Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💜💜💜 SOUS LES DECOMBRES de Mechild Borrmann

RESUME

Editions Le Masque
02/2019
280 pages
Casser des cailloux, chercher des vieux métaux, aller au marché noir. Le jeune Hanno Dietz, 14 ans, se bat pour survivre avec sa famille dans les ruines du Hambourg de l’après-guerre. L’Allemagne subit le terrible hiver 1946-1947, marqué par plusieurs mois de froid intense. Un jour, Hanno découvre dans les décombres le cadavre d’une femme nue et, non loin de là, un garçonnet d’environ trois ans. Le petit est recueilli par la famille Dietz qui le prénomme Joost. Des mois durant, l’enfant ne parle pas. Hanno ne dit rien non plus de sa macabre découverte. Mais l’image de la femme morte le hante.
Des années plus tard, Joost, devenu un architecte renommé, débarque dans l’Uckermark pour restaurer un domaine. Il y fait la connaissance d’Anna Meerbaum, dont la mère a passé sa jeunesse au domaine et refuse d’en parler, tout comme elle refuse d’évoquer leur fuite de la zone soviétique en 1946. Le hasard mettra Anna et Joost sur la piste d’un crime qui a marqué pour toujours l’histoire de leurs deux familles.

MON AVIS

Mes remerciements vont naturellement au site Netgalley et les éditions du Masque pour la découverte de cet auteur passionnant dans ses récits sur des trames historiques. Ici, un crime de l’après-guerre commis dans l’Allemagne de l’Est ressurgit en 1992 quand Anna Meerbaum fait des recherches sur sa famille. En parallèle des chapitres dédiés à l’avancée des recherches d’Anna, d’autres nous ramènent à Hambourg ou à Uckermark entre 1945 et 1947 et nous aident à comprendre le mécanisme qui s’est alors joué.

ROMAN HISTORIQUE

Une jolie fresque pour illustrer un pan de l’Histoire quant à la mise en place de la politique du rideau de fer et sa suppression des décennies plus tard. Une intrigue fondée sur des bases réelles, autour d’une famille dans la tourmente enrichit le suspens.

Les Anquist

Dans les années 90, la veuve Clara Meerbaum, née Anquist devenue âgée vit à Cologne. Avant la guerre, les Anquist, des notables fortunés sont propriétaires d’un grand domaine à Uckermann, où travaillent et vivent des employés. Or, à la fin de la Seconde Guerre, l’Allemagne de l’Est passée sous l’égide des Russes et du régime soviétique réduisait à néant toute garantie de possession privée. Alors le patriarche, Heinrich Anquist et sa fille Clara avaient eu les moyens de s’exiler en Amérique du Sud pour fuir le régime. Après plusieurs années Clara avait opté pour Cologne et retour en Europe, pour l’avenir de sa fille Anna alors qu’elle était encore enfant.

Les Dietz

A quelques kilomètres de là, à Hambourg, la famille Dietz se débrouille comme elle peut pour vivre. La mère, Agnès touche un salaire pour « casser des cailloux » et perçoit des subsides supplémentaires des travaux de couture. Elle élève seule ses deux enfants depuis que son mari a disparu depuis 1942. La pénurie de l’après-guerre fait rage et le marché noir constitue la base de l’approvisionnement quotidien.

Hanno, le dégourdi fils aîné fouille sans relâche dans les décombres en vue de dégoter quelque broutille à négocier contre nourriture et chauffage. Or, dans une grange abandonnée, Hanno trouve un petit garçon traumatisé aux côtés d’une femme presque nue. La scène laisse supposer un drame mais Hanno tait les circonstances de la découverte de l’enfant. La famille Dietz l’accueillera et le prénommeront « Joost ».

LA PERESTROIKA DANS LES ANNEES 90

Après la chute du Mur de Berlin, dans les années 90, de nouvelles perspectives s’ouvrent pour ces deux familles.

Anna, la fille de Clara, alors adulte, animée d’une très forte curiosité à propos de ses racines familiales retrouve les traces du domaine dirigée par son grand-père avant la mainmise des russes. Sans comprendre l’opposition farouche de sa mère à raviver des souvenirs, Anna s’entête à connaître les lieux malgré tout. Sur place, de nouvelles questions surgissent lors de sa rencontre avec Josef un ancien employé de la famille. Elle y découvre l’existence d’un oncle, d’une tante et de cousins qui seraient partis en Amérique avec sa mère et son grand-père… Or, sa mère et son grand-père ne les a jamais évoqués.

Pour comprendre, Anna va se mettre en contact avec Joost, qui, devenu architecte est chargé de la réhabilitation du domaine des Anquist. Chacun s’enquiert d’une Vérité qui les concerne plus ou moins directement.

UNE ENQUETE CONTEPORAINE

L’aide de Clara étant exclue, Anna va rechercher seule ses origines.

Finalement, des vies parallèles qui se recoupent et on s’attache à tous les personnages de cette époque troublée. Clara Anquist nous sidère de courage et de volonté face à la violences commises par les russes pour défendre sa famille. La débâcle financière ne l’a pas anéantie, au contraire, l’a propulsée en chef de famille responsable. Le récit des tragiques efforts des Anquist pour s’enfuir émeut le lecteur jusqu’à la dernière ligne.

Une belle illustration de l’Histoire mêlée à une intrigue digne d’un fait divers ahurissant avec beaucoup d’émotions à la clé. Je défie le lecteur de ne pas s’émouvoir devant les découvertes de Joost et Anna.

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