dessine une échappatoire. Ce grossiste en affaire avec son père lui apparaît comme l’époux idéal car son train de vie enviable court-circuiterait alors la morosité de son destin prédéterminé jusque-là. La situation sociale d’Achille est lui censée lui procurer une ascension sociale au vu de sa prospérité fleurissante. En plus, s’ajoute la promesse d’une future vie à Venise, etcette perspective enthousiasme la jeune mariée. Partir visiter Venise en couple et y vivre est si romantique, sauf qu’Agathe va être verte de déception en se rendant dans les marais poitevins, dits « la Venise verte ».
La jeune épouse va faire contre bonne fortune bon cœur. Elle fait son deuil d’une vie d’apparat et se console d’une vie matérielle confortable en devenant une notable bien respectée. Elle apprécie sa vie de femme, mais également les plaisirs conjugaux. Car comme elle le dit : « elle aime la chose ». Mais, accaparé par son travail, Achille la délaisse peu à peu, plus enclin à surveiller ses productions de mogettes. La nouvelle demeure implantée sur l’immensité des terres de la propriété du Grand Mazureau, compte nombre salariés à diriger. D’ailleurs Agathe elle-même dispose d’Yvonne dédiée à son propre service.
L’intimité du couple souffrira en plus de la présence permanente de l’homme à tout faire d’Achille. Agathe considère d’un mauvais œil le côté fruste d’Angus mais non moins dévoué à Achille. Ainsi, l’ennui gagne l’épouse négligée bientôt troublée par la virilité d’Alfred, un ouvrier d’Achille, pour le prendre comme amant. Mais la relation va être compromise par des menaces indirectes. Cependant, Agathe, lassée du désintérêt de son mari lui avoue sa relation adultérine la pousse à vouloir partir, Abasourdi, Achille refuse l’inacceptable et l’envoyer sous les roses…
Et bientôt, Achille trouvera en Marie, une autre épouse tout aussi amoureuse et dévouée. Cependant, la potentialité d’un amant rend Achille soupçonneux avec à son égard et missionne donc Angus pour la surveiller. Mais quand il va rencontrer Georgette, les choses vont se compliquer…
MON AVIS
Mes remerciements vont à l’auteur pour ce service de presse transmis grâce au site Internet Simplement Pro.
J’ai nettement préféré cet ouvrage à celui que j’avais chroniqué quelques temps auparavant et qui s’intitule : « Hier encore ».
Le voyage dans le temps proposé ici, nous conduit dans les marais poitevins dans la période de l’avant-guerre. Avec beaucoup d’humour, l’auteur insère la confusion commise par Agathe entre Venise (Italie) et la Venise verte. J’ai beaucoup apprécié cette ambiance de thriller domestique dans un contexte social et historique.
: Les agissements d’un serial killer, froid et dépourvu de compassion glacent le sang du lecteur autant que celui de son entourage. Sa méthode expéditive pour renvoyer ces femmes sous les roses est efficace.
L’alternance des narrations dynamise cette espèce de huis-clos rural au sein du Grand Mazureau. D’ailleurs, quand le chien de la maison, animal domestique typique et simple spectateur prend en charge le récit, l’auteur relève un sacré pari. Certes, belle réussite car il nous procure une certaine émotion, et malgré la dureté des actes, la noirceur ne s’incruste pas.
L’écriture agréable et fluide adapte son style à chacun des narrateurs, et produit en cela une adhésion du lecteur. On ne s’ennuie aucunement du début jusqu’à la fin du livre. Les nombreux personnages se croisent, s’apprivoisent, se surprennent… jusqu’à des points de non-retour. Un beau tableau de la société nous est ici dépeint.
Quant à la condition féminine, on retrouve le sort d’épouses qui souhaiteraient se réaliser pour elles-mêmes, et succombent finalement à quelque tentation. Un Flaubert versus polar ?
Mon seul bémol
Certaines phrases d’Agathe qui prédisent certaines « déconvenues » à venir et atténue l’effet de surprise du lecteur. Heureusement, l’imagination fertile de l’auteur nous surprendra quand même jusqu’au bout.
Citation(s) pour en avoir avant-goût
L’ennui est un virus. On l’attrape malgré soi. On a beau prendre maintes précautions, ils nous traque et ne relâche jamais sa caresse
Bon Dieu, je n’avais même pas vécu un tiers de mon existence, et il me faudrait me résoudre attendre sans lueur, à fermer les paupières pour me désigner révéler à l’insipide, au mièvre, à l’ennui ?
C’est que je sais causer, moi. L’autre défonce sa gonzesse et moi, je lui dis : « putain ». C’est pas d’avoir du vocabulaire.
Je ne savais pas, non plus, que je ne vivais pas dans un paradis, mais au cœur même de l’enfer, et que dans tout enfer trône un Asmodée.
[…] ça tue un homme d’aimer trop fort… « Moi je suis un romantique. Un Sigisbée. Un amoureux, un vrai. Jamais je ne frapperai une femme.
–« Ben l’Agathe, tu l’as tout de même un peu frappée, non ? »
Vous pouvez vous procurer l’ouvrage ICI.
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