Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

đź’śđź’ś NOUS ETIONS LES REINES de Laurie Elizabeth Flynn

RÉSUMÉ

Hugo compagnie
02/09/2021
450 p.
Ambrosia Wellington mariĂ©e Ă  Adrian Turner, est conviĂ©e Ă  une rĂ©union d’anciens de son universitĂ© de Wesleyan. Ambrosia ne tient absolument pas Ă  se retrouver la compagnie de ses anciennes frĂ©quentations du campus, car elle en garde un goĂ»t amer. Mais après plusieurs missives menaçantes et anonymes, Ambrosia ne peut plus se soustraire Ă  ce week-end de retrouvailles dont Adrian se rĂ©jouit dĂ©jĂ , lui qui n’a jamais poursuivi ses Ă©tudes. En effet, ces lettres anonymes font rĂ©fĂ©rence Ă  un secret enfoui par Amb et lui promettent des rĂ©ponses sur l’Ă©vĂ©nement dramatique de « rĂ©sidence maudite ». Amb doit alors Ă©claircir l’identitĂ© de l’expĂ©diteur et faire face Ă  ce drame survenu il y a quatorze ans.
À l’époque, Amb tolérait l’estime et la vénération de sa sage colocataire Flora Banning. Cette fille « bien » considérait Amb comme sa meilleure amie et restait toujours bienveillante envers Amb encore meurtrie de l’infidélité de son ex-petit ami Matt. En effet, celle-ci se dévergondait sous l’influence toxique de Sully, de l’alcool et de drogues. Cette nouvelle fréquentation a métamorphosé la personnalité effacée d’Amb sous l’impulsion de challenges sexuels. Mais la visite sur le campus, de Kevin, le petit ami de Flora, allait exacerber l’audace croissante d’Amb. Leur goût commun pour l’auteur John Donne les a rapprochés jusqu’à séduire Amb bientôt conquise par ce prince charmant. Désirant secrètement supplanter Flora dans le cœur du jeune homme, elle devait alors gérer son attirance pour lui.
En quoi l’issue de l’histoire avec cette colocataire tant mésestimée par Amb, peut-elle encore la marquer aujourd’hui ?
Aujourd’hui, le temps d’un week-end de retrouvailles, que la présence de son mari encombre,  ce passé sulfureux quatorze ans plus tard va resurgir pour Amb.

MON AVIS

Peut-on tuer une fille sans  accomplir soi-même le geste ?

Thème rĂ©current : la rĂ©surgence d’un passĂ© enfoui le temps d’un weekend de retrouvailles.

TraitĂ© de manière classique, le rĂ©cit croise une narration au prĂ©sent avec des souvenirs vieux de quatorze ans. L’univers estudiantin de l’hĂ©roĂŻne acquiert une fraiche libertĂ© hors du foyer parental et imprègne plus ses Ă©tudes de soirĂ©es, drogue et sexe que de cours universitaires. On pourrait apprĂ©cier de s’Ă©vader pendant une saison universitaire pimentĂ©e d’une intrigue mais beaucoup de longueurs chargent le rĂ©cit. Je proposerai plus l’ouvrage Ă  la catĂ©gorie Young Adulte.

L’histoire passĂ©e comme prĂ©sente, installe avec trop de lenteur un fade suspens qui ne prend de l’ampleur qu’au dernier quart du livre de près de 400 pages. J’ai presque failli le lâcher mais je reste clĂ©mente pour un premier roman, et je remercie le site Netgalley et aux Ă©ditions Hugo thriller (#NousĂ©tionslesreines #NetGalleyFrance)

ROMAN CHORAL

Un roman choral avec beaucoup de personnages secondaires.

La multitude personnages qui anime le roman n’a pas suffi à sauver mon ennui, éprouvé à plusieurs reprises. Des détails sans intérêt et/ou des répétitions à outrance pour caractériser la psychologie précise de chaque personnage finissent par rendre la lecture insipide.

L’éventail de personnages est assez bien trouvé.

Le choix de l’auteure de prĂ©senter Amb et Sully comme les pires du groupe, du cĂ´tĂ© de la morale est calculĂ©. La versatilitĂ© d’Amb est justifiĂ©e avec un peu de facilitĂ© sous le prĂ©texte d’une trahison amoureuse non pansĂ©e. La redoutable Sully, une fille malsaine et cynique, subjugue et obnubile tel un gourou envoutant les plus fragiles : elle incarne les mauvaises frĂ©quentations. Et Amb tombe dans ses mailles pour une relation malsaine. Avec manipulation, ou simplement persuasion, Sully dĂ©bauche celles sur lesquelles elle peut exercer une aura pour exercer un pouvoir sur les hommes par le sexe. Sa caricature de la mauvaise fille Ă  fuir reste le cauchemar des parents pour la frĂ©quentation de leur fille.

Le personnage de Flora, le plus abouti Ă  mon sens, reprĂ©sente la fille parfaite qui a tout pour elle. De quoi l’envier. En plus, sa gentillesse Ă´te toutes les raisons de lui faire des reproches. L’amie toujours prĂ©sente si besoin ne juge jamais quiconque mĂŞme si sa pudibonderie dĂ©sapprouve les entorses Ă  sa morale. Sans divulgâcher le dĂ©nouement, c’est une victime sur toute la longueur. Quant aux personnages secondaires, leur apparition, pas assez approfondie et trop dispersĂ©e, n’apportent rien. MĂŞme les prĂ©sences de Kevin et Adrian ne procurent pas de relief.

INTRIGUE ROMANTIQUE

Difficile de cataloguer ce roman car loin d’ĂŞtre un thriller, l’intrigue est poussive et tourne autour d’une relation amoureuse manquĂ©e, des amours contrariĂ©s par l’entremise de manipulations et jalousie.

Seul le soupçonneux Feltry qui rôde inopportunément autour de l’héroïne connote le roman de policier, mais n’apporte pas grand-chose au récit. L’idée d’un suicide provoqué est une idée de base originale, mais sa façon dont elle est amenée ici m’a déçue. Ajoutée avec l’évocation d’un crime déguisé en suicide est un peu floue selon moi, car tout a été balayé sur quelques pages.

On est noyés dans des ambiguïtés et les questions suggérées. En fait, le sujet est scabreux : pourquoi finalement se rend-elle au week-end ? Pourquoi analyse-t-elle le caractère de Sully ? Tout est confus selon moi. Amb se décrit elle-même comme une fille paumée, influencée par la méchante Sully, mais quelque chose cloche dans sa narration et son personnage. Toute l’ambiguïté du livre et du final repose peut-être sur ce postulat.

Pour enrichir les références dans un thème similaire (week-end de retrouvailles), je rapprocherai ce livre également le premier ouvrage d’un auteur.

Citation

p. 208

Peut-ĂŞtre que nos combats Ă©taient simplement inverses. Je me battais pour donner l’impression de n’avoir aucun dĂ©faut. Elle se battait pour que les gens remarquent ses dĂ©fauts, sous son vernis de perfection.Â