Chroniques régulières sur des livres, présentations de nouveaux auteurs

💚💚💚💚VIVRE VITE de Brigitte Giraud

Résumé : un accident fatal

couverture livre
Flammarion
10/22

Et SI… la fatalité résultait d’un concours de circonstances prédestinées  ?

Il est des fatalités qui nous entraînent malgré nousRousseauHél. I, 57.

Comme pour s’absoudre d’un sentiment de culpabilité, Brigitte Giraud, confesse sa part de responsabilité indirecte dans l’accident fatal de son compagnon.

La narratrice et son compagnon Claude venaient d’acquérir la maison tant recherchée pour concrétiser leurs projets familiaux. Mais, sur son trajet quotidien, Claude meurt brutalement d’un banal accident de moto dans le centre de Lyon. Une perte du contrôle de quelques secondes a provoqué le dérapage de leur vie.
Pétrifiée de culpabilité, V. Giraud, auteure renommée, a dû analyser ce choc pendant vingt ans avant de pouvoir le coucher sur papier. En disséquant une rétrospective des décisions antérieures au drame, elle en déduit sa part de responsabilité dans le décès de Claude avec sa propre obstination dans le choix déterminé de leur future habitation.

Mon avis 

Ce roman autobiographique primé par l’Académie Goncourt témoigne de la brutalité des conséquences en cascade d’une seule décision. Comme pour s’absoudre d’un sentiment de culpabilité, Brigitte Giraud, y confesse sa responsabilité indirecte dans la mort de son compagnon. Elle partage ainsi son humanité poignante. À l’instar des proches de victimes dans cette situation dramatique, elle se repasse sans cesse le film des événements antérieurs. Et les regrets de décisions prises, de hasards malencontreux ou d’appels manqués fusent avec des sous-titres en voix off telles que « j’aurais dû », ou « si… »…
Ici, la vingtaine de chapitres reprend le cheminement jusqu’au jour fatidique. Chacun détaille les moments clés qui ont conduit Claude ce jour-là sur cette route, sur cette moto. D’une écriture fluide avec des mots simples mais explicites, des chapitres courts retranscrivent avec réalisme la violence de la brusquerie dudit accident.

Et alors, de ces coups du destin en général, nombre de questions vont rester sans réponse à tout jamais.
Par exemple, pour Virginie Giraud, pourquoi Claude d’une nature si raisonnable a-t-il pris le risque d’emprunter cette moto, un engin de la mort, renommée pour sa dangerosité folle ?

On comprend les vingt années de distance pour parvenir à coucher ces lignes. On peut lui souhaiter que ses pages fassent office de pansements pour sa douleur morale. Le livre se lit vite, mais marque les esprits, car il invite à la réflexion sur la fatalité. Peut-on échapper à son destin ? Et le cours de ces pensées m’a incitée à affiner l’étymologie du mot « accident ».

xiie siècle. Emprunté du latin accidens, participe présent substantivé de accidere, « tomber vers, sur, arriver par hasard ».

Si vous avez apprécié ma chronique, abonnez vous à la newsletter pour m’encourager. Merci !